Le gaslighting : une forme d'abus émotionnel dissimulé

Le gaslighting : une forme d'abus émotionnel dissimulé

Dernière mise à jour : 22 mai, 2017

Avez-vous déjà entendu parler du Gaslighting ? Pour savoir de quoi il s’agit, prenons un exemple. Vous vous êtes sûrement déjà retrouvé-e dans une situation où on vous assure que vous avez dit quelque chose, et vous ne vous souvenez pourtant pas l’avoir dit. Vous fouillez dans votre mémoire et vous en concluez que, non, vraiment, vous ne l’avez pas dit. Vous êtes convaincu-e d’avoir raison.

Cependant, la personne affirme que vous l’avez dit et elle le fait avec tant d’assurance que vous finissez par lui donner raison. Vous finissez par croire que vous l’avez peut-être dit, même si vous ne vous en souvenez plus. Il est possible que vous soyez une victime du Gaslighting.

“Si le mensonge ou la mauvaise foi s’introduisent dans le processus de communication, il y aura de la manipulation, qui peut être réciproque.”

-Albert Jacquard-

Ce phénomène a commencé à être détecté dans les années 1960. Et même s’il se présente aussi dans les situations professionnelles et familiales, il est plus commun dans les relations de couple. Il se définit comme l’acte de manipulation répétitif qu’une personne exerce sur une autre. Son objectif principal est de miner la sécurité de la victime, pour qu’elle perçoive la réalité de manière déformée.

Le Gaslighting a pour objectif de désorienter la victime

Le Gaslighting est une forme délibérée de mensonge, qui a pour objectif de désorienter la victime pour obtenir quelque chose d’elle.

C’est une forme d’abus psychologique, caractérisée par sa subtilité. La violence intervient très rarement mais l’intimidation est très forte. Ainsi, il est très difficile à détecter. De plus, le/la manipulateur-trice est souvent quelqu’un qui semble “digne de confiance”, aimable et avec qui on entretient un lien de proximité.

Voici un exemple typique de Gaslighting : quand l’un des membres du couple cherche à nier son infidélité. La victime peut affirmer qu’elle l’a entendu flirter avec quelqu’un au téléphone. Le/la manipulateur-trice sait que c’est faux mais s’en défend, avec une assurance telle qu’on y croit. Son conjoint est alors complètement désorienté et accepte qu’il a confondu le flirt avec la gentillesse.

Celui/Celle qui manipule peut même ajouter qu’iel a vu son/sa partenaire très stressé-e dernièrement. Un stress supposé qui ne lui donne pas le droit de douter de lui/d’elle. Grâce à cette attitude, iel va semer la graine du doute chez la victime. Cette pratique est bien plus fréquente que ce que nous imaginons. Dans des cas récurrents et extrêmes, la victime finit par croire qu’elle devient folle.

Nous pourrions tomber dans l’erreur de penser que c’est une situation comique et que nous ne tomberions jamais dans une forme de manipulation aussi ridicule. Cependant, nous oublions que cette situation se présente dans des relations qui impliquent nos émotions. De fait, dans ce type de relations, ce sont des mécanismes complexes de projection et d’introjection qui opèrent.

Caractéristiques du Gaslighting

En termes généraux, la victime du Gaslighting est souvent une personne méfiante, qui trouve quelqu’un de confiance, en apparence. Le/La manipulateur-trice n’est pas sûr-e de lui-même, mais est obsédé-e par l’exercice du contrôle sur les autres. Iel a l’air tout à fait gentil-le et dit qu’iel recherche le bien-être de l’autre. Mais ce n’est qu’une mascarade. La victime finit par idéaliser cette personne. Et le terrain est prêt pour appliquer le Gaslighting.

Quand cette forme de manipulation émotionnelle est maintenue pendant de longues périodes, elle a des conséquences profondément négatives sur la victime. Le plus inquiétant, sans aucun doute, est la soumission de cette victime à la “réalité” imposée par le/la manipulateur-trice. Le Gaslighting provoque aussi que l’abusé-e choisisse de s’approprier les conflits de son abuseur-se.

Le Gaslighting suit un modèle qui se classe en trois étapes. Pendant la première, la victime oppose une résistance argumentative et réfute les affirmations du/de la manipulateur-trice. Pendant ce temps, le/la harceleur-se essaie de la convaincre de comment penser et ressentir. De fait, dans certains cas, iels s’embarquent ensemble dans des discussions ou des disputes de plusieurs heures. Finalement, rien de très concret n’émerge, mis à part une grande usure mentale.

Pendant la deuxième phase, la victime s’efforce d’avoir un esprit ouvert pour pouvoir mieux comprendre le point de vue de l’autre. Cependant, puisqu’il n’y a pas de réciprocité, elle commence à douter de ses certitudes. La troisième étape se configure comme un état de confusion dans lequel l’opinion de la victime disparaît et où elle pense que ce que le bourreau affirme est vrai : c’est la normalité et donc la réalité.

Aspects à connaître

Il y a des caractéristiques de la personnalité qui prédisposent certains individus à devenir des victimes potentielles du Gaslighting. La carence en affection est l’une d’entre elles. La victime potentielle voit dans le/la manipulateur-trice un-e sauveur-se et l’idéalise. Cette réaction fait que la victime interprète les avances du/de la manipulateur-trice comme de véritables preuves d’amour. Elle sent que le/la manipulateur-trice, au moins au début, lui accorde de l’attention.

Une personne qui a besoin d’avoir raison est plus encline à souffrir de ce type d’abus. Cette situation se présente lorsqu’on parle de points de vue subjectifs et que les arguments de la future victime perdent en solidité au fur et à mesure des confrontations et de la fatigue qui en résulte. Pour finir, le besoin d’être reconnu-e des autres joue un rôle décisif. Dans ce cas, tout est servi sur un plateau en argent pour le/la manipulateur-trice, qui ne perdra pas de temps et profitera de cette fragilité.

Pour ne pas tomber dans ce type de relations toxiques, il est fondamental de garder quelques conseils à l’esprit. La première chose, c’est qu’il faut rester alerte à toute manifestation qui questionne vos croyances et qui déséquilibre votre confiance en vous. Ne tombez pas dans l’engrenage des discussions trop compliquées, c’est-à-dire, qui ne font qu’alimenter des points de vue subjectifs et ne mènent nulle part.

Finalement, essayez de renforcer vos positions avec des arguments solides, pour qu’ils deviennent des convictions, VOS convictions. De plus, ne permettez pas aux autres de remettre en cause votre manière de penser ou de sentir. Sachez que c’est le bouillon de culture idéale pour quiconque souhaite vous manipuler.

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Image principale de “Gaslight”, George Cukor, 1944


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