Familles sacrificielles, lorsque l'affection rembourse les sacrifices
Rédigé et vérifié par Psychologue Raquel Aldana
Les familles sacrificielles sont celles qui éduquent dans le “devoir de se sacrifier” pour leurs autres membres, celles qui cultivent chez leurs membres la nécessité de mettre de côté leurs propres désirs et leurs besoins au profit du bien-être familial, que ce soit de manière collective ou individuelle.
Leurs principes relationnels obéissent à une maxime qui peut principalement être résumée dans “se sacrifier signifie être accepté-e” ou, en d’autres termes, prioriser les besoins des autres pour ne pas être le mouton noir. L’affection professée et les avantages accordés sous forme de considération en dépendent, convertissant la vie en “une chaîne continue d’obligations”.
Nous observons généralement que les parents réalisent les principaux sacrifices, sont les martyrs, étant guidés dans leur comportement par le précepte selon lequel “le plaisir principal est avant tout celui des enfants”. Autrement dit, que les besoins manifestés par ces derniers sont le fil conducteur de l’éducation.
À mesure que la famille grandit et vieillit, cette “obligation” devient l’héritage des descendant-e-s, faisant alors de ces dernier-ère-s les responsables de la famille par l’acceptation de toutes sortes de privations et de renonciations pour le bien commun.
Lorsque les parents restent les sacrificateurs
Lorsque les parents restent les sacrificateurs, les enfants peuvent se sentir libres de développer une vision différente de la vie. Par conséquent, ils se rebellent en pensée, par les mots et dans le travail, en essayant de donner une perspective plus saine à la relation.
Ainsi, comme l’affirme Giorgio Nardone, avec leurs préoccupations encore inachevées, les enfants “les exhortent à davantage s’amuser, à sortir, à voyager, mais les parents répondent que s’ils veulent continuer à être habillés à la mode, à poursuivre leurs études, à avoir leur propre voiture, etc., ils (les parents) doivent continuer à se sacrifier et à cesser de faire beaucoup de choses”.
Nous voyons que le point central de leur vision du monde et de la famille tend principalement à maintenir une condescendance permanente quant aux besoins et aux désirs des autres. Ceci est considéré comme fondamental pour assurer la stabilité et l’acceptation de l’autre.
D’autres modèles de la famille sacrificielle peuvent être établis à partir du modèle “altruistes fous/folles” et “égoïstes fous/folles”, où les un-e-s apprécient les sacrifices des autres. Dans ces hypothèses, chaque membre de la famille joue un rôle, activant la carte du sacrifice pour dominer la relation.
Il existe d’autres combinaisons possibles qui peuvent également être très perturbatrices, telles que celles mettant en oeuvre des concours de sacrifice afin d’atteindre des objectifs externes (acheter une maison, par exemple), créant par la même un alibi parfait pour ne pas vivre le plaisir du moment. Le but : augmenter les jouissances futures.
Comme nous le verrons plus loin, indépendamment de l’origine du couple qui constituera la famille, le modèle relationnel qui en découle est vraiment négatif. Il en est ainsi car cela nuit à l’amour propre et à la construction d’une estime personnelle saine parmi les membres de la famille.
“Sacrifice” et “devoir”, des mots qui façonnent un mode de vie
Dans les cas les plus significatifs nous constatons que les mots “sacrifice” et “devoir” créent une empReinte déterminante dans la philosophie de vie. Lorsque “l’altruiste fou” est le parent, il génère l’obligation de “prendre ce qu’il donne” pour “l’égoïste insensé” (fils). Ainsi, comme l’affirme Nardone :
“Les rapports sont souvent asymétriques et celui qui se sacrifie, quoique apparemment humble et soumis, se trouve dans une position de force car il obtient une position de supériorité grâce à ses renoncements, faisant que les autres se sentent en permanence coupables ou redevables. Cela crée un jeu familier qui repose sur un système de débits et de crédits, assortis de glissements vers le chantage moral “.
Ceci se traduit par une sorte de modèle de personnalité soumettant la personne, générant une usure immense. Dans certains cas, la personne élevée dans un tel environnement présentera des difficultés à se satisfaire de ce jeu de réciprocités, car en apprenant à laisser périr ses désirs pour les autres, peu de choses seront en mesure de lui apporter le réconfort dont elle a besoin.
Dès lors, il est fréquent d’entendre des répliques telles que “tu ne comprends pas mon sacrifice, si je ne le faisais pas …” , supposant en outre une attitude de victime principale. La vie de ces personnes se transforme en de véritables obsèques, confinée dans l’obligation d’enterrer leurs propres intérêts et leur vie.
Pour les enfants qui adoptent ce modèle de famille sacrificielle, l’héritage émotionnel est empreint de contrariété, d’incapacité de jouir du présent, d’appropriation de rêves qui ne sont pas les leur, de désespoir et de difficulté pour gérer des compétences qui leurs sont propres afin de sortir de cette situation.
D’autres personnes cherchent désespérément à échapper à l’atmosphère familiale étouffante dans laquelle les obligations, le chantage et l’inquiétude atténuent leurs propres besoins. D’autres recherchent sans cesse le changement, d’autres apprennent à vivre avec, etc.
Quoi qu’il en soit, identifier ces modèles de relation dans les familles sacrificielles est essentiel pour réaliser un pas vers la croissance personnelle et ré-élaborer ses propres priorités. Quelque chose que, sans conteste possible, nous devrions reconsidérer tous les jours.
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