Face au mal-être ou à la déception : le temps et les nouvelles chaussures

Face au mal-être ou à la déception : le temps et les nouvelles chaussures

Dernière mise à jour : 18 août, 2017

Il n’y a aucun moment difficile qui ne se guérit pas avec un temps déterminé et une bonne paire de chaussures. Car toute disparition, déception ou triste amertume ne se résolvent pas uniquement avec l’attente ou en restant dans le même trou noir, celui qui, tôt ou tard, finira par exploser. Les peines se dégagent quand on marche, quand on tourne des pages et que l’on met de la distance en adoptant cette posture émotionnelle : celle de l’amour propre.

William Gibson, célèbre écrivain de science fiction, disait que le temps va dans un sens, vers l’avant, mais les personnes sont souvent tristes et prisonnières de leur mémoire. Ainsi, ce passé où rien de nouveau n’arrive ne fait que nous envelopper de ce parfum d’apathie, de caducité et d’opportunités perdues.

“Les deux guerriers les plus puissants sont la patience et le temps.”

-Léon Tolstoï-

D’une certaine manière, c’est ainsi que nous restons coincé-e-s dans nos propres filets, après une déception ou un mauvais coup du destin. Là où le moral, les envies et les forces retombent, même si nous continuons à nous lever chaque matin, même si nous bougeons de par le monde comme des automates à la peau rouillée à cause des larmes qui coulent à l’intérieur. C’est dans cette situation qu’il nous manque quelqu’un, plein de bonne volonté, qui nous dise : “Ne t’inquiète pas, car le temps guérit tout.”

Mais, ce n’est pas aussi simple. Car quiconque est blessé n’avance pas, quiconque reste coincé dans la colère, dans les racines de l’amertume et dans le voile du ressentiment reste enfermé dans une dimension parallèle, où trois, six mois ou même un an peuvent passer sans qu’il ne se passe rien.

Ainsi, il faut toujours garder à l’esprit que le temps en soi ne guérit pas. Ce qui guérit, c’est que l’on fait pendant le passage de ce temps.

Les dieux du temps Chronos, Kairos et Aiôn

Quand une personne affronte un moment difficile, que ce soit une perte ou n’importe quelle croisade à laquelle personne n’est jamais préparé, elle imagine que le deuil, au bout des trois mois conventionnels, s’atténuera, calmera ses doutes. Qu’elle parviendra à nouveau à se sentir forte émotionnellement. Mais cette formule ne fonctionne pas toujours, car quiconque croit que le propre dieu du temps passera sur nous pour effacer toutes les peines dans un grand acte d’altruisme se trompe.

Ce qui est intéressant, cependant, c’est de se souvenir qu’en réalité, il n’existe pas un dieu du temps, mais trois. Chronos est le plus connu de nous tous. Il représente le temps extérieur et uniforme, avec son passé et son futur, celui que l’on peut mesurer en observant le mouvement des astres ou simplement en nous concentrant sur le tic-tac de nos horloges. D’autre part, Aiôn symbolise la durée de la vie, un parcours formé de plusieurs cycles.

Cependant, celui qui nous intéresse vraiment au niveau psychologique et en termes d’épanouissement personnel, c’est le jeune dieu Kairos. C’est lui qui se trouve au milieu des deux autres. Il représente l’opportunité, c’est lui qui nous invite à vivre dans le moment présent, en nous rappelant que chacun-e d’entre nous est fait de qualités, de défauts, de capacités et de valeurs déterminées, mais aussi que même si nous serons toujours les mêmes, nous serons jamais exactement pareil-le-s qu’avant : car nous sommes obligé-e-s d’avancer, de guérir et d’accepter chaque jour de nouveaux apprentissages.

Ainsi, il n’est jamais trop tard, dans le quotidien, pour apprendre à concevoir le temps de manière plus sûre, intégrante et même thérapeutique. Il s’agit seulement de comprendre que Chronos et Kairos vont toujours main dans la main : le temps et les opportunités de guérison et de croissance surviennent régulièrement et il faut savoir en profiter.

Voici un exemple : les récifs de corail qui s’étendent sur les côtes de Floride. Leur seule opportunité de continuer à pousser et de freiner leur extinction survient sept jours après la pleine lune d’août : c’est alors qu’ils commencent à pondre, juste au coucher du soleil. Un instant magique unique, un moment d’opportunité sans précédent dans l’année.

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Mes chaussures m’emmèneront là où mon esprit voudra aller

Comme tout aspect de la vie, dépasser un deuil ou une difficulté, demande d’endosser une attitude active, un regard attentif et une claire volonté d’aller de l’avant, de continuer à grandir comme ces récifs de corail qui, chaque année, luttent contre la menace de leur propre extinction.

“Le temps change tout, sauf quelque chose en nous qui est toujours surpris par le changement.”

-Thomas Hardy-

Il faut se souvenir aussi que pour aller au-delà de sa propre peur et de cette amertume qui nous fait souvent échouer comme des bateaux d’un autre temps, qui se transforment en fantômes de l’océan, il est important de savoir où se trouvent nos chaussures. Ces chaussures à la semelle résiliente, celles où l’amour propre, la dignité et les rêves renouvelés agissent comme des forces intérieures pour sauter tout obstacle, pour traverser des ponts, pour gravir des montagnes et pour éviter toutes les pierres qui entravent souvent notre chemin.

Pour conclure, n’hésitez pas à faire du temps votre meilleur moteur de changement, ce souffle grâce auquel grandir en profitant de chaque opportunité pendant que vos pieds, votre attitude et votre sourire sans dates de péremption vous mène là où vous le souhaitez et là où vous méritez. C’est là que poussent les plus jolis récifs de corail.

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Images de Lucy Campbell


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