Existe-t-il une addiction à WhatsApp?

Existe-t-il une addiction à WhatsApp?
Francisco Pérez

Rédigé et vérifié par Psychologue Francisco Pérez.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Addiction au jeux en ligne. A WhatsApp. A Instagram. Au cybersexe… L e 21ème siècle est incontestablement caractérisé par des comportements addictifs, répétitifs, générateurs  de tolérance. Il s’agit d’un phénomène en plein essor et d’autres nouvelles addictions, notamment liées à la technologie, apparaîtrons probablement  dans les années à venir.

Ce phénomène s’explique par le fait que tout comportement agréable, par pur renforcement intrinsèque, tend à se répéter. Il est donc susceptible de devenir un comportement addictif. Cela ne se produit néanmoins que lorsque la personne montre une perte habituelle de contrôle lors de la réalisation d’un certain comportement. Elle  maintient en outre ledit comportement malgré les conséquences négatives. Ceci se produit dans le cadre de l’addiction à WhatsApp.

Il est important de se rappeler que les composants fondamentaux des troubles addictifs sont la perte de contrôle et la dépendance. Les addictions ne se limitent donc pas aux comportements générés par les substances chimiques.

Il existe en effet des habitudes de comportement apparemment inoffensives qui peuvent devenir addictives. Il en va ainsi avec l’utilisation des nouvelles technologies. Leur utilisation répétitive et prioritaire peut littéralement détruire la vie des personnes affectées.

addiction à WhatsApp

L’utilisation de WhatsApp

WhatsApp Inc. a été fondée en 2009 par Jan Koum. Jam était venu de l’Ukraine aux États-Unis au début des années 1990. Il parlait très peu l’anglais. Il avait auparavant été directeur de l’équipe des opérations de la plate-forme Yahoo!

Cette application est rapidement devenue une machine à générer des utilisateurs. Ces derniers  dépassent déjà le nombre de 1.000 millions. Les serveurs de WhatsApp n’ont donc désormais plus de répit. Ils véhiculent chaque jour 42 000 millions de messages écrits. 1600 millions de photos et plus de 250 millions de vidéos sont envoyées quotidiennement par WhatsApp. Ces données nous donnent ainsi une idée de son succès, et du puissant outil qu’il est devenu aujourd’hui.

Les dépendances psychologiques

La dépendance aux drogues se réfère généralement aux substances chimiques. Nous disposons  néanmoins de suffisamment d’expérience clinique aujourd’hui pour pouvoir parler de dépendance psychologique. Il en va ainsi de l’addiction à WhatsApp.

Il n’est pas exagéré de souligner que certains comportements, tels que le jeu pathologique, la dépendance aux réseaux sociaux, à la nourriture, etc., peuvent être considérés comme des addictions. La personne montre une forte dépendance psychologique envers ces comportements. Elle agit dès lors avec anxiété et impulsivité. Elle  perd en outre son intérêt pour tout autre type d’activités enrichissantes. Lesquelles sont reléguées au second plan. La personne s’en trouve par conséquent prisonnière.

T outes sortes de personnes utilisent aujourd’hui WhatsApp à chaque instant. Peu importe où nous nous trouvons. WhatsApp, comme les autres applications mobiles, est utilisé partout et à tout moment. Sa disponibilité est  en effet immédiate et son utilisation très enrichissante. Ceci nous donne une idée de son pouvoir addictif.

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Quelle est la séquence de l’addiction à WhatsApp ?

Comme dans toute autre addiction psychologique, la séquence que les utilisateurs de WhatsApp suivent pour devenir dépendant à l’application est la suivante :

  • L’utilisation de WhatsApp est agréable et enrichissante pour la personne. Ceci est logique si nous tenons compte des caractéristiques de l’application.
  • Il existe une augmentation des réflexions relatives à l’utilisation de WhatsApp à des moments où la personne n’est pas impliquée dans ce comportement.
  • L’utilisation de WhatsApp tend à devenir de plus en plus fréquente. La personne perd son intérêt pour d’autres activités auparavant agréables (lire, écouter de la musique, faire du sport, etc.).
  • La personne tend à minimiser l’intérêt suscité par l’utilisation de WhatsApp (nous appelons cela mécanisme psychologique de déni).
  • Il existe un désir périodique intense d’utiliser WhatsApp. La personne a de très grandes attentes quant au soulagement du mal-être qui sera ressenti après l’utilisation de l’application.
  • Le comportement est maintenu malgré les conséquences négatives croissantes. Il existe une justification personnelle et une tentative de convaincre les autres à travers une distorsion accentuée de la réalité.
  • La personne dépendante commence à prendre conscience de la réalité à mesure qu’augmentent les effets néfastes de l’utilisation de WhatsApp. Elle effectue donc des tentatives ratées pour contrôler le comportement par elle-même.
  • Le comportement se maintien non pas en raison de l’effet agréable mais car il soulage le mal-être. Ce soulagement devient chaque fois moins intense et de plus courte durée.
  • La personne voit sa capacité d’endurance face aux émotions négatives et aux frustrations quotidiennes diminuer. Par conséquent, les stratégies d’adaptation s’appauvrissent. Le comportement addictif de l’utilisation de WhatsApp devient ainsi la seule façon de gérer le stress.
  • L’utilisation de WhatsApp s’aggrave. Une crise externe, comme une rupture avec un conjoint, amène la personne ou la famille à solliciter un traitement.

Les conséquences de l’addiction à WhatsApp

L’utilisation de WhatsApp devient par conséquent automatique. Son utilisation est émotionnellement activée, avec peu de contrôle de la part de la personne dépendante. La personne perçoit seulement les avantages de la satisfaction immédiate. Elle ne remarque cependant pas les possibles conséquences négatives à long terme.

Il existe deux conséquences négatives principales de l’addiction à WhatsApp. L’une d’elles est l’isolement de l’environnement. L’autre est de ne pas prêter attention aux autres aspects sociaux. Tels que les obligations professionnelles ou académiques. Les relations affectives s’en trouvent donc détériorées. La vie de couple peut même être mise en danger.

Comme nous pouvons le constater, il existe, outre les addictions physiologiques (tabac, alcool, cocaïne, etc.), des addictions psychologiques. L’addiction à WhatsApp est l’une d’entre elles. Les effets de l’usage compulsif de cette application peuvent être très néfastes socialement pour ceux qui en souffrent. En effet, ils restreignent et détériorent la vie sociale des personnes.

 


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