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Evitez la fusion des Moi

6 minutes
Nous vous présentons deux théories dans le domaine de la psychologie sur le soi ou le Moi/les Moi qui tentent d'expliquer comment la fusion avec un guide du Moi ou avec un rôle joué peut nous mener vers des réactions affectives plus dysfonctionnelles.
Alicia Escaño Hidalgo

Rédigé et vérifié par Psychologue Alicia Escaño Hidalgo

Dernière mise à jour : 13 février, 2023

De nombreuses théories en psychologie sociale ont tenté de définir le Moi, ou les Moi. Depuis Williams James à la fin du XIXe siècle, qui distinguait le “Moi” comme objet de l’expérience et le “Moi” en tant qu’observateur, jusqu’au psychoanalyste le plus orthodoxe. Le Moi est cette partie auto-référentielle de notre être. Il suppose le sens de notre identité. Ainsi, il dépend du fait que nous nous voyons comme les héros de nos expériences de vie. Il faut cependant éviter la fusion des Moi.

Bien que l’être humain ait une essence unique, il n’est pas conformé par un seul Moi. À l’intérieur de sa personne, il existe une multitude de rôles et de facettes, les Moi présents, passés et futurs. Une bonne manière de maintenir une estime de soi optimale est d’être conscients qu’il existe tous ces rôles.

Il faut les valoriser, les accepter mais ne pas fusionner avec ceux-ci. La non-fusion implique que la personne comprenne qu’aucun d’entre eux ne commence et ne complète leur définition à la fois.

Cela signifie que si, dans ma vie, en raison de plusieurs expériences, l’un de mes rôles représentés se voit diminuer dans un sens, je n’ai pas à me sentir complètement malheureux. Le reste des Moi, qui n’ont pas été abîmés, peuvent compenser en grande partie cette douleur.

Néanmoins, si j’ai une fusion trop importante avec l’un de mes Moi et que je me retrouve dans une circonstance perturbatrice pour ce rôle, tout mon self se verra menacé. Il sera ainsi plus compliqué pour moi de fonctionner au quotidien. Voici quelques théories qui ont vu le jour en psychologie. Elles s’intéressent à la définition du Moi et de sa relation avec l’affect et l’estime de soi.

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La théorie de l’auto-divergence des Moi (Higgins)

La théorie de l’auto-divergence de Higgins se concentre sur le sujet des Moi en tant que guides du self. Cet auteur affirme que le Moi n’est pas un concept unitaire. Ainsi, pour définir les différents composants du Moi, il se réfère à deux paramètres :  les domaines du Moi et les points de vue du Moi. Dans ce dernier, nous trouvons la perspective de la personne sur elle-même.

Dans la théorie de l’auto-divergence, nous pouvons trouver différents domaines du Moi en fonction de notre point de vue et de celui des autres. Ceux-ci seraient : le Moi réel (ce que je suis), le Moi idéal (ce que j’aimerais être), le Moi que je devrais être, le Moi potentiel (ce que je pourrais devenir) et le Moi futur ou ce que je pense devenir.

Le Moi réel pour Higgins serait la base de notre concept de soi. C’est ce que nous savons de nous-mêmes ainsi que savent les autres.

L’estime de soi se maintiendra toujours optimale si et seulement s’il n’existe pas de trop grande divergence entre les Moi. En outre, si nous y prêtons plus attention ou si nous fusionnons plus avec un Moi qu’avec un autre, il est probable que nous expérimentions certaines émotions.

Par exemple, si je ressens une fusion avec mon Moi qui devrait être plus pertinent, si une circonstance quelconque vient à le tronquer, je me sentirais trop coupable. Si je suis obsédé par mon Moi idéal et que je ne parviens pas à atteindre les objectifs qui me guidaient jusqu’à lui, je peux finir par me frustrer.

Les guides du Moi sont positives et nous aident à grandir dans la vie. En revanche, il ne faut pas trop s’attacher à l’un d’elles, afin de maintenir un concept de soi optimal : le Moi réel.

La théorie de l’autocomplexité des moi (Linville)

Linville a formué un modèle qui met en relation la multiciplicité du moi ou l’autcomplexité avec la variabilité affective. Elle comporte quatre hypothèses.

La première affirme que le moi est représenté d’une manière cognitive en termes de nombreux aspects. Ces aspects dépendent en partie du nombre de rôles sociaux qu’une personne a dans sa vie. Elle peut par exemple être à la fois épouse, mère et avocate. Ils dépendent également :

  • Du type de relations interpersonnelles qu’elle établit : de collègues, de rivalité, de soutien et maternelles)
  • Des activités qu’elle réalise (jouer au Mus, nager, écrire)
  • Des traits de personnalité supraordonnés (ambitieuse, créatrice)

Chacun de ses aspects du moi organise un ensemble de propositions et de caractéristiques sur soi-même :

  • Traits de personnalité
  • Caractéristiques physiques
  • Compétences
  • Préférences
  • Objectifs
  • Souvenirs autobiographiques.

Ainsi, les aspects du Moi diffèrent entre eux dans la mesure où ils englobent des ensembles différents de caractéristiques.

Par ailleurs, Linville définit l’autocomplexité en fonction de deux éléments : le nombre d’aspects du Moi et le degré de différenciation entre lesdits aspects. Les personnes hautes en autocomplexité organisent la connaissance d’elles-mêmes en termes d’un plus grand nombre d’aspects du Moi. Elles maintiennent également des distinctions entre ceux-ci.

Dans ce sens, il est normal que nous nous sentions bien avec certains rôles que nous exerçons et pas autant avec d’autres. Par exemple, une personne peut se sentir fière d’elle en tant que mère mais avoir honte de son implication dans son rôle d’employée.

Si je maintiens une haute autocomplexité, autrement dit, de nombreux Moi bien différenciés, mes réactions affectives seront moins extrêmes, lorsque l’un de mes Moi sera “puni”. Ce qui me touche comme mère ne doit pas avoir d’influence sur moi en tant qu’employée, que fille, que soeur ou qu’amie.

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Conclusion

Il est sain que tout au long de notre existence, nous maintenions certains guides du Moi. C’était ce que proposait Higgins. Ces guides nous permettent de nous fixer des défis ou des objectifs vitaux. Ils nous aident également à maintenir la cohérence et à travailler pour ce que l’on veut devenir et ce que l’on pense que l’on mérite. Par ailleurs, tel que l’affirmait Linville, il est désirable d’avoir plusieurs Moi sans pour autant passer par la fusion. Cela permet de maintenir une haute autocomplexité.

Pour protéger l’estime de soi, tout comme une humeur stable, il serait pertinent d’être conscient de tous les Moi que l’on possède. Il faudrait travailler à les maintenir et à les améliorer mais sans être défini par l’un ou l’autre eux.

Ainsi, les hauts et les bas de la vie nous affecteraient beaucoup moins. Il s’agit de ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier. Autrement dit de ne pas réaliser une fusion de tous les Moi. Quoi qu’il se passe qui pourrait affecter l’un de nos rôles, il y aura toujours un Moi qui demeurera intact. Celui-ci pourra atténuer les conséquences sur l’humeur et l’estime de soi. Selon Linville : “la haute autocomplexité vous protège dans les mauvais moments mais permet aussi de vous faire garder les pieds sur terre dans les bons moments”.

 

 


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  • Morales, F.(1994). Psicología Social. Madrid: McGraw-Hill.

 


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