Etes-vous tombé un jour dans le piège du Messie ?
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Si le degré d’implication d’une personne qui met en place une attitude empathique pour les autres est excessif (que cela soit par intensité ou par fréquence), la personne concernée court le risque de tomber dans ce que certains auteurs appellent le piège du Messie : aimer et aider les autres en oubliant de s’aimer et de s’aider soi-même.
Le piège du Messie s’alimente chez les personnes qui s’impliquent excessivement dans la souffrance des autres, sous la devise : « si je ne le fais pas, qui le fera ». En fait, si nous prenons uniquement en compte les points de vue, désirs et émotions des autres, la cohabitation deviendra tout à fait inéquitable.
Depuis ce point de vue, il ne faut pas confondre le fait de se mettre à la place des autres et le fait de s’installer à la place de l’autre. D’une certaine manière ; ce voyage empathique est nécessaire pour comprendre l’autre, mais il peut aussi être réellement dangereux lorsque nous restons piégés dans l’autre.
Les personnes qui sont convaincues que les besoins des autres doivent toujours passer avant les leurs laissent les autres conditionner leurs propres actions en ne prenant plus soin d’elles-mêmes. Le problème est que ce manque de soin personnelle ne peut pas être remplacé par le soin que les autres peuvent apporter ou alors ils devront apporter une quantité d’attention très élevée afin de pouvoir combler la carence. C’est quelque chose qui se produit très rarement.
« Nous n’avons pas autant besoin de l’aide des autres que de la confiance en cette aide. »
S’oublier pour prendre soin des autres
Pour les personnes qui sont tombées dans le piège du Messie, prendre soin des autres se convertit en l’unique manière d’offrir de l’amour. Personne ne leur impose de prendre soin des autres. Ils ont pour habitude de s’intégrer très bien avec les personnes qui cherchent ou qui ont besoin d’attention, en tombant dans des relations personnelles déséquilibrées et en alimentant ainsi des dépendances.
Le moment où notre vie commence à être la dernière chose pour laquelle nous portons attention car nous sommes toujours raccrochés à la vie des autres, est celui à partir duquel nous commençons à faire face à des situations de véritable conflit intérieur, en ressentant une confusion, un agacement constant, et dans certains cas même des états de dépression en raison de l’impossibilité de tout gérer.
Pour ne pas tomber dans ces états émotionnels négatifs, il est bon de se rappeler que les besoins des autres doivent premièrement être couverts par eux-mêmes et que même s’il n’y a rien de mal dans le fait d’aider les autres ; ils doivent d’abord y parvenir eux-mêmes car c’est de leur responsabilité. De plus, si nous voulons offrir une vraie aide, il est fondamental de prendre soin de nous-mêmes car d’une autre manière, nous n’aurons pas la force nécessaire pour être réellement utiles.
Chaque fois que nous nous oublions, en cessant de faire quelque chose qui nous plaît pour faire quelque chose qui plaît aux autres, nous ravivons des sentiments de culpabilité ou de souffrance. Qu’est ce qui nous pousse à être toujours dépendants des besoins de ceux qui nous entourent ? Amour, peur du rejet, besoin de nous réaffirmer ou d’être reconnus, sentiment de culpabilité… ?
Essayer de bien s’entendre avec tout le monde, faire passer en priorité les idées des autres aux nôtres, réaliser des faveurs que nous ne souhaitons pas faire car nous avons une bonne raison de ne pas les réaliser, ne jamais demander d’aide aux autres pour ne pas déranger, prendre soin des autres mais pas de nous ; sont des comportements qui se manifestent lorsque nous prenons soin des autres par crainte, par sentiment de culpabilité ou par besoin de reconnaissance. C’est à ce moment que nous tombons dans le « piège du Messie », en prenant le risque de souffrir d’une douleur considérable dans notre propre chute.
Enseignement bouddhiste sur le piège du Messie
Un moine de la doctrine bouddhiste de l’amour et de la compassion pour les autres êtres, tomba, au cours de son pèlerinage, sur une lionne blessée et affamée, si faible qu’elle ne pouvait même pas se lever. Autour d’elle, des lionceaux tout juste nés gémissaient en tentant d’extraire une goutte de lait de ses tétons. Le moine comprit parfaitement la douleur et l’impuissance de la lionne, pas pour elle-même mais pour ses lionceaux. Donc il décida de s’allonger auprès d’elle en se laissant dévorer et en leur sauver ainsi la vie.
L’histoire bouddhiste montre avec clarté le risque de l’implication excessive dans la souffrance d’autrui dans les relations interpersonnelles. Un risque visible dans la grande charge que supportent les personnes qui regardent rarement dans leur intérieur et laissent de côté leurs propres demandes d’aide. Ces personnes sont livrées mais blessées, prêtes à donner tout l’amour et à ne rien garder pour elles, jusqu’à ce que ce vide finisse peu à peu par les ronger, sans savoir comment bien identifier ce qui les fait souffrir.
« Aidez vos semblables à supporter leur charge, mais ne vous considérez par obligés de l’emmener. »
-Pythagore-
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