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Est-il vrai que nous tombons amoureux de notre psychothérapeute ?

4 minutes
En thérapie, non seulement des sentiments et des émotions très profonds sont partagés, mais on a souvent tendance à idéaliser la relation professionnelle avec le psychothérapeute. Il peut arriver qu'il soit perçu comme une personne intègre, compréhensive, comme un guide et porteur de bons sentiments et d'espoirs.
Est-il vrai que nous tombons amoureux de notre psychothérapeute ?
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Écrit par Edith Sánchez
Dernière mise à jour : 09 novembre, 2022

Parfois, le psychothérapeute est la première personne qui traite quelqu’un avec respect et considération. Ne pensez pas que c’est une exagération. Nombre de  personnes présentent des déficiences émotionnelles et ne bénéficient pas de l’amour de ceux qui les entourent.

Lorsqu’elles n’ont pas été maltraités, elles ressentirent du rejet, de l’indifférence et de l’abandon. Cela s’applique non seulement à ceux qui passèrent leurs premières années dans un hospice, mais aussi à ceux qui semblent avoir un chez-soi ou qui furent apparemment choyés.

Un lien complexe s’établit avec le psychothérapeute. Il peut devenir la personne en qui vous avez le plus confiance, qui vous connaît le mieux, qui vous comprend et vous accepte le mieux. Mais ce n’est pas quelqu’un qui fait partie de votre vie. De plus, la rencontre que vous avez avec lui repose sur la nécessité d’un traitement professionnel de votre mal-être ou souffrance.

“Pour la plupart des personnes, le problème de l’amour consiste fondamentalement à être aimé, et non à aimer, non à sa propre capacité d’aimer”

-Erich Fromm-

La chose habituelle est que votre psychothérapeute suscite de nombreux sentiments en vous. Parmi eux, bien sûr, un coup de cœur apparent. Cependant, d’après certaines approches, c’est une partie importante de la guérison. C’est aussi le contraire, surtout chez les psychologues mal formés : ils tombent amoureux ou développent des sentiments envers leurs patients.

Le psychothérapeute, une figure énigmatique

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Le lien d’un patient avec son psychothérapeute n’est pas symétrique. Cela signifie qu’il est variable. Vous allez le consulter car vous avez besoin de mettre sur la table vos souffrances et vos malaises les plus intimes. Au lieu de cela, il doit restreindre les informations qu’il donne sur lui -même. Il doit également maintenir une position d’une certaine neutralité face à ce que vous lui confiez.

Cette asymétrie garantit le maintien du lien thérapeutique. Cela provoque aussi une série de fantasmes chez les patients. Vous ne savez jamais qui est votre psychothérapeute, vous pouvez donc lui accorder les plus grandes vertus du monde.

Celui qui est avec vous lors d’une séance n’est pas vraiment la personne, mais le professionnel. Mais vous l’oubliez facilement. Il peut donc sembler être la personne la plus avisée du monde, celle qui répond parfaitement à vos attentes.

Vous oubliez que, dans une large mesure, le succès de votre thérapie dépend du fait que le psychothérapeute ne réagisse pas à vos paroles ou à vos attitudes. Peut-être que dans la vie ordinaire il le ferait. Mais dans l’espace thérapeutique, il adopte une position différente, écoutant dans certaines approches ou guidant dans d’autres, mais essayant d’agir en tant que professionnel et non en tant que pair.

Le psychothérapeute peut aussi vous inspirer de la haine, de la pitié, de la peur, du rejet, de la méfiance, de la surprise… Bref, toutes sortes de sensations ou d’émotions. Mais cela dépend plus de ce que vous avez en vous, que de ce que fait ou dit le professionnel.

Tomber amoureux, un sentiment diffus

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L’un des premiers à déceler ce genre d’engouement des patients envers le psychothérapeute fut Sigmund Freud. Le père de la psychanalyse remarqua qu’après une période de traitement, ses patients commençaient à lui montrer des signes d’attirance amoureuse.

Freud se rendit également compte que ce n’était pas seulement vrai pour lui mais aussi pour ses collègues. Il se plongea alors dans ce phénomène et conçut un nouveau concept pour le comprendre. Il l’appelait : « transfert d’amour ».

C’est un phénomène par lequel le patient transfère les affections qu’il éprouve pour les autres vers la figure du psychothérapeute.

En termes plus simples, le patient revit les affections que sa mère, son père ou d’autres personnages pertinents suscitèrent ou éveillèrent en lui, mais cette fois, il concentre ces affections sur le psychothérapeute. Vous n’en êtes pas conscient, cela arrive tout simplement.

L’attitude du professionnel et la réponse du patient

Le professionnel peut être calme et immobile et, par conséquent, un patient l’accuse d’indolence, tandis qu’un autre apprécie son silence. Pour le premier, la passivité du professionnel lui rappelle une mère lointaine et dans le processus thérapeutique ce conflit est présent. Le second, en revanche, transfère inconsciemment à son psychothérapeute l’angoisse générée par un père qui ne le laisse jamais parler.

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Ce ne sont là que deux exemples, mais ils ont en commun le fait que la figure du psychothérapeute devient un objet vers lequel se dirigent les conflits non résolus des patients. D’une manière générale, c’est la raison pour laquelle il y a souvent une idéalisation et une chute amoureuse envers le psychothérapeute.

C’est une question qui devrait se traiter pendant les séances, directement et sans fioritures. De même, chaque patient doit savoir que s’il tombe amoureux de son psychothérapeute et qu’il lui rend la pareille, ce qui triompha n’est probablement pas la force de l’amour, mais la maladie ou le malaise que provoqua la consultation.

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  • Lacan, J. (1960). La transferencia. Editorial Paidós, 413.
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