Connaissez-vous une personne très séductrice et influençable ? (Le trouble de la personnalité histrionique)

Connaissez-vous une personne très séductrice et influençable ? (Le trouble de la personnalité histrionique)

Dernière mise à jour : 29 août, 2017

Une personne atteinte du trouble de la personnalité histrionique est caractérisée par un modèle de tendances cognitives, comportementales et émotionnelles, parmi lesquelles on trouve des comportements séducteurs, de dramatisation, le fait d’être hautement influençable et une importante instabilité émotionnelle. De plus, qui souffre du trouble de la personnalité histrionique génère, à court terme, un magnétisme qui attire le reste des personnes. La personnalité histrionique est donc observée chez les individus qui sont séducteurs, qui cherchent toujours à attirer l’attention des autres et qui sont très influençables. Ils montrent aussi des sentiments intenses, exagèrent l’importance des événements et donnent l’impression qu’ils sont constamment en train de jouer au théâtre.

Le trouble de la personnalité histrionique au cinéma : “Diamants sur canapé”

Si vous avez vu le film “Diamants sur canapé” ( Breakfast at Tiffany’s , Blake Edwards, 1961) et que vous vous souvenez du personnage de Holly Golightly (interprété par Audrey Hepburn), vous pouvez voir qu’elle est atteinte de ce trouble. C’est une femme qui veut devenir actrice, qui a une vie effrénée et extravagante, et qui est également hautement influençable. Elle tombe amoureuse et se laisse convaincre par les hommes qu’elle rencontre sur son chemin, et fait de sa vie une pièce de théâtre.

Ici, nous allons essayer d’expliquer, de manière à ce que tout le monde comprenne, comment identifier un trouble de la personnalité histrionique, quelles en seraient les causes et quelle est l’approche thérapeutique qui a le plus de succès.

Quelle différence entre un trouble de la personnalité et une manière d’être ?

On considère qu’il s’agit d’un trouble psychologique et non pas d’une “manière d’être”, car il s’agit d’un style de personnalité qui affecte gravement la personne qui le vit, ainsi que son entourage. Les personnes les plus proches de celleux qui souffrent d’un trouble de la personnalité souffrent beaucoup car il s’agit d’une condition psycho-pathologique égosyntonique, ce qui signifie que qui la vit, la considère comme “normale”. Le trouble est donc intégré dans la structure psychologique de la personne et c’est quelque chose qu’elle vit comme une partie d’elle-même ou du “self”.

À la différence d’un trouble de l’anxiété ou d’un trouble obsessionnel compulsif, qui est vécu comme quelque chose d’étranger qui envahit la personne et qui a un point de départ (troubles égodystoniques), les troubles de la personnalité commencent à se développer avant l’adolescence, petit à petit. Et qui en souffre ne le perçoit pas comme un phénomène étranger à soi.

“Le curieux paradoxe, c’est que quand je m’accepte moi-même, je peux changer.”

-Carl Rogers-

Les troubles de la personnalité sont aussi caractérisés par un fort degré de perturbation, de problèmes et de conflits entraînés dans le contexte social le plus proche. À la différence d’une “manière d’être”, qui peut être flexible relativement rapidement grâce à des séances thérapeutiques, les troubles de la personnalité sont particulièrement résistants au traitement. De plus, les personnes qui ont un trouble de la personnalité évitent d’aller chez les psychologues car elles perçoivent que “cela a toujours été ainsi” et que “leurs problèmes sont de la faute des autres.”

Comment le trouble de la personnalité histrionique se diagnostique-t-il ?

Pour diagnostiquer un trouble mental, les critères les plus fréquents en psychiatrie et en psychologie sont établies par l’Association Américaine de Psychologie (APA). Aujourd’hui, le terme proposé par l’APA dans le Manuel de Diagnostic Statistique des Troubles Mentaux DSM-5 est celui de “trouble de la personnalité histrionique”. Selon l’APA, ce trouble appartient au groupe B des troubles de la personnalité, qui sont caractérisés par la labilité émotionnelle, la dramatisation et l’extraversion.

Critères de diagnostic : apprenez comment identifier un trouble de la personnalité histrionique

Vous pouvez connaître plusieurs personnes qui correspondent à cette description : elles dramatisent, elles séduisent et sont très influençables. Mais cela ne signifie pas qu’elles souffrent de ce trouble. Pour pouvoir dire qu’une personne est atteinte de trouble de la personnalité histrionique, il faut que quatre critères ci-dessous soient effectifs :

  • Elle se sent mal à l’aise dans des situations où elle n’est pas le centre de l’attention.
  • L’interaction avec les autres est souvent caractérisée par un comportement sexuellement séducteur ou provocateur inapproprié.
  • Elle présente des changements rapides et a une expression plate des sentiments.
  • Elle utilise l’aspect physique pour attirer l’attention en permanence.
  • Elle a une manière de parler qui se base excessivement sur les impressions et qui manque de détails.
  • Elle montre de l’auto-dramatisation, de la théâtralité et de l’expression exagérée.
  • Elle est suggestible, c’est-à-dire qu’elle est facilement influençable par les autres ou par les circonstances.
  • Elle considère que les relations sont plus étroites que ce qu’elles sont en réalité.

En plus de devoir correspondre à quatre des critères mentionnés, il est nécessaire que ceux-ci existent dès la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte pour pouvoir établir le diagnostic du trouble de la personnalité histrionique. Quand on ne remplit pas quatre critères, on peut seulement dire qu’il s’agit d’une personne avec un modèle, un profil ou un style de personnalité histrionique.

Comment se développe un trouble de la personnalité histrionique ?

Tout comme la plupart des troubles psychopathologiques, le trouble de la personnalité histrionique est multi-factoriel. Cela implique que les facteurs sont divers et que chez la plupart des individus, il existe une vulnérabilité (biologique, psychologique, sociale) qui interagit avec l’environnement (apprentissage, éducation, consommation de drogues, relations affectives) et tout cela finit par déclencher un trouble.

Cependant, à la différence d’autres troubles psychologiques qui peuvent avoir un facteur déclenchant très distinctif et identifiable, par exemple une période d’anxiété continue qui dérive en une crise de panique ou une perte de travail qui se transforme en dépression, dans les troubles de la personnalité, il n’y a pas de facteur déclencheur de la psychopathologie.

Traitement du trouble de la personnalité histrionique

Le traitement avec la thérapie cognitivo-comportementale

Avec ce modèle de traitement, on emploie différentes techniques comme la gestion des impulsions, l’intelligence émotionnelle, l’amélioration des schémas de pensées et le travail sur les déformations cognitives. Les principaux objectifs du traitement sont :

  • Contrecarrer son style de pensée global et diffus.
  • Distinguer les fantasmes de la réalité.
  • Être plus réaliste dans les attributions cause-effet.
  • Avoir une meilleure maîtrise sur ses comportements impulsifs.
  • Améliorer l’image que l’on a de soi.
  • Augmenter les capacités psychologiques inter et intra-personnelles.

L’entraînement des capacités sociales et l’assertivité est basique pour l’amélioration du trouble car il s’agit de personnes qui sont habituées à manipuler avec des crises émotionnelles, des plaintes et d’autres attitudes non assertives (plutôt agressives) dans leurs relations.

Une part importante de la thérapie psychologique se consacre à aider le patient à identifier ce qu’il veut, ce qu’il ressent, ce qui le gêne et comment l’exprimer de manière adaptée. Cet entraînement à l’assertivité travaille aussi la croyance que la perte d’une relation serait quelque chose de désastreux, afin de dé-catastropher l’idée de rejet.

Même s’il s’agit d’un trouble qui est cliniquement compliqué, l’amélioration de ces patients n’est pas impossible. La thérapie est un chemin fondamental, il permet aux personnes atteintes de ce trouble de se libérer de la grande souffrance générée par cette pathologie. De plus, cela leur permet de reconnaître et d’accepter la souffrance que leur trouble provoque dans leur environnement le plus proche, en les aidant réparer les “dommages provoqués” et à gagner en qualité de vie.

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