Carl Jung et comment rester calme quand la vie est stressante

La vie, comme nous le disait Carl Jung, est un paradoxe constant. Elle peut aller de la souffrance la plus absolue à la joie pure. Par conséquent, pour faire face à ces hauts et ces bas, nous devons accepter le chaos inhérent qui définit notre existence. Maintenant, comment y parvenir ?

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 08 avril, 2023

Wolfgang Pauli fut l’un des pionniers de l’étude de la physique quantique. Il remporta le prix Nobel pour proposer la théorie du principe d’exclusion et établit les études sur le neutrino. On pourrait dire qu’il était l’un des esprits les plus brillants du 20e siècle dans le domaine de la physique, mais sa vie personnelle et émotionnelle était un véritable chaos. Pour cette raison, en 1932, il  commença une thérapie avec Carl Jung.

Cette rencontre, qui débuta pour des raisons cliniques, fit place à l’une des amitiés les plus uniques et les plus productives du monde de la psychologie et de la science. Arthur I. Miller, dans le livre Deciphering the Cosmic Number ( 2009), nous raconte en détail nombre de ces rencontres dans le manoir gothique de Jung sur les rives du lac de Zurich.

Une chose pour laquelle Carl Jung était connu était précisément d’aider les gens à prendre leur monde intérieur au sérieux. Car peu importe à quel point on est brillant si seul le découragement habite notre univers intérieur. Son objectif était de guider ses patients et amis pour qu’ils comprennent que nous pouvons tous sortir des fosses les plus sombres grâce à des directives très précises…

Comment rester calme lorsque l’angoisse nous submerge

Pour enquêter sur les raisons pour lesquelles le lauréat du prix Nobel Wolfgang Pauli demanda de l’aide à Carl Jung, nous pouvons consulter un autre livre : Atom and Archetype : The Pauli/Jung Letters, 1932-1958. Ce travail recueille l’échange de lettres entre les deux personnages. Pauli traversait une période très stressante qui l’amena à boire et à rompre bon nombre de ses relations. Il souffrait également de cauchemars très turbulents.

Carl Jung l’a non seulement guidé pour sortir de ce gouffre de souffrance et d’angoisse, mais le physicien et le psychologue forgèrent également un lien intellectuel très productif. À tel point qu’il donna forme à des théories aussi intéressantes que le concept de synchronicité, l’étude des événements acausaux et des coïncidences significatives.

Nous nous intéresseront néanmoins ici à savoir comment le père de la psychologie analytique guidait ses patients pour qu’ils restent calmes dans les périodes turbulentes. Celles dans lesquelles surgit parfois le pire de nous-mêmes. Voici les clés que nous devons prendre en compte:

1. Acceptez le chaos comme faisant partie de la vie

Certaines de nos plus grandes difficultés en tant qu’êtres humains sont d’accepter les éléments, l’adversité et le stress vital. Jung lui-même fit remarquer un jour que ” pour beaucoup d’entre nous, moi y compris, le chaos est terrifiant et paralysant”. Il n’est pas facile de supposer que nous n’avons pas toujours le contrôle sur notre avenir ou que demain aura le même équilibre qu’aujourd’hui.

Comprenons que l’imprévisible et le chaotique sont des ingrédients de l’existence elle-même. Résister à ces fluctuations ne fera qu’augmenter le stress et l’anxiété. Ayons confiance que ces puits soudains qui apparaissent sur notre chemin ne sont que des moments ponctuels, des nuages d’orage qui, tôt ou tard, se dissiperont.

De plus, lorsque nous regarderons en arrière et découvrirons tout ce que nous avons surmonté. Nous trouverons alors un sens à notre propre existence. Il y a un certain ordre au milieu de ce qui nous paraît, à première vue, chaotique et désordonné.

2. Soignez votre perception lors de l’interprétation de chaque événement

Dans le livre Selected Letters de CG Jung, on découvre la correspondance que le psychiatre suisse entretenait avec ses patients. L’un d’eux lui demanda, métaphoriquement, comment “traverser le fleuve de la vie “. Ce à quoi Jung a répondu qu’en réalité, il n’y a pas de bonne façon de vivre, les gens vivant comme ils peuvent. Avec ce que, dans chaque circonstance, nous apporte le destin.

Pour garder le calme les jours d’angoisse, il recommandait de prêter attention à la façon dont on interprète chaque expérience. Et c’est là qu’intervient le vrai problème. Parce que beaucoup d’entre nous naviguons sur ce fleuve vital avec des zones non guéries et refoulées. Lorsque nous nous laissons emporter par l’inertie de nos pulsions et de notre ombre, la vie se remplit d’obstacles plus grands. Nous nous noyons dans les eaux du jour le jour…

Nous avons besoin de mettre de la lumière dans notre ombre -comme dirait Jung-, afin de reprendre confiance en nous et ainsi percevoir les choses telles qu’elles sont et non à travers le prisme de la peur.

3. Ne vous laissez pas emporter, rappelez-vous qui vous voulez être

Pour rester serein en ces jours d’instabilité et de pression infinie, regardons à l’intérieur et pas tant ce qui nous entoure. C’est là où résident toutes les vérités, là où dorment nos forces. Comme Jung l’a écrit dans une de ses lettres, “si vous voulez suivre votre chemin individuel, rappelez-vous qu’il n’est jamais prescrit et qu’il surgit tout seul lorsque vous mettez un pied devant l’autre”.

L’individuation est un concept clé chez Jung. Il définit la capacité à construire une psyché forte et indépendante, à découvrir qui nous sommes et à être des êtres créatifs. C’est un autre objectif sur lequel nous devons travailler à chaque fois que nous faisons un pas de plus. Nous sommes ce que nous faisons de notre quotidien et non ce que nous étions dans le passé.

Gardons à l’esprit que nous sommes des créatures conscientes d’elles-mêmes avec un grand potentiel, qui doivent se souvenir de leurs essences pour rester calmes quand tout semble aller mal.

4. Imagination active pour réduire l’anxiété

Carl Jung souligna que la névrose disparaîtrait si nous développions une personnalité plus large et plus libre. Nous devenons tellement obsédés par l’intégration, la recherche de réputation et d’acceptation qu’une partie de nous finit par tomber malade. Nous devons donner de l’oxygène à l’esprit, le rendre plus flexible, ce qui nous permettra d’avoir des perspectives plus larges.

Pour cela, Jung inventa le terme d’imagination active pour entrer en contact avec un moi plus spontané, ludique et surtout créatif. Des activités comme l’art sous toutes ses formes, ainsi que la médiation, sont des pratiques que le psychiatre suisse avait l’habitude de préconiser. Ils ne font pas que réduire le stress. Ils nous permettent de découvrir de nouvelles parcelles psychologiques de soi.

Pour conclure, si nous traversons des moments dominés par l’inconfort et le stress, ces ressources de réflexion peuvent nous être utiles. L’héritage de Carl Jung ne se démode jamais.

Cela pourrait vous intéresser …