Il s’agit peut-être de la raison pour laquelle les enfants sont éduqués dans l’idée que pleurer est synonyme d’immaturité. Qu’il sera toujours préférable d’avaler la tristesse . Nous leur disons que ceux qui se mettent en colère et qui réagissent à ce qu’ils n’aiment pas ou ne considèrent pas comme juste manquent d’éducation . Nous leur disons souvent de rire doucement parce que celui qui rit à haute voix est pris pour un fou ; que les émotions, notamment leur manifestation, sont synonymes de faiblesse et non d’un potentiel qu’il convient de savoir comprendre et de tirer parti.
Les être humains sentent parce qu’ils existent. Telle est la simple réalité. Un sentiment, une émotion nous donne la vie et le réprimer nous l’ôte peu à peu. Cacher nos émotions est une façon de nous faire du mal. En effet, ce sont ces univers internes qui en réalité orientent nos désirs , nos besoins, afin que nous sachions comment réagir dans chaque situation.
Les émotions et leurs buts
Nous pourrions dire que nous venons tous au monde avec un potentiel incroyable pour être heureux . Cette idée n’est pas fausse. Elle présente néanmoins de délicates nuances qu’il est important de prendre en considération. Notre génétique, ainsi que notre environnement social et familial nous prédisposent. Ceci établit souvent même les bases de notre potentiel à nous déplacer plus facilement sur cette balance habitée par les émotions telles que l’optimisme, la résilience, la joie …
Ainsi, une bonne partie de la souffrance émotionnelle que nous traînons parfois sans savoir pourquoi provient de cette structuration psychique et émotionnelle née dans les premières phases de notre cycle de vie. Nous sommes éduqués en fonction de normes et de connaissances, nous le savons. Mais ils nous enseignent également les émotions . Et c’est précisément ce dernier aspect, émotionnel, qui détermine en grande partie notre qualité de vie, notre potentiel humain.
Cette mauvaise gestion émotionnelle nous conduit souvent à déformer de nombreuses réalités internes. Nous pensons parfois, par exemple, qu’une émotion est comme une option présente dans un menu. Que nous pouvons les choisir ou les rejeter à notre guise en fonction de ce qui nous convient (-> aujourd’hui je me sent déçu mais je choisis de montrer de la joie). Ces dynamiques internes ne fonctionnent pas de la sorte. En effet, les émotions ne peuvent être différées. Elles ne meurent pas, elles se transforment : en maladies psychosomatiques et en mal-être.
Les émotions sont des impulsions, se sont des instincts avec un but et une finalité précises. Mettre de côté les émotions c’est fermer la porte à une réalité interne qui, bien comprise, gérée et orientée, nous permettrait d’investir dans le bien-être . Les occulter de façon permanente c’est, au contraire, donner forme à une marque de mal-être capable de déterminer les bases de divers troubles mentaux.
Cacher nos émotions n’est pas sain, apprenons à travailler sur notre bien-être
Cacher nos émotions a un coût énorme. Nous pouvons penser que les choses iront mieux. Mieux parce que personne ne ressent notre préoccupation. Parce que nous nous intégrons sans attirer l’attention, parce que rien ne change, parce que nous pouvons rester productif. Cependant … combien de temps pourrons-nous porter ce masque ?
Pensons qu’une émotion est de l’énergie. Il s’agit d’une impulsion interne qui a besoin d’expression et de mouvement . Si nous choisissons de cacher nos émotions, cette énergie est canalisée vers l’intérieur. Et quel en est le résultat ? Tension musculaire, problèmes gastro-intestinaux, maux de tête …
Comprenons également que plus une répression est forte, plus forte sera tôt ou tard l’expression émotionnelle . En fin de compte, toute émotion réprimée cherche un moyen de résolution, une porte de sortie. Et cela se manifeste parfois de la pire façon possible. Nous le voyons souvent lorsque nous enfermons une colère, une déception. Nous renversons finalement cette tension sur la mauvaise personne. Ou bien nous réagissons de façon disproportionnée : avec violence. Ce n’est pas la bonne solution.
Comment pouvons-nous gérer nos émotions ?
Nous savons déjà que la solution n’est pas de les réprimer. Nous ne devons pas les occulter ou agir comme si cette émotion n’était pas là. Cette énergie émotionnelle est là, elle survit et elle reste. La clé est donc de la laisser couler. Nous pouvons utiliser trois métaphores simples pour mieux comprendre comment gérer nos émotions.
Le puits. Si nous choisissons de laisser nos émotions dans un puits, nous tomberons malade. Toute eau stagnante finit par gâter, sent mauvais, se corrompt. Évitons donc cette image, la stratégie classique de cacher ces réalités internes.
Le tsunami. Si nous choisissons cette stratégie, nous finirons par nuire aux autres. Les émotions peuvent parfois être comme un cyclone, comme un tsunami. Elles se jettent sur les autres avec tant de colère et de dédain que nous perdons tous.
Le moulin. Un moulin permet à l’eau de bouger, de couler en harmonie et avec agilité. Le mouvement est doux et rien n’est contenu. Il y fait frais et rien ne stagne. Il s’agit de l’option la plus appropriée.
Il s’agirait par conséquent de savoir comment canaliser correctement chacune de nos émotions. Se mouvoir avec elle. Dire ce qui nous dérange lorsque cela ça nous dérange. Réagir lorsqu’il convient. Être assertif et agile face aux pressions quotidiennes . En substance, faire de nos émotions un parfait moteur d’harmonie pour nos vies et non cette pièce qui nous emprisonne et nous arrête.