Trouble d'excoriation : symptômes, causes et traitement
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
La relation entre les maladies de la peau et nos états émotionnels est souvent plus qu’évidente. Un exemple de ceci est le trouble d’excoriation ou dermatillomanie, qui correspond à un besoin incontrôlable de se gratter, de se pincer ou de s’enlever les croûtes d’acné afin de se provoquer d’authentiques et saisissantes lésions cutanées.
Nous n’avons peut-être jamais entendu parler de dermatillomanie. Il est possible en revanche que nous soyons diagnostiqués ou, peut-être, que nous appartenions à ce secteur de la population qui n’est pas encore pleinement conscient qu’elle souffre peut-être de ce trouble. Aussi étrange que cela puisse paraître, il s’agit d’un trouble relativement commun, un effet très souvent associé à la dépression, aux troubles anxieux ou aux troubles obsessionnels compulsifs (TOC).
S’il y a quelque chose d’évident, c’est le besoin pour les dermatologues de développer chez les patients ayant des excoriations psychogènes la capacité de voir au-delà de la peau.
De même, il est intéressant de savoir que la littérature médicale recueille depuis plus d’un siècle ce type de condition psychologique. Elle est apparu en 1875 sous le nom de “abrasion névrotique”. Plus tard, le dermatologue français Brocq décrivit le cas frappant d’un patient adolescent qui, presque de manière constante, se grattait les zones où il avait de l’acné au point de laisser son visage presque défiguré.
Il existe des cas extrêmes et nous trouvons des patients avec une symptomatologie plus légère où il est démontré une fois de plus qu’une large partie des problèmes dermatologiques ont une base psychiatrique qu’il convient de détecter et de traiter. Par conséquent, de nombreuses personnes réalisent souvent un long périple de traitements onéreux pour des affections cutanées sans que ne soit préalablement diagnostiqué la véritable racine du problème : un excès de stress, peut-être une forte anxiété ou peut-être une dépression cachée…
Voyons désormais plus en profondeur en quoi consiste le trouble d’excoriation.
Le trouble d’excoriation: qu’est-ce et qui affecte-t-il ?
Le trouble d’excoriation ou dermatillomanie apparaît dans le DSM-V (diagnostic manuel et statistiques des troubles mentaux) dans la section du trouble obsessionnel-compulsif et des troubles apparentés. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que nous faisons face à quelqu’un qui a constamment besoin de se gratter, de se pincer, de mordre ou de frotter de l’acné sans être capable de contrôler un tel comportement. Il l’exécute automatiquement, avec persistance.
“Certains experts considèrent le trouble d’excoriation comme un type de dépendance, un besoin incontrôlable de gratter cette région du corps où un défaut est perçu. Quoi qu’il en soit, il est clair que nous faisons face à un état psychiatrique, un comportement où le patient ne voit pas qu’il se porte préjudice, qu’il se génère des blessures qui conduisent à des infections et qui défigurent progressivement son image.”
Qui cela affecte-t-il ?
Les données ne cessent d’être frappantes : il est estimé que le trouble d’excoriation touche 9% de la population. Il touche les deux sexes mais tend néanmoins à apparaître plus fréquemment chez les femmes. En outre, l’âge auquel ce trouble manifeste habituellement se situe entre 30 et 45 ans.
Pourquoi ce comportement est-il mis en oeuvre ?
A l’heure actuelle la dermatillomanie n’est toujours pas comprise en profondeur. L’une des hypothèses est que se gratter la peau engendre un état de calme ou sert à canaliser le stress, l’anxiété, les pensées négatives, les peurs, les frustrations… Cependant, une telle pratique se fait de manière automatique, au point qu’elle peut être mise en oeuvre pendant que la personne lit, étudie, regarde la télévision, etc.
Il est par ailleurs fréquent que le trouble d’excoriation soit accompagné d’autres types de troubles psychiatriques:
- Anxiété généralisée
- Troubles de l’alimentation
- Traumatismes de l’enfance associés à l’abus sexuel.
- Dépression
En outre, il convient de prendre en considération le fait que dans 40% des cas il existe une composante génétique. En d’autre termes que ce trouble présente un schéma héréditaire très semblable à celui de la trichotillomanie.
Traitement du trouble d’excoriation
Il est possible que de nombreuses personnes y voient une simple manie, quelque chose d’anodin et même d’innocent. Il est toutefois nécessaire de souligner à nouveau que nous sommes confrontés à un trouble psychiatrique où le comportement, apparemment innocent du patient, finit par causer des blessures graves. Certaines personnes utilisent leurs ongles ou leurs dents, d’autres finissent par utiliser une pince à épiler ou même des aiguilles. Et le but (le besoin) est toujours le même, enlever la peau.
La stratégie thérapeutique à mettre en oeuvre dans ces cas, comme nous pouvons le déduire, est multidisciplinaire.
- D’une part, un traitement dermatologique sera effectué pour soigner ces plaies cutanées.
- De même, et une fois qu’un diagnostic adéquat sera réalisé, des thérapies pharmacologiques et non pharmacologiques seront appliquées pour aborder l’aspect psycho-émotionnel du patient.
- La thérapie cognitivo-comportementale, par exemple, est la plus efficace dans ces hypothèses.
- D’autre part, l’efficacité des traitements pharmacologiques basés sur les antidépresseurs, les antipsychotiques et les anxiolytiques a également été démontrée. Cependant,leur administration dépendra évidemment des caractéristiques personnelles de chaque patient.
En tant que curiosité : des gants pour les personnes souffrant d’un trouble d’excoriation ont été commercialisés ces dernières années. Il s’agit d’un complément quotidien simple à travers lequel le patient peut canaliser l’envie, et grâce auquel il peut se divertir en touchant les ornements incorporés dans la laine elle-même.
Il s’agit là d’un simple exemple de la façon dont, jour après jour, nous percevons davantage ce types de réalités psychologiques, ces complexités personnelles qui sont désormais mieux comprises et qui font l’objet de stratégies, de traitements et de thérapies plus efficaces.
Références bibliographiques
Arenas R. (2005) Dermatologie. Atlas, diagnostic et traitement. Mexique : McGraw-Hill; pp. 263-269.
Arnold L, M Auchenbach, McElroy S. (2001) Excoriation psychogène. Les caractéristiques cliniques, les critères de diagnostic proposés, l’épidémiologie et les approches de traitement. Médicaments du système nerveux central. 15 (5): 351-9.
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