TOC de pédophilie : symptômes et traitement

Cet article traite du trouble obsessionnel compulsif de pédophilie, une problématique peu connue généralement confondue avec une pathologie sexuelle. Nous expliquons en quoi il consiste, les types de tests impliqués, l'usage contre-productif de rituels, l'évitement et le renforcement négatif. Enfin, nous présentons le programme de traitement et les moyens de prévention.
TOC de pédophilie : symptômes et traitement

Dernière mise à jour : 27 juillet, 2022

Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est un trouble qui fait partie du large spectre des troubles de l’anxiété. Il se caractérise par la présence de pensées persistantes et intrusives -appelées obsessions- et de rituels ou compulsions dont l’objectif est d’éviter l’anxiété que ces pensées entraînent. Au sein de ce groupe, nous trouvons le TOC de pédophilie dont nous parlons aujourd’hui.

Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe une grande hétérogénéité en termes de types d’obsessions et de rituels mis en place. Il existe, par exemple, une catégorie de diagnostic au sein du spectre obsessionnel compulsif dans laquelle se rassemblent la trichotillomanie, le syndrome de Tourette et le trouble dysmorphique corporel.

Il existe également des obsessions sexuelles parmi lesquelles nous trouvons le TOC de pédophilie.Dans ce cas, l’individu souffre de pensées obsessionnelles liées à l’établissement de relations sexuelles avec des enfants ou la possibilité d’être attiré par eux.

L’aspect le plus caractéristique de cette maladie est l’absence d’excitation sexuelle ou d’activation pour les enfants en particulier. Par conséquent, le trouble est considéré comme un TOC de pédophilie dans lequel la possibilité et le doute d’être un pédophile sont insupportables pour la personne.

Ce doute conduit l’individu à établir des comportements, des compulsions et des rituels -généralement de vérification-, transformant sa vie en une réalité tortueuse et alambiquée. Approfondissons.

“Il existe une infinité de TOC puisqu’il existe une infinité de types de peurs.”

– R. Lafuente –

Un homme assis dans l'obscurité.

TOC : les types d’obsessions

Selon diverses études, les obsessions les plus fréquentes peuvent se regrouper en 5 grands groupes. Ce sont les suivants :

  • Idées de contamination
  • Besoin de vérification ou doute pathologique
  • Besoin d’ordre ou de symétrie
  • Agressives et sexuelles
  • Obsessions religieuses

On peut également en extraite les rituels ou les compulsions les plus courantes, directement liés aux obsessions précédemment décrites: rituels de nettoyage, d’ordre, de répétition, d’accumulation, de vérification et de compulsions mentales. En outre, des auteurs tels que Nardone et Portelli (2015) font référence à trois types de rituels compulsifs: préventif, propitiatoire et réparateur.

Le TOC de pédophilie

Le TOC de pédophilie est une sous-catégorie du TOC associé aux obsessions sexuelles. Il fait référence aux obsessions liées aux fantasmes sexuels ainsi qu’à l’orientation sexuelle. Ces individus expriment une préoccupation prépondérante pour l’idéation sexuelle et s’interrogent sur le sens et la moralité d’avoir ce type de pensées.

Ces pensées sexuelles répétitives et persistantes peuvent conduire la personne à souffrir d’affections secondaires. Par exemple : une mauvaise estime de soi, une réaction sexuelle inhibée, des sautes d’humeur, de la culpabilité ou de la répugnance pour soi-même.

Les thèmes centraux de ce type de TOC sont : l’homosexualité, le VIH et le sida, l’infidélité, les perversions sexuelles, l’inceste, la pédophilie et les pensées blasphématoires liées au sexe et à la religion.

La fusion pensée-action est particulièrement pertinente dans ce TOC (TAF, Rachman, 1993). Elle se définit comme un ensemble de biais cognitifs qui supposent des relations de causalité incorrectes entre les pensées et la réalité. Cela signifie que la personne croit que, grâce au simple fait d’avoir ces pensées, elles peuvent devenir réalité.

De plus, elle pense que ces pensées sont répréhensibles même si l’action n’a pas eu lieu. Les obsessions sexuelles qui se présentent chez ce type de personne sont à l’opposé des fantasmes de la population générale. Tandis que ces dernières sont source de plaisir, d’érotismes et sont inoffensives, dans le cas des individus souffrant de TOC, l’idéation sexuelle est désagréable.

Ils ne souhaitent pas passer à l’acte, mais désirent plutôt pouvoir éliminer ces pensées. Par ailleurs, ces pensées produisent rarement une excitation sexuelle.

Le doute cartésien dans le TOC sexuel

Les obsessions sexuelles sont souvent envisagées en termes hypothétiques : “J’ai des pensées répétitives sur deux hommes faisant l’amour, suis-je homosexuel ?” “Est-ce que penser à des enfants nus fait de moi un pédophile ?” “Vais-je attraper le VIH en masturbant une prostituée ?”

Etant donné qu’elles sont posées sous forme de question, il est difficile de réfuter ces idées. En effet, la recherche d’indices prouvant le contraire peut conduire à des rituels de vérification et un questionnement qui n’a pas de fin.

Bien qu’il soit peu probable que le contenu des obsessions devienne réalité, il existe néanmoins une certaine possibilité. Il est possible d’avoir contracté le VIH lors d’une relation avec une prostituée par exemple.

Par ailleurs, les obsessions sexuelles peuvent s’accompagner de compulsions. Dans ce cas, elles peuvent être comportementales ou purement cognitives. Comme, par exemple, compter des chiffres, répéter des mots “magiques” et débattre avec soi-même sur la validité de ces pensées intrusives.

Le plus caractéristique des conduites de vérification dans les TOC est qu’elles ne s’arrêtent pas une fois que l’élément a été vérifié. Il existe effectivement un besoin impérieux de vérifier tout le temps.

La vérification dans le TOC de pédophilie

Une compulsion typique dans le TOC de pédophilie consiste à rechercher des indices extérieurs qui prouvent que l’individu n’est pas un pédophile. Par conséquent, il peut passer 3 heures par jour à vérifier chaque fois qu’il s’est retrouvé seul avec un enfant sans ressentir de désir sexuel.

Il repassera en revue son histoire de vie pour se convaincre qu’il n’est pas sexuellement attiré par les enfants. Ces heures de vérification s’étendent probablement, passant de 3 à 7 heures jusqu’à ce qu’il se perde dans ses compulsions.

Par ailleurs, même si la personne pense à sa problématique, elle ne s’y expose généralement pas. Autrement dit, elle essaie d’éviter de fréquenter les enfants de ses amis, des élèves, ne traverse pas les parcs pour enfants, etc.

En effet, elle s’imagine que si elle se rendait à l’un de ces endroits, elle éprouverait une attirance sexuelle pour les enfants et préfère ne pas le faire. Elle évite la situation. Un évitement qui est renforcé par l’anxiété qu’elle cesse de ressentir lorsqu’elle n’est pas confrontée à la présence d’enfants. La conséquence de cet évitement aggrave le problème.

Un homme assis dans ses pensées.

EPR : le traitement du TOC de pédophilie

Le traitement le plus habituel est la combinaison de psychothérapie, de thérapie comportementale et d’un traitement pharmacologique. La psychothérapie a permis de constater une amélioration chez les personnes souffrant de TOC.

L’objectif est de respecter les valeurs du patient. Et non d’essayer de le convaincre que le contenu de ses pensées est illégitime. De plus, le but est également de faire comprendre au patient que le contenu de l’obsession n’est pas pertinent, en se concentrant sur la topologie des rituels et en travaillant sur l’insight – changement réel et profond -.

D’autre part, la thérapie comportementale se base sur l’exposition avec prévention de la réponse (EPR). Elle vise à exposer le patient à ces pensées intrusives sans qu’il puisse réaliser aucune de ses compulsions.

La EPR repose sur l’idée que les compulsions sont un type d’évitement qui réduit l’anxiété produite par les pensées. Mais qu’elles sont également renforcées négativement par cette réduction de l’anxiété.

Grâce à l’EPR, même si l’anxiété atteint son point culminant parce que l’individu ne peut pas la minimiser avec ses rituels, elle s’atténue ensuite et s’éteint. L’objectif est donc de rompre la relation entre la compulsion et l’obsession.

Cette dernière alternative de traitement, l’exposition avec prévention de la réponse, semble actuellement être l’alternative la plus soutenue empiriquement. Autrement dit, celle qui a réussi le mieux dans le traitement du TOC de pédophilie.


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  • Gordon, W. (2002). Sexual obsessions and OCD. Sexual and Relationship Therapy, 17(4), 343-354.
  • Nardone, G. y Portelli, C. (2015). Obsesiones, compulsiones, manías. Barcelona: Herder Editorial.
  • O’Neil, S., Cather, C., Fishel, A., Kafka, M. (2005). “Not Knowing If I Was a Pedophile…”. Diagnostic Questions and Treatment Strategies in a Case of OCD. Harvard Review of Psychiatry, 13, 186-196.
  • Rachman, S. (1993). Obsessions, responsibility and guilt. Behaviour Research and Therapy, 31, 149-154.
  • Welch, J., Lu, J., Rodriguiz, R., Trotta, N., Peca, J., Ding, J., Feliciano, C., Chen, M., Paige, J., Luo, J., Dudek, S., Weinberg, R., Calakos, N., Wetsel, W. Y Feng, G. (2007). Cortical-striatal synaptic defects and OCD like behaviours in Sapap3-mutant mice. Nature, 448, 894-900.

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