Suis-je hypocondriaque ?

Suis-je hypocondriaque ?
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 11 octobre, 2017

Combien de fois consultons-nous des choses liées à la santé sur Internet ? Le faisons-nous de manière obsessionnelle comme un-e hypocondriaque ? La peur de tomber malade est une peur universelle. Elle varie au niveau de la fréquence et de l’intensité, et également au niveau de la quantité de stimuli qui la mettent en première ligne de nos pensées. Elle peut aussi complètement envahir ces dernières. Les personnes hypocondriaques ressentent cette peur de manière constante et, dans de nombreux cas, en viennent à la somatiser…

On dit que 70% des étudiant-e-s en médecine vivent une étape au cours de leurs études où iels pensent souffrir de toutes les maladies qu’iels étudient : iels se sentent capables d’identifier en elleux-mêmes, d’une certaine façon, la majorité des symptômes qui les caractérisent. Iels entrent dans une étape “d’hypocondrie transitoire”.

Nous connaissons sûrement un-e ami-e qui souffre constamment de différentes maladies diagnostiquées par le Dr. Google. Et, bien sûr… Combien de nos ami-e-s ont toutes les maladies qu’iels voient à la télévision ? Pour elleux, il n’y a rien de plus logique : une douleur dans la poitrine au moment de tousser ne peut être que mortelle. Et notre réponse est habituellement : “arrête d’être hypocondriaque !”.

“Les médecins coupent, brûlent, torturent. Et en procurant un bien au malade, qui ressemble plus à un mal, ils exigent une récompense qu’ils ne méritent presque pas.”

-Héraclite d’Éphèse-

Premier problème : expert-e-s en interprétation de l’environnement

Beaucoup de personnes ont tendance à interpréter tout ce qui leur arrive en amplifiant tous les signaux qu’elles voient, et plus particulièrement si ceux-ci proviennent de leur corps. Beaucoup sont liés à notre personnalité, à notre style d’éducation, aux expériences vécues tout au long de notre vie et aux croyances ou schémas vitaux que nous suivons. Des exemples de situations à analyser pourraient être les suivants :

  • Pedro, mon collègue de travail, ne m’a pas dit “bonjour” ce matin. Il doit être fâché contre moi.
  • Le voisin est encore en train de taper pour déranger.
  • Iel ne m’a pas invité à la fête, iel ne doit pas m’apprécier.
femme hypocondriaque

Nous sommes des interprètes professionnel-le-s car nous avons du mal à tolérer l’incertitude. Donner un sens à tout soulage le stress cérébral. Cependant, sachez que toutes les idées antérieures ont des alternatives. Par exemple :

  • Pedro était préoccupé et se rendait directement dans le bureau du/de la chef-fe.
  • Les petits-enfants de mes voisins sont chez elleux, et iels en profitent pour courir et jouer.
  • Iel a envoyé les invitations par e-mail et a mal écrit mon adresse.

Quand les interprétations tournent autour de la famille, des ami-e-s ou des collègues de travail, elles peuvent générer de la préoccupation et finissent normalement par se résoudre en posant des questions ou en confirmant nos idées avec d’autres personnes. Par ailleurs, quand des problèmes de santé apparaissent, les niveaux d’anxiété face à l’incertitude peuvent monter en flèche.

“La véritable force d’une idée se trouve dans l’attention qu’on lui prête et non dans ce qu’elle vaut.”

-Concepción Arenal-

Iels disent que je suis hypocondriaque, iels exagèrent ?

Une douleur, de la fièvre, de la toux… Nous pouvons tou-te-s, à un moment donné, être effrayé-e-s parce que nous ne savons pas ce que nous avons, nous pouvons interpréter, spéculer… L’attente après les examens médicaux, le transfert vers d’autres spécialistes, les opinions des proches… Oui, nous pouvons douter. Cela fait-il de moi un-e hypocondriaque ? Probablement pas. Pas tant que vous continuez à aller travailler, à assister aux réunions familiales, à voyager et à vivre votre quotidien normalement. Pas tant que l’angoisse ne vous fait pas cesser de vivre.

Actuellement, on connaît sous le nom de “trouble anxieux de la maladie” ce que l’on appelait auparavant l’hypocondrie. Avec ce changement, on cherche à réduire l’aspect offensif et l’usage caricatural du mot “hypocondriaque”. Il est vrai que les personnes qui souffrent de ce problème se distinguent particulièrement par :

  • Une préoccupation, une peur ou une conviction de souffrir d’une maladie grave à partir d’une interprétation personnelle des symptômes.
  • La préoccupation persiste malgré les explorations et explications médicales.
  • La préoccupation provoque un mal-être et une détérioration sociale, professionnelle et dans d’autres domaines.
  • La durée de cet état est d’au moins 6 mois.
  • Tout ce qui a été décrit auparavant ne peut pas être expliqué par un autre trouble de type anxieux, somatomorphe, par une dépression ou un état délirant.
femme hypocondriaque qui veut se diagnostiquer

Si je le sens, si j’y pense, est-ce que j’en souffre ?

En réalité, le dialogue raisonné avec les personnes souffrant de ce problème peut nous conduire à une exaspération absolue parce qu’elles ne se font pas de raison et ignorent la preuve qui contredit l’hypothèse qui les préoccupe. Elles ont tendance à aller consulter différents médecins à la recherche d’un diagnostic, écoutent de façon sélective selon ce qui les intéresse, interprètent les changements corporels de façon négatives et se méfient des expert-e-s. La préoccupation les fait chercher des informations et vérifier constamment l’évolution de la symptomatologie.

“Mona Lisa semble tout juste guérie d’une maladie. Ou peut-être va-t-elle tomber malade.”

-Noel Coward-

ours en peluche hypocondriaque

À la vue de la gravité des symptômes développés par les personnes souffrant de ce problème, il faut se dire qu’il y a des moyens de contrôler notre “hypocondrie”. Le fait de nous observer en permanence, d’interpréter ce qui nous arrive ou de chercher des informations sur Google avant de poser des questions à notre médecin ne fera qu’augmenter notre anxiété.

Nous comporter de cette façon ne nous servira qu’à tout anticiper de manière négative, sans preuves réelles. C’est en respectant les temps et en n’avançant pas des événements que nous réussirons à trouver l’équilibre et la tranquillité émotionnelle dont nous avons besoin quand nous parlons de notre santé.

 

 


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