Se réconcilier avec une mère difficile

Se réconcilier avec une mère difficile
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 29 février, 2016

La mère est le premier grand amour de la vie de tous les êtres humains.

Un amour qui naît de manière naturelle et auquel nous ne renonçons jamais, même si elle n’est plus ou si sa présence est nocive, voire dangereuse pour l’enfant.

Il y a toujours un fil invisible qui d’une manière ou d’une autre nous relie à notre mère.

La psychanalyste Judit Viorst raconte dans l’un de ses livres un cas terrible. Un enfant de trois ans qui avait été été arrosé à l’alcool par sa mère qui lui mit le feu, ce qui est totalement inconcevable.

Dans la salle de soins intensifs, le petit ne voulait qu’une chose : qu’elle vienne le prendre dans ses bras. Ce lien primitif est extrêmement fort.

Quoiqu’il arrive, nous aimons notre mère. Au début de la vie, nous préférons n’importe quelle autre souffrance plutôt que d’avoir à souffrir de son absence.

L’amour de la mère subsiste à l’âge adulte, bien que nous ayons notre propre vie, bien que nous atteignons un succès gigantesque, bien que nous ayons de l’argent, ou que l’on nous admire pour nos prouesses.

Au fond, il reste toujours quelque chose de cet enfant qui ne veut pas vivre sans sa mère.

Une mère difficile

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Enfant, malgré toutes les preuves du contraire, nous pensons que notre mère est un être absolument parfait.

Nous avons seulement besoin qu’elle soit là, à nos côtés. Et si elle n’est pas là, nous pensons que c’est peut-être de notre faute.

Mais les mères ne sont pas ces êtres totaux et parfaits que nous idéalisons quand nous sommes petits. Nous ne sommes pas toujours les bienvenus dans leur vie.

Les mères aussi sont déprimées, elles ont leurs propres problèmes. Bien que le désir de la plupart d’entre elles est de nous apporter le meilleur, parfois elles ne peuvent pas le faire.

Parfois, elles renoncent à le faire, ou ont de mauvaises idées sur ce qu’est le bien-être d’un enfant.

Beaucoup de mères ne sont pas présentes quand leurs enfants ont besoin d’elles. Elles doivent, ou veulent, travailler hors de la maison et il est possible qu’elles n’aient pas le temps d’exercer leur maternité pleinement.

D’autres femmes ont un rejet, conscient ou inconscient, envers la maternité. Et même ainsi, elles assument la charge d’être mère, mais elles n’y arrivent qu’à moitié. Et alors, leurs enfants deviennent le symbole de leur non-conformité.

Ce sont les mères qui ne réussissent pas à voir quelque chose de bon dans leurs enfants. Ils ne sont jamais assez obéissants, ni suffisamment capables de la rendre heureuse.

Comme les meilleurs élèves ou les sportifs les plus accomplis. Ils ne sont de toute façon jamais à la hauteur de leurs attentes.

Le rejet des enfants prend parfois des formes insoupçonnées. C’est le cas des mères anxieuses qui ont toujours imaginé que leur enfant va tomber, que leur fils va devenir dépendant aux drogues, que leur fille va commettre une erreur irréparable.

Dans ces cas, le rejet prend la forme d’un contrôle extérieur. Elles pensent qu’éduquer leurs enfants, c’est leur montrer que le monde est un lieu plein de dangers et que leur tache et de leur montrer le côté menaçant.

Réconciliations précoces et tardives

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Pendant l’enfance, nous n’avons pas la capacité émotionnelle de questionner notre mère. Elle est à la base de tout, à l’horizon de tout, et peut-être qu’elle n’aime pas certains de nos comportements mais nous sentons qu’il n’est pas possible de la critiquer.

Les choses changent pendant l’adolescence. En général, cette étape est bien plus conflictuelle pour les personnes qui ont dû s’accommoder d’une mère difficile.

L’adolescence est une transition durant laquelle l’enfant que nous avons été et l’adulte que nous voulons être se confrontent.

C’est à ce moment qu’il est fondamental de questionner ce que nous avons reçu chez nous, pour nous forger notre identité propre.

C’est à l’adolescence que les interrogations et les questionnements sur les parents commencent. C’est le moment des grandes ruptures avec les parents.

Si nous nous permettions avant de critiquer notre mère, cela devient à présent l’objet d’une grande partie de nos insatisfactions.

Elle veut que nous continuons à être l’enfant qu’elle connaît, tout en voulant nous voir voler de nos propres ailes.

Mais comme l’adolescence peut être le commencement des grands éloignements avec cette figure aimée, c’est aussi une étape où il est possible d’ajuster nombre de nos objectifs.

Une mère qui a pris conscience que son comportement n’a pas toujours été le meilleur peut profiter de l’adolescence pour réparer beaucoup de ses erreurs.

Les adolescents ont besoin des parents, beaucoup plus que ce dont ils sont disposés à admettre. Un accompagnement d’amour, patient et intelligent pendant cette étape peut réparer beaucoup des failles qui ont eu lieu pendant l’enfance.

Les conflits débarquent parfois d’une manière crue et dure. Mais c’est justement l’opportunité rêvée pour les canaliser et pour y apporter une solution.

Le jeune est déjà en capacité de comprendre que sa mère est une personne limitée et la mère peut admettre ses limites. Parfois, il n’est pas possible d’éviter que de grandes barrières se dressent.

Les enfants comprennent leurs parents à partir du moment où ils deviennent eux-mêmes parents.

Ils découvrent alors l’impossibilité d’être des parents parfaits et comprennent que l’erreur se trouve à la base des réalités humaines.

Une mère qui se trompe n’est pas une mauvaise mère, mais une personne imparfaite, comme tout le monde.

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Quel que soit le cas, il y a une vérité indiscutable : toutes les relations affectives que nous avons avec quelqu’un sont marquées par le lien que l’on a eu avec sa mère, son premier amour. 

Plus cette relation est saine, plus les relations que l’on aura seront saines. Et il n’est jamais trop tard pour revoir ce lien.

Pour pardonner et demander pardon. Pour donner libre cours à cet amour qui a toujours été ici et avec lui, nettoyer le chemin vers une vie plus gratifiante.

Images de Emma Block, Claudia Tremblay et Gustav Klimt

 


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