Que signifie être « queer » ?

Être « queer », c'est avoir le sentiment de ne pas correspondre à ce qui est établi, de vivre selon sa propre réalité, etc. Découvrez-en plus

Rédigé et vérifié par Psychologue Andrea Pérez.

Dernière mise à jour : 06 février, 2024

Pourquoi ne m’intègre-je pas dans ce qui est déjà établi ? Pourquoi les mots qui existent ne parviennent-ils pas à exprimer mon intérieur ? Qui suis-je si je ne m’identifie pas à ce que je devrais être ? Ces questions et bien d’autres sont celles que se sont posées ceux qui se définissent comme queer.

Dans la plupart des cas, les mots ne suffisent pas pour classer la réalité. Le monde est un concept trop large et, en essayant de le résumer, nous risquons de laisser certaines personnes en dehors.

Que signifie être queer ?

Selon l’American Psychiatric Association, ceux qui ne se conforment pas aux normes sociales dominantes (hétérosexuels ou cisgenres, femmes ou hommes) ou ceux qui ne s’identifient pas aux étiquettes conventionnelles de gay, lesbiennes ou bisexuels sont appelés queer.

Ce terme s’utilise fréquemment comme une catégorie générale qui englobe diverses identités sexuelles ou de genre au sein d’une communauté. De cette manière, un conglomérat queer peut être composé d’individus qui se définissent comme lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, etc.

Ce terme est également utilisé pour décrire un type spécifique de genre. C’est-à-dire qu’il représente des sujets qui ne sont pas satisfaits du genre binaire ou de la fameuse dichotomie masculin/féminin. Leur identité ne correspond pas à une notion biologique fixe ou à des normes sociales de genre.

Selon une publication dans Every, le terme queer est tout ce qui dépasse la norme :

• Les personnes qui n’ont pas d’orientation sexuelle hégémonique : bisexuels, homosexuels, asexuels, entre autres.
• Comportements et modes de pensée qui remettent en question les comportements sexuels normatifs. Par exemple, une relation polyamoureuse pourrait se considérer comme queer.
• Sujets non cisgenres.

Dans une perspective plus large, la « théorie queer » rejette la construction sociale binaire homme/femme et affirme que l’identité sexuelle est beaucoup plus large et ne peut se réduire à deux ou trois étiquettes. Elle souligne également que la réalité n’est pas figée et immuable, mais diversifiée, riche et pleine de nuances.

De cette manière, l’adjectif queer engloberait une multitude de personnes qui se sentent étranges et s’identifient à des adjectifs absolus qui excluent d’autres alternatives. Ces descriptions, fictives et socialement construites, ne seraient pas valables pour refléter la richesse de la sexualité.

Caractéristiques des personnes queer

Il est nécessaire de préciser que chaque personne a ses propres caractéristiques, croyances et attitudes. Rappelons que ce terme est très large et couvre des sujets dont l’identité, l’orientation sexuelle et les expressions de genre ne sont pas conformes aux normes traditionnelles. Il n’y a donc pas une seule façon d’être queer.

Cependant, certaines caractéristiques génériques ou fondamentales peuvent s’identifier chez la plupart de ces personnes :

• Elles centrent leur identité sur l’être, la vie et le sentiment.
• Elles rejettent la classification hégémonique des dichotomies de genre.
• De même, elles soutiennent que chacun a le droit de déterminer lui-même sa propre vie.
• Elles nous invitent à penser au-delà du binarisme et à reconnaître la diversité sexuelle.
• Elles ne vivent, ne pensent et ne ressentent pas uniquement en raison de leur genre, de leur identité ou de leur orientation sexuelle.
• Par ailleurs, elles acceptent d’être des personnes avant tout, au-delà des identités qui les définissent.
• Elles n’acceptent pas que la sexualité, l’orientation sexuelle et l’identité de genre soient fixes et immuables.
• Elles rompent avec les étiquettes qui conduisent les êtres humains à se penser en termes opposés : noir ou blanc, homosexuel ou hétérosexuel…
• Enfin, elles favorisent l’interaction entre les personnes et non entre les labels. Chacun doit se rapporter les uns aux autres selon qui il est, de personne à personne, et non selon la classification à laquelle il appartient.

Ceux qui sont queer défient le monde et nous invitent à remettre en question l’ordre établi, à célébrer et à accepter la diversité. Les caractéristiques que nous avons présentées ne sont ni strictes, ni définitives, ni figées. Elles reflètent uniquement des tendances générales.

Tout n’est pas noir ou blanc

Nous sommes habitués à voir beaucoup d’individus ordonner le monde avec des opposés. Nous avons toujours entendu parler du noir ou du blanc, du bon ou du mauvais, de l’homme ou de la femme. Cependant, lorsque nous contrastons avec la réalité, nous constatons généralement que les bonnes personnes ne sont pas toujours aussi bonnes que nous le croyons. Ou qu’entre le noir et le blanc, il existe des nuances de couleurs.

Il en va de même pour l’identité sexuelle, être un homme ou une femme, et pour l’identité de genre, être féminin ou masculin. La sexualité ne se limite pas à deux adjectifs opposés, mais plutôt à un continuum en leur sein. Oublier la variété qui existe entre les deux pôles serait appauvrir la sexualité.

Queer, c’est la diversité au sein d’un continuum. C’est accepter que tout n’est pas noir ou blanc et que la personne a le droit de se définir comme elle le ressent et non comme cela lui a été imposé. Queer, c’est revendiquer la liberté de pensée et la manière de vivre sa sexualité.

Celui qui fixe des limites, c’est parce qu’il est limité

Les étiquettes nous donnent de la sécurité. Elles organisent cette vie chaotique en mots significatifs qui peuvent être classés et ordonnés rationnellement. En dehors de la réalité que nous connaissons, tout est inconnu et à de nombreuses reprises, l’étrange génère en nous insécurité et peur.

Ceux qui se définissent comme queer sont des personnes qui ne correspondent pas à la normalité sociale. Leur physique ou leur manière de se comporter est considéré par beaucoup comme « étrange » et brise les schémas mentaux des plus conservateurs. Par conséquent, ceux qui sont incapables d’ouvrir leur esprit au-delà de leurs idées préconçues peuvent rejeter tout ce qu’ils considèrent comme « étrange ».

Nous aimons croire que la réalité est telle que nous la voyons. Lorsque le monde contredit nos idées, au lieu d’accepter cette contradiction, nous transformons la réalité pour la conformer à ce que nous pensions déjà. De cette façon, nous recherchons ce qui soutient notre façon de penser. Car lorsque nous rencontrons quelque chose de différent, nous nous sentons mal à l’aise, remis en question et incertains.

Ma réalité est tout aussi valable que la vôtre

Il existe autant de réalités que de personnes dans le monde et elles sont toutes valables et respectables. Le fait que la vision des deux ne coïncide pas ne signifie pas que l’une est correcte et l’autre non. Cela nous dit simplement que la réalité est diverse et dépend de celui qui la perçoit.

Parler de queer, c’est parler de différentes possibilités, toutes étant valables. C’est rompre avec les dichotomies qui appauvrissent la réalité et accepter que, au-delà de ce que beaucoup croient, le monde et les individus sont divers et acceptables sous toutes leurs formes.

Être queer : un engagement pour la diversité

Le concept de queer est diversité et rupture. Il déstabilise l’ordre social en matière de sexualité, d’orientation et d’identité de genre. Il s’oppose à l’hétéronormativité dominante et à la rigidité des binaires traditionnels.

Ceux qui se définissent de cette manière remettent en question les étiquettes conventionnelles et promeuvent une société où les gens peuvent vivre et s’exprimer selon leur propre authenticité. Accepter la diversité est essentiel pour construire un monde plus inclusif. Où chacun a la sécurité et la tranquillité d’esprit d’être ce qu’il est.