Pourquoi nous est-il difficile d'être heureux, selon la science

Pourquoi est-il difficile pour nous d'être heureux ? Il existe une variable très spécifique qui explique la raison pour laquelle nous ne parvenons pas à ressentir cette émotion.
Pourquoi nous est-il difficile d'être heureux, selon la science
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

Si nous nous demandons pourquoi il nous est difficile d’être heureux, la réponse n’est pas évidente. Il existe d’innombrables facteurs qui peuvent désactiver, brouiller et même interdire complètement la capacité de ressentir cette émotion enrichissante et intense. Cependant, il y a une autre évidence, qui n’est autre que notre obsession constante d’atteindre cet état, ce pic émotionnel et personnel.

Nous vivons à une époque que l’on pourrait presque définir comme la « tyrannie du bonheur ». Il faut obligatoirement être heureux, et celui qui ne l’est pas est un paria social.

Il est conseillé d’être prudent avec bon nombre de ces messages qui pullulent sur nos réseaux sociaux et dans l’industrie du livre d’auto-assistance. En effet, le contraire du bonheur n’est pas toujours la tristesse. D’un extrême à l’autre, il existe des espaces intermédiaires dans lesquels nous pouvons habiter en nous sentant calme et bien dans notre peau.

Cependant, un autre aspect évident est de toujours naviguer dans l’insatisfaction chronique, dans l’inconfort permanent et ne pas pouvoir profiter ne serait-ce qu’une fois d’un bref instant de bonheur.

La science a une réponse à la raison pour laquelle certaines personnes ne ressentent jamais cette étreinte chaleureuse du bien-être et de la joie de vivre. Nous l’analysons.

“Le bonheur chez les gens intelligents est la chose la plus étrange que je connaisse.”

-Ernest Hemingway-

Homme triste se demandant pourquoi est-il difficile pour nous d'être heureux ?

La raison pour laquelle il nous est difficile d’être heureux

L’une des particularités de l’être humain réside dans les défis qu’il doit relever pour prendre soin de son bien-être émotionnel. Ce n’est pas quelque chose de nouveau.

Il y a ceux qui soulignent – ironiquement – que tout commença avec Copernic. C’est lui qui nous révéla que nous n’étions pas le centre de l’univers et que la Terre n’était qu’une autre planète tournant autour du Soleil. Plus tard, Darwin déplaça l’humanité de cette position privilégiée et absolutiste sur l’arbre de vie.

Et si cela ne suffisait pas, Sigmund Freud nous indiqua plus tard à quel point nous pouvons devenir irrationnels et vulnérables. En effet, nous ne sommes rien de plus qu’une petite tache insignifiante au centre du cosmos, des créatures imparfaites, inconstantes et fragiles. D’ailleurs, s’il y a quelque chose qui nous définit, c’est d’être très enclin à la souffrance sous toutes ses formes : affective, sociale, existentielle…

Existe-t-il un « défaut » en nous qui explique pourquoi il nous est difficile d’être heureux ? Pas du tout, il n’y a pas de défaut. Tout d’abord, il y a quelque chose que nous devons considérer. Nous avons un cerveau pour lequel le bonheur n’est pas une priorité : le plus important est de survivre. D’un autre côté, vous devez tenir compte du fait qu’il existe de nombreuses personnes heureuses, résilientes et définies par un grand optimisme.

La science s’intéressa ces dernières années à comprendre pourquoi il y a tant de personnes qui n’ont pas cette faculté. Les taux d’anxiété, de dépression et de suicide augmentent chaque année. Quelle en est donc la raison ? Une étude récente nous l’explique.

Bien que nous ayons un cerveau qui privilégie la survie au bonheur, nous ne pouvons pas négliger l’un de ses potentiels : la plasticité. Grâce à elle, nous pouvons apprendre des ressources qui nous permettront de changer et ainsi d’atteindre le bien-être.

Les gènes face à vos circonstances et votre attitude

L’un des travaux les plus décisifs sur l’étude du bonheur a été publié en 2005 par le Dr Sonja Lyubomirsky et son équipe à l’Université de Californie, aux États-Unis. Il nous révéla ce qui suit :

  • 50% du bonheur des gens est déterminé par leurs gènes. En d’autres termes, nous venons tous au monde avec une certaine prédisposition à traiter la réalité et à y réagir de manière plus optimiste ou pessimiste.
  • 10% de notre bonheur dépend aussi de nos circonstances personnelles, des expériences, celles que personne ne peut contrôler. Être né dans des environnements conflictuels, subir des abus, des expériences traumatisantes en serait un exemple, et l’une des raisons pour lesquelles il nous est difficile d’être heureux.
  • Les 40% restants de notre capacité à jouir du bonheur se basent sur la façon dont nous agissons face à ce qui nous arrive. C’est là qu’interviennent des facteurs tels que l’attitude, les compétences émotionnelles que nous développons, les stratégies d’adaptation, etc.

Or, il faut noter que cette étude a été très critiquée. La raison pour laquelle il nous coûte tant d’être heureux n’est pas aussi déterminée par la génétique que ce travail le souligne. De plus, l’accent est mis aujourd’hui sur le troisième facteur : la capacité de répondre à ce qui nous arrive.

Fille dans un champ de lavande se demandant pourquoi il est difficile pour nous d'être heureux

Apprendre à vivre avec ce qui nous arrive, clé du bien-être

Il existe de nombreuses raisons qui expliquent pourquoi il nous est difficile d’être heureux. La génétique, c’est vrai, mais aussi les traumatismes de l’enfance, le stress psychosocial, la personnalité, la faible estime de soi, le style de pensée et aussi le manque d’outils psycho-émotionnels pour gérer ce qui nous arrive.

Il existe tout un recueil d’éléments qui peuvent réduire cette capacité à se sentir bien dans sa peau. Maintenant, cela signifie-t-il que nous sommes biologiquement et psychologiquement limités pour être heureux ? Encore une fois, la réponse est non. Nous avons tous la capacité de changer. Nous pouvons tous travailler sur notre bien-être quelles que soient les circonstances qui nous entourent.

Le neurologue et psychiatre Boris Cyrulnik disait que les gens passent leur vie à se tisser de fils biologiques, émotionnels, psychologiques et sociaux. Nous avons la capacité de nous transformer et de faire face à ce qui nous arrive avec de nouveaux outils et stratégies. Ce n’est qu’ainsi que nous tisserons des fils mentaux plus forts et plus résistants.

Au final, le bonheur, c’est apprendre à vivre au mieux avec ce qui nous arrive. Il est vrai qu’il y a des circonstances autour de nous que nous ne pouvons pas contrôler et qui déterminent notre bien-être et notre état d’esprit. Cependant, nous avons l’obligation de les traiter de la meilleure façon possible – avec des ressources nouvelles et précieuses.

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