Neurones miroir et empathie sont de merveilleux mécanismes de connexion
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Neurones miroir et empathie constituent un des processus les plus fascinants de la neuroscience. C’est là que les actes et les émotions des autres nous sont rendus visibles, et grâce à eux que l’on peut être capable de donner une réponse empathique. Ce sont des mécanismes qui ont de plus un fond social, et leur mise en marche a une grande influence dans nos relations quotidiennes.
Imaginons-nous l’espace d’un instant assis-e dans un théâtre. Visualisons maintenant un ensemble d’execellent-e-s acteur-trice-s en train de jouer une pièce, exécutant des mouvements corporels et des gestes précis, et entonnant chaque mot à la perfection, réussissant ainsi à nous communiquer une infinité d’émotions…
“Regardez avec les yeux de l’autre, écoutez avec les oreilles de l’autre et ressentez avec le coeur de l’autre.”
-Alfred Adler-
Rien de tout cela n’aurait de sens si on ne disposait pas de cette base biologique capable de nous permettre d’activer un puissant éventail de sensations, de sentiments et d’émotions telles que la peur, la compassion, la joie, l’inquiétude, la répulsion, le bonheur… Sans tout cela, le “théâtre” de la vie manquerait de sens, nous serions comme des entités vides, une civilisation d’hominidés qui n’aurait peut-être pas été capables de développer un quelconque type de langage.
Ainsi, on ne peut pas être surpris-e-s par le fait qu l’intérêt porté aux neurones miroir et à l’empathie ne se réduise pas qu’au monde de la neuroscience ou de la psychologie ; l’anthropologie, la pédagogie ou l’art se sont aussi occupés au cours des dernières décennies de connaître un peu plus cette architecture intérieure, ces mécanismes stupéfiants desquels nous ne savons pas encore tout…
Neurones miroir et empathie, une des plus grandes découvertes de la neuroscience
Il y a toujours un-e scientifique ou un-e psychologue pour affirmer avec une grande assurance que les neurones miroir feront pour la psychologie la même chose que la découverte de l’ADN a fait pour la biologie en son temps. Oui, certes, le fait d’en savoir chaque jour un peu plus sur les neurones miroir et sur l’empathie nous aide sans doute à nous connaître un peu mieux, cependant, nous ne devons pas faire l’erreur de croire que ce sont ces processus et exclusivement ces processus qui ont fait de nous des “humain-e-s”.
Ce que nous sommes aujourd’hui, c’est le résultat d’une infinité de processus. L’empathie a facilité notre évolution sociale et culturelle, mais elle ne fut pas le seul déterminant. Avec tout cela, nous voulons par conséquent vous faire comprendre qu’en ce qui concerne ces dimensions de la neuroscience, il existe encore ces faux mythes qu’il est nécessaire de souligner. Il n’est pas certain par exemple que les femmes aient plus de neurones miroir que les hommes : de fait, presque 20% de nos neurones sont de ce type.
“Vous ne pouvez comprendre les gens que si vous les ressentez en vous.”
-John Steinbeck-
D’un autre côté, il n’existe pas non plus d’études concluantes sur la classique affirmation consistant à dire que les personnes souffrant du trouble du spectre autistique présentent un clair dysfonctionnement au niveau de leurs neurones miroir, ou qu’elles se caractérisent par leur manque total et “absolu” d’empathie. Rien ne le prouve. En réalité, le véritable problème résiderait plutôt dans l’aspect cognitif, dans cette “théorie de l’esprit” où la personne est capable d’inférer l’information, de faire une analyse symbolique et d’adopter à son tour une conduite en accord avec la stimulation observée.
Pour comprendre un peu mieux ces processus, découvrons-en davantage sur ce qu’à ce jour, la science nous dit sur les neurones miroir et l’empathie.
Nos mouvements et la relation avec les neurones miroir ainsi que l’empathie
Cette information est très connue et il est important que nous nous en souvenions. L’empathie n’existerait pas sans le mouvement, sans nos actes, nos gestes, nos postures… De fait, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les neurones miroir ne sont pas un type spécifique de neurones. En réalité, ce sont des cellules du système pyramidal liées au mouvement. Cependant, elles ont la particularité de s’activer non seulement avec notre mouvement, mais aussi lorsqu’on observe celui des autres.
C’est ce qu’a découvert le docteur Giacomo Rizzolatti, neuro-physiologue italien et professeur à l’Université de Parme qui dans les années 1990 a étudié les mouvements moteurs des singes. Il lui a semblé fascinant de voir qu’il existait une série de structures neuronales qui réagissaient face à ce qu’un autre membre de la même espèce ou d’une autre était en train de faire.
Ce réseau de neurones pyramidaux ou neurones miroir se trouvent dans la circonvolution frontale inférieure et dans le cortex pariétal inférieur. Ils sont présents chez de nombreuses espèces, pas seulement chez les humains. Les singes et nos animaux de compagnie comme les chiens ou les chats peuvent “faire preuve d’empathie” entre eux, mais aussi envers nous.
Les neurones miroir par rapport à notre évolution
Nous signalions plus haut dans cet article que les neurones miroir et l’empathie ne sont pas cet interrupteur magique qui à un moment donné a illuminé notre conscience pour nous permettre d’évoluer en tant qu’espèce. En réalité, ce fut une succession d’infinies merveilles, comme cette coordination entre la main et l’oeil qui a développé notre conscience symbolique, ou encore ce saut qualitatif dans les structures de notre cou et de notre crâne qui a rendu possible le langage articulé…
Parmi tous ces processus stupéfiants, il y a ceux qu’ont mené à bien les neurones miroir. C’est eux qui ont mesuré notre faculté à comprendre et à interpréter certains gestes, pour les associer à un ensemble de significations et de mots. Ainsi, ils ont facilité la cohésion sociale du groupe.
L’empathie, un processus cognitif essentiel pour nos relations
Les neurones miroir nous permettent de ressentir de l’empathie envers celleux qui nous entourent. Ils sont ce pont qui nous connectent, qui nous lient entre nous et qui à son tour nous permet de pouvoir expérimenter trois processus très basiques :
- Pouvoir identifier et comprendre ce que la personne que j’ai en face de moi ressent ou expérimente (composante cognitive)
- Pouvoir “ressentir” ce que cette personne ressent (composante émotionnelle)
- Enfin, et ce type de réponse requiert sans doute une plus grande sophistication et une plus grande délicatesse, pouvoir répondre de manière compatissante, donnant lieu à ce comportement social qui me permet d’avancer en groupe
D’un autre côté et arrivé-e-s à ce point, il serait intéressant de réfléchir à une idée intéressante qui nous propose Paul Bloom, psychologue de l’Université de Yale. La plupart de ses articles ont été assez polémiques, car ils défendaient le fait que l’empathie ne nous sert aujourd’hui plus à rien ; derrière cet énoncé frappant se cache en fait une réalité évidente.
Nous en sommes à un point où tout le monde est capable de ressentir, de voir et de percevoir ce que cette personne que l’on a en face ou celle qui apparaît à la télévision expérimente. Cependant, nous avons pris l’habitude de rester impassibles face à cela.
Nous avons normalisé la souffrance de l’autre, nous sommes tellement immergé-e-s dans nos propres micro-mondes que nous ne sommes pas capables d’aller au-delà de notre bulle personnelle… Par conséquent, le professeur Singer nous incite à être “des personnes altruistes efficaces et actives”. Les neurones miroir et l’empathie forment ce “paquet” standard dans la programmation de notre cerveau duquel nous disposons tou-te-s. C’est comme cette version de Windows installée sur l’ordinateur que nous venons d’acheter, mais que l’on doit savoir utiliser efficacement en tirant profit de tout son potentiel.
Nous devons par conséquent apprendre à regarder les autres en laissant de côté les préjugés. Rien ne sert non plus de nous limiter à “ressentir tout ce que les autres ressentent” ; ce qu’il faut, c’est capter leur réalité, mais en maintenant la notre afin de pouvoir les accompagner efficacement dans le processus d’aide, de soutien et d’altruisme.
Car finalement, un sentiment qui ne s’accompagne d’aucun acte ne sert à rien. Ainsi, si on en est arrivé-e-s au point où on se trouve aujourd’hui, c’est parce que nous avons été pro-actif-ve-s, parce que nous nous sommes inquiété-e-s pour chaque membre de notre groupe social en comprenant qu’ensemble, nous avançons dans de meilleures conditions que seul-e-s.
Par conséquent, n’oublions pas quelle est la véritable finalité de nos neurones miroir et de l’empathie : favoriser notre sociabilité, notre subsistance, notre connexion avec l’entourage.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.