Masochisme et personnalité d'auto-sabotage
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Pourquoi certaines personnes s’auto-sabotent-elles ? De plus… quelle est la raison pour laquelle nous nous mettons parfois des bâtons dans les roues ou érigeons des murs qui bloquent complètement nos opportunités et notre bonheur ? Du point de vue de la psychanalyse et de la théorie psychodynamique, on a tendance à concevoir de la même manière le masochisme et la personnalité d’auto-sabotage.
Erich Fromm a souligné dans son célèbre livre L’Art d’aimer que, parfois, dans les relations affectives, il existe de nombreux liens entre les sadiques (les personnes qui humilient, blessent et exploitent) et les masochistes (les hommes et les femmes qui sont exploités, blessés et incapables de réagir). C’est sans doute un fait courant et c’est aussi la raison pour laquelle nous nous intéressons aujourd’hui un peu plus à ce trait de personnalité.
Le fait que le masochisme soit courant dans les relations abusives est quelque peu préoccupant. Cependant, le plus complexe est que le masochiste prolonge souvent ces situations de souffrance avec l’idée qu’à un moment donné, l’autre aura une sorte de cas de conscience ou un sentiment de culpabilité pour ce qu’il a fait.
De même, ces personnes expriment rarement leurs sentiments et ont tendance à accumuler de fortes doses de colère. Ce sont des personnalités complexes et souvent alambiquées. Cependant, tout comportement cache derrière lui un mécanisme psychologique subtil que nous pouvons étudier pour le comprendre un peu mieux. Allons plus loin.
Les gens qui se punissent : le masochisme moral
Il y a des gens qui se punissent et cette pratique peut s’effectuer de plusieurs façons. Abandonner des opportunités d’emploi, reculer à des moments décisifs, la tendance à nouer des liens d’amitié avec des personnes qui blessent et trahissent ou prolonger des relations toxiques et épuisantes en sont des exemples clairs.
Derrière ces profils de personnalité, il peut bien souvent y avoir un masochisme moral ou comportemental. Ce trait définit les personnes chez qui il existe un besoin implicite et presque constant de se punir. Au-delà du simple fait de « jouir » ou non de la souffrance, elles y voient une fin et une utilité, une dimension cathartique.
Par exemple, une étude menée à l’Université de Pennsylvanie a montré quelque chose d’intéressant. Les personnes masochistes se sentent bien à l’idée de ressentir des émotions comme la tristesse, la peur ou même la douleur. C’est aussi quelque chose de beaucoup plus fréquent chez les femmes. Parfois, avec cela, elles parviennent à l’expiation d’une culpabilité ou même à attirer l’attention des autres lorsqu’ils les voient souffrir.
Masochisme et personnalité d’auto-sabotage selon la théorie psychodynamique
Le masochisme et la personnalité d’auto-sabotage vont toujours de pair selon la théorie psychodynamique. De plus, Sigmund Freud lui-même a inventé et décrit le concept de masochisme moral ou comportemental qui apparaîtra plus tard dans le DSM-III-R (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) comme un trouble de la personnalité autodestructeur.
Or, il convient de noter qu’aujourd’hui, et avec les nouvelles révisions du DSM-V et du DSM-V, cette appellation a disparu. Ces manifestations que nous identifiions précédemment comme masochistes n’ont plus leur place en nosologie psychiatrique et en psychologie clinique. Cependant, nombreux sont ceux qui regrettent cette disparition. Cet apport de la théorie psychodynamique sur le masochisme et la personnalité auto-sabotante est jugé utile et nécessaire.
À quoi ressemblent les personnes masochistes avec des traits d’auto-sabotage ?
L’approche psychodynamique décrivait le masochisme comme un type de personnalité manifestement saboteur. Ainsi, des experts en la matière tels que le Dr RF Bornstein, spécialisé dans la dynamique de la personnalité, ont décrit les masochistes comme étant trop dépendants et destructeurs, indécis, passifs, et avec un grand besoin d’approbation.
Cependant, il y a plus de caractéristiques :
- Ces personnes peuvent être intelligentes, mais elles finissent toujours par échouer. Il arrive un moment où elles font marche arrière ou finissent par échouer presque volontairement.
- Elles portent toujours des sentiments de culpabilité sur leur dos. La dérive vers des situations de souffrance leur sert de mécanisme de catharsis, de voie de recherche d’expiation.
- Elles sont sujettes à la dépression.
- Elles se sabotent, se critiquent et s’évaluent très négativement.
- Par ailleurs, elles nourrissent souvent des sentiments de colère qu’elles ne savent pas exprimer.
- De même, derrière cette expression de souffrance, elles cherchent à éveiller des sentiments de culpabilité chez les autres.
Le masochisme et la personnalité d’auto-sabotage, pourquoi apparaissent-ils ?
Nous savons que le masochisme et la personnalité d’auto-sabotage n’apparaissent pas en tant que tels dans les manuels de diagnostic. Cependant, on peut souvent voir des profils avec ces caractéristiques. Ce sont des hommes et des femmes qui enchaînent les relations ratées, même en sachant dès le départ que ces couples ne leur apporteront que du malheur. Ce sont des gens perfectionnistes qui finissent par essuyer des revers cinglants.
Ils emprunteront toujours le chemin le plus dur et le plus douloureux de la vie : ils le feront de leur plein gré et, avec cela, ils espéreront aussi nous faire sentir mal. Parce que nous ne leur prêtons pas l’attention qu’ils recherchent, parce que nous ne les valorisons pas. Ce sont des comportements complexes et très nocifs pour eux-mêmes et pour les autres.
Mais pourquoi le font-ils ? Pourquoi le masochisme et la personnalité d’auto-sabotage apparaissent-ils chez certaines personnes ? Il convient de noter que, dans de nombreux cas, derrière ces comportements, nous retrouvons un trouble dépressif. Cependant, nous pourrions également mettre en évidence des facteurs éducatifs, l’éducation et même des troubles de l’attachement.
Parfois, nous pouvons grandir en ayant l’impression de ne pas mériter d’être aimés. Le sentiment de tristesse se combine quant à lui au besoin de se punir, de reculer quand quelque chose va bien parce qu’on conçoit qu’on n’est pas digne de ce bonheur. À cela s’ajoute le facteur de la colère et du ressentiment, appariant une personnalité problématique. Une personnalité que beaucoup d’entre nous ont peut-être rencontrée à l’occasion…
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