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Martin Seligman et ses intéressantes théories

8 minutes
Martin Seligman est l'un des psychologues contemporains les plus importants, notamment pour ses théories du bien-être. Nous vous en expliquons quelques-uns.
Martin Seligman et ses intéressantes théories
Sergio De Dios González

Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González

Écrit par Edith Sánchez
Dernière mise à jour : 20 mai, 2023

Martin Seligman est un psychologue et écrivain américain de renom, né le 12 août 1942 à Albany, aux États-Unis. Il est professeur à l’Université de Pennsylvanie et représente l’une des principales références dans le monde de la psychologie positive. Ses théories de « l’impuissance acquise » et du « bien-être » sont emblématiques aujourd’hui.

Seligman s’est caractérisé par une carrière exceptionnelle tout au long de sa vie. Il a été président de l’American Psychiatric Association (APA) et rédacteur en chef de son célèbre bulletin Prevention and Treatment. Tout cela a conduit à sa consolidation en tant que psychologue et auteur de plusieurs livres, qui l’ont catapulté comme un théoricien important sur la matière et un grand chercheur.

Les études menées par le Dr Martin Seligman et sa psychologie positive portent principalement sur l’approche de la dépression. Elles postulent que nous sommes capables d’utiliser des stratégies plus intelligentes lorsque l’espoir bat dans nos yeux.

Martin Seligman nous a laissé de nombreuses contributions concernant la dépression causée par des pensées négatives. Son travail s’inscrit dans la lignée des études du professeur Aron T. Beck, qui s’est également fait remarquer pour ses contributions au traitement de la dépression, et dans la thérapie cognitive liée aux problèmes de perception de la réalité et de perte de contrôle face aux expériences négatives.

Sur ce point, il convient de rappeler que la psychologie positive consacre une bonne partie de ses efforts à identifier les facteurs ou les variables qui rendent certaines personnes très résistantes sur le plan mental face à la difficulté. L’un de ces facteurs est précisément notre inertie lorsqu’il s’agit de penser, de nous positionner face aux problèmes dans le plan imaginaire que nous construisons et dans lequel nous les situons.

Les habitudes de pensée ne doivent pas persister éternellement. L’une des découvertes les plus significatives de la psychologie au cours des vingt dernières années est que les individus choisissent leur façon de penser.

-Martin Seligman-

Théorie de l’impuissance apprise

Martin Seligman a soulevé, avec ses théories, la possibilité d’augmenter le bien-être et de réduire la dépression chez les patients. Ses postulats fournissent de merveilleux outils pour résoudre les problèmes et modifier la perception du monde chez ceux qui sont déprimés. De même, l’étude sur le bonheur a contribué à trouver des moyens de renforcer les vertus et les capacités.

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L’un des concepts centraux de l’œuvre de Martin Seligman est celui de « l’impuissance apprise ». Celle-ci est liée à l’absence d’activité ou au manque de réponse face aux situations qui menacent le sujet, ce qui devient une source de dépression pour de nombreuses personnes. Elle se produit lorsque quelqu’un vit une situation et laisse simplement les résultats se produire, sans agir de quelque manière que ce soit. Cela a lieu dans un cadre où des pensées négatives automatiques empêchent l’action.

Sur la base de ces réflexions, Martin Seligman a créé en 2002 la théorie du bonheur authentique chez les personnes. Par la suite, il a fait avancer des études expérimentales qui se sont plus tard transformées en théorie du bien-être et en modèle PERMA. Ceux-ci se concentrent sur la façon dont les émotions et les relations positives, ainsi que l’engagement personnel, conduisent à la réalisation des objectifs et à l’équilibre émotionnel.

Expérimentalement, la nécessité de contrecarrer les pensées négatives de l’être humain en tant que mécanisme antidépresseur a été soulevée, mettant en évidence les émotions de bonheur et d’optimisme. C’est-à-dire que pour ne pas tomber dans la dépression, les situations qui nous arrivent doivent être rationalisées ou expliquées, de manière positive et non négative. Cela implique une perspective de plaisir et d’espoir.

Désapprendre contre l’impuissance apprise

La gestion que nous faisons de nos relations interpersonnelles est directement associée à notre santé mentale, notamment à l’estime de soi et aux stratégies de résolution de problèmes que nous avons tendance à utiliser. En ce sens, l’impuissance apprise (absence d’espoir) nous empêche de mobiliser nos ressources pour tenter de sortir d’une situation compliquée.

En d’autres termes, cela nous fait baisser les bras et abandonner. Une position qui, dans de nombreux cas, mène directement à la dépression. Ainsi, il est capable d’influencer, et beaucoup, notre façon d’agir, de penser et de ressentir.

Dans de nombreux cas, l’anxiété et la dépression apparaissent lorsque nous nous sentons incapables de trouver des solutions aux problèmes. Le manque d’initiative face à une difficulté ou la délégation de toute responsabilité sont deux des corrélats de cette impuissance apprise. Seligman affirme que ce manque d’auto-efficacité (je peux le faire) combiné à un faible locus de contrôle (l’atteindre dépend de moi) peut être désappris en tant qu’attitude vitale.

Des situations difficiles au travail, à l’école ou dans le milieu social ou familial peuvent générer un sentiment d’impuissance chez une personne, en même temps qu’elle se sent agressée ou violentée. Lorsque cela se produit, il ne suffit pas de dire à quelqu’un qui se trouve dans une telle situation ce qu’elle doit faire. Plus que cela, il faut lui faire voir qu’il conserve la capacité d’influencer positivement ce qui se passe.

Imaginons, par exemple, un athlète blessé. Cet athlète peut avoir besoin de ne pas courir pendant un certain temps pour récupérer. Il ne pourra peut-être pas utiliser cette méthode courante pour améliorer ses performances, mais il peut en utiliser d’autres. Par exemple, il peut se rendre chez un kinésithérapeute pour accélérer la récupération, travailler les chaînes musculaires qui n’ont pas été touchées par la blessure ou soigner son alimentation pour éviter de prendre du poids.

Un athlète en proie à une impuissance acquise aura l’impression que la seule chose qu’il peut faire est de laisser passer le temps jusqu’à ce que la blessure guérisse. Non seulement cette attitude le frustrera et érodera son sentiment de contrôle, mais elle signifiera également que lorsqu’il guérira de sa blessure, il devra retrouver toute la forme qu’il a perdue.

Les sentiments et les émotions, comme l’amour, le courage, la bravoure, la persévérance, le développement de l’intelligence sociale, peuvent être appris. Cela aide à restructurer les pensées négatives. À son tour, cela conduit à avancer dans des situations qui testent notre force mentale.

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Théorie du bien-être ou modèle PERMA

Une autre des grandes contributions de Martin Seligman à la psychologie est le modèle PERMA, qui décrit le libre choix des personnes pour accroître leur bien-être. Par conséquent, il comprend les bases et les indicateurs pour se sentir bien, être positif et maintenir cette attitude et ce sentiment le plus longtemps possible au jour le jour et dans la vie.

À noter que ce modèle est une évolution de sa première proposition Les Trois Chemins du Bonheur (1999). L’auteur change alors d’objet d’étude, passant de l’étude du bonheur à l’étude du bien-être (2010).

Dans ce cas, PERMA est un acronyme qui regroupe les cinq principaux éléments sur lesquels s’articule ce modèle. Ils se résument en :

  • P (émotions positives) : il s’agit d’augmenter la quantité d’émotions positives (gratitude, espoir, amour, curiosité, etc.), pas en les échangeant ou transposant avec les négatives (peur, tristesse, colère, etc.) mais plutôt comme un outil pour y faire face.
  • E (engagement) : cela consiste à s’engager envers soi-même et ses forces afin de se placer dans un état d’harmonie, d’affinité, de flux de conscience. C’est l’engagement dans la recherche des activités qui nous permettent d’entrer dans un état d’activation optimal ; comme lorsque nous sommes tellement plongés dans un projet ou une tâche et que le temps semble s’arrêter, car nous nous concentrons uniquement sur ce que nous faisons dans le moment présent.
  • R (relations) : cela signifie favoriser des relations saines et positives, car c’est un facteur essentiel pour atteindre notre bien-être.
  • M (sens et but) : ce facteur fait référence à la recherche de sens et de but dans nos vies et implique l’appartenance à quelque chose de plus grand que soi. Ainsi, chaque objectif atteint, chaque but atteint sous-tend un sens pertinent qui l’imprègne d’un sens transcendantal.
  • A (accomplissement) : cela suppose une réussite et un sentiment d’accomplissement. Par conséquent, cela implique l’établissement d’objectifs qui, une fois atteints, serviront à se sentir compétent et autonome.

Pour Seligman, si nous parvenons à couvrir tous ces facteurs, nous pouvons atteindre un bien-être durable et complet. Cependant, il précise que nous ne devons pas essayer de promouvoir chacun des facteurs du modèle PERMA de manière égale, ou même de manière forcée ou imposée : nous devons plutôt essayer de promouvoir ceux avec qui nous nous identifions et nous sentons le plus à l’aise, sans avoir à mettre en péril notre propre bien-être.

Émotions positives et motivation à agir dans des situations difficiles

Nous le voyons : la démarche de Martin Seligman vise à travailler les émotions de manière positive. À nourrir et mettre en valeur les bonnes choses de chaque être humain. Cela, en soi, contribue à augmenter considérablement la confiance et l’estime de soi d’une personne.

L’objectif est de s’assurer que les individus parviennent à déployer leurs capacités dans des situations conflictuelles, de favoriser la résolution positive des difficultés et de motiver des actions efficaces dans des situations spécifiques ; désapprendre ce comportement de laisser aller les choses ou de les réprimer.

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Enfin, le concept de bien-être de Seligman englobe celui de bonheur et d’optimisme. Les deux peuvent être trouvés à travers des émotions positives, un engagement dans des activités, des relations positives avec l’environnement, la création d’objectifs et de réalisations personnels. C’est ce qui, finalement, empêche de tomber dans la dépression et favorise une vie agréable.


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  • Maier, S. F., & Seligman, M. E. (1976). Learned helplessness: Theory and evidence. Journal of Experimental Psychology: General, 105(1), 3–46. https://doi.org/10.1037/0096-3445.105.1.3
  • Tayyab, R & Seligman, M. (2018). Positive Psychotherapy: Clinician Manual. Oxford University Press.

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