Limérence, quand aimer est un enfer

L'absence d'amour implique souvent la souffrance. Pourtant, en d'autres occasions, c'est justement une façon extrême de vivre l'amour qui nous fait souffrir. La limérence est cette expérience d'amour qui finit par en faire un véritable enfer.
Limérence, quand aimer est un enfer
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 17 septembre, 2022

Lorsque certaines circonstances négatives convergent, l’amour cesse d’être sublime. C’est alors qu’aimer est un enfer. La vérité est que nous donnons souvent le nom d'”amour” à ce qu’il n’est pas. Fondamentalement, nous confondons l’expérience d’aimer avec celle d’être aimé. De là naissent, parfois, ces obsessions “d’amour” qui cesse jamais.

Un terme définit cet état dans lequel aimer est un enfer : la limérence. La psychologue Dorothy Tennov inventa le terme en 1979. Elle le fit suite à des recherches sur l’amour romantique au cours desquelles elle consulta les opinions de plus de 500 personnes.

Limérence est compris comme cet état d’esprit dans lequel aimer est un enfer. C’est-à-dire cette condition dans laquelle une personne se sent “amoureuse” d’une autre et développe un désir obsessionnel et impératif d’être réciproque. Cet état à un lien avec le trouble obsessionnel-compulsif. Cela implique donc de grandes souffrances pour l’individu.

« Les idées fixes rongent nos âmes avec la ténacité de maladies incurables. Une fois qu’elles la pénètrent, elles la dévorent, ne lui permettent plus de penser à rien ni d’aimer quoi que ce soit ».

-Guy de Maupassant-

aimer enfer

Quand aimer est un enfer

Nous savons tous que tomber amoureux est un état qui se caractérise par l’intensité des sentiments et des émotions en présence. Non seulement se sentent « des papillons dans le ventre », mais le sens critique se perd et la raison passe au second plan. Le sentiment «d’amour» est omniprésent, puissant et très gratifiant. Il se vit comme une « douce souffrance ».

La chose normale est qu’après cette phase d’énorme exaltation des émotions, viennent d’autres étapes dans lesquelles l’équilibre et le souci de ses propres intérêts se récupèrent progressivement. L’intensité du sentiment diminue, des éléments rationnels s’introduisent et ce type de “cécité” se dissipe. Lorsque la relation est saine, elle passe à une étape plus profonde, plus réelle, emprunte de tendresse.

Dans le cas de la limérence, les mêmes symptômes que lorsque nous tombons amoureux se ressentent. Cependant, la différence porte sur deux aspects :

  • D’abord, que ce ne sont pas les deux personnes, mais une seule d’entre elles qui ressent toute cette passion.
  • Enfin, que dans les cas où les deux font l’expérience de tomber amoureux, l’un surmonte cet état, tandis que l’autre ne le fait pas.

Dans les deux cas, l’élément commun est qu’il n’y a pas de correspondance. Cela nous amène à une troisième caractéristique de la limérence. Lorsqu’on découvre que cette correspondance n’existe pas, la personne “amoureuse” décide de ne pas l’accepter. Par conséquent, elle met tout en œuvre pour que l’autre ressente la même chose. Et elle hésite à admettre que cela n’arrivera peut-être pas. Dans ces moments-là, l’aimer est un enfer.

Limérence, quand aimer fait mal

D’être un sentiment agréable et exultant, l’amour devient une torture lorsque la limérence se produit. Cette obsession ne laisse pas vivre en paix une minute. Aux illusions vagues et constantes succèdent de dures déceptions. Maintes et maintes fois ce cycle  redémarre. La personne se sent piégée dans le sentiment d’amour et ne peut pas trouver un moyen d’arrêter de ressentir cela.

Ainsi, l’amour est vécu comme une expérience négative, dans laquelle on souffre trop. Face à cette souffrance, la personne cherche un moyen d’assurer l’amour de son partenaire, commet des erreurs, des pensées de doute et d’insécurité l’assaillent. Ces pensées remplissent la personne d’anxiété et d’inquiétude. Dans ces cas-là, aimer est un enfer.

aimer enfer

Quelqu’un qui vit la limérence ne peut littéralement pas arrêter de penser à «l’être aimé». Parfois il essaie, mais les pensées intrusives lui reviennent à la tête, sans pouvoir les remettre dans un coin. Il idéalise et surdimensionne aussi l’autre. Il commence à vivre en fonction de l’autre et des possibilités avec l’autre, en réfléchissant à la manière de créer des occasions de rencontrer cette personne et de faire des choses qui lui plaisent.

Ce types de sentiments donnent également lieu à des manifestations physiques. La personne peut alors ressentir des symptômes tels que des tremblements, des palpitations, de la transpiration, de la nervosité, des troubles du sommeil, etc. Tout ce qui caractérise une obsession.

Sortir de l’enfer de la limérence

En arrière-plan nous trouvons les traits d’une personnalité obsessionnelle-compulsive. C’est un trouble majeur avec des conséquences différentes. Dans le cas de la limérence, “être aimé” n’est qu’un prétexte pour afficher un ensemble de symptômes, qui sont liés à des problèmes plus profonds.

Une personne obsessionnelle peut fixer son attention sur un sport, une religion, une idée ou tout autre type d’objet ou de réalité. Dans le cas de la limérence, l’accent est mis sur une autre personne et le sentiment d’unité. Cette approche obsessionnelle conduit à des actes compulsifs (automatiques et irrationnels). Elle conduit de nombreuses personnes à finir par définir l’amour comme un état infernal.

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En fait, il n’y a pas d’amour ici. Il y a en fait une altération de la conscience qui peut être liée à des expériences traumatisantes non traitées. Celles-ci viennent du passé et n’ont pas été reconnues. Le prétendu amour brûlant pour l’autre peut n’être rien de plus qu’un écran de fumée pour cacher cette dette envers soi-même. Si oui, une visite chez le psychologue est indispensable.

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  • Sternberg, R. (1986), “A triangle of love”, Psychological Review 93: 119-135.
  • Sternberg, R., & Weis. (2006), The New Psychology of Love. Londres: Yale University Press.
  • Tennov, D. (1979), Love and Limerence. The Experience of Being in Love. Scarborough House.

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