L'humiliation : une atteinte à notre identité

L'humiliation : une atteinte à notre identité
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Il y a beaucoup d’émotions que nous pouvons ressentir de manière intense. La culpabilité, la colère, la tristesse et la rage font partie de ces dernières. Cependant, il y en a une autre que nous n’avons pas mentionnée et qui provoque un impact si fort qu’elle peut en arriver à nous détruire : l’humiliation.

L’humiliation est un état émotionnel négatif qui laisse une profonde trace en chacun de nous. Sentir que nous manquons de valeur, que nous sommes médiocres et que, quoi que nous fassions, nous serons considérés comme ridicules, est une croix que nous pouvons traîner derrière nous pendant longtemps.

“Cela a toujours été un mystère pour moi ; comment des hommes peuvent-ils se sentir honorés de l’humiliation de leurs semblables ?”

-Mahatma Gandhi-

L’humiliation active des aires cérébrales liées à la douleur

L’Université d’Amsterdam a réalisé une étude à laquelle ont participé 46 volontaires, dans le but de comparer leurs réactions face à différents états émotionnels. Les chercheurs ont analysé les ondes cérébrales des participants pendant qu’ils lisaient des compliments et des insultes sur un écran.

Plusieurs histoires leur ont aussi été racontées, au cours desquelles ils devaient se mettre dans la peau du protagoniste. De cette façon, ils seraient capables de se connecter à ses émotions en se mettant à sa place. L’une des situations consistait, par exemple, à ce qu’ils aillent à un rendez-vous ; lorsque la personne qu’ils devaient rencontrer les voyait, elle faisait demi-tour et s’en allait.

Les chercheurs ont découvert que le sentiment d’humiliation donnait lieu à une activité cérébrale beaucoup plus rapide et intense que la joie, plus négative que la colère et que, par ailleurs, les aires liées à la douleur s’activaient.

L’humiliation active ces aires cérébrales qui sont liées à la douleur.

aire du cerveau affectée par l'humiliation

Même si les compliments donnaient lieu à de la joie, le sentiment d’humiliation était beaucoup plus intense que cette émotion si agréable. Mais le plus incroyable est le fait d’avoir pu observer que la colère ne rivalisait même pas avec elle. Les insultes dérangeaient ou faisaient se fâcher beaucoup des participants, mais l’humiliation avait une charge beaucoup plus négative.

Le sentiment d’humiliation est présent dans notre quotidien

L’humiliation est une émotion qui est présente dans notre quotidien. En fait, beaucoup de personnes sont incapables de communiquer, sauf en humiliant les autres : elles croient qu’en faisant cela, elles leur font du bien. Cependant, elles n’ont pas l’empathie nécessaire pour leur transmettre ce qu’elles veulent dire de façon plus agréable et subtile.

Un exemple pourrait être celui de cette mère qui complimente l’ami de son fils et qui le considère comme un modèle au niveau de plusieurs tâches et comportements. Sans le savoir, elle peut être en train de rabaisser les efforts de son enfant. Si elle procède à cette comparaison quand les deux sont présents, le mal-être de son fils peut être encore plus grand en raison de l’humiliation ressentie.

Des situations de ce genre abondent dans notre quotidien, surtout dans le milieu professionnel. Cette émotion peut même être présente dans les relations de couple. Elle apparaît quand l’un des membres se moque de l’autre et le fait se sentir inférieur.

L’humiliation est une émotion désagréable et intense qui a tendance à durer dans le temps, à cause de la profondeur de sa blessure. Elle affecte notre estime personnelle et, d’une certaine façon, rend la croissance de cette dernière très compliquée.

femme blessée par une humiliation

Face à l’humiliation, l’estime de soi

Que pouvons-nous faire face à tout cela ? Comment éviter que l’humiliation ne laisse une profonde trace à l’intérieur de notre être ? De quelle façon pouvons-nous gérer le mal-être qu’elle provoque ?

La clé consiste à nous connaître et à nous valoriser. À ne pas accorder plus d’importance à l’opinion des autres qu’à la nôtre. À savoir qui nous sommes et à empêcher que les autres nous définissent. En définitive, elle consiste à prendre soin de notre estime de nous-mêmes pour que, dans les moments de doute, nous soyons capables de retrouver notre confiance en nous.

Pour cela, il est très important de prendre soin de notre langage interne, de la façon que nous avons de nous parler. Nous disons-nous des choses agréables ou nous répétons-nous à longueur de temps “je suis trop bête”, “je ne suis capable de rien” ou “je suis un désastre”?

Nous devons nous traiter correctement, nous valoriser et nous aimer. Si nous sommes permissifs avec les autres, pourquoi ne pas l’être avec nous-mêmes ? Autorisons-nous à faire des erreurs, après tout personne n’est parfait.

Valorisons-nous jusqu’à ce que toutes les tentatives d’humiliation des autres ne génèrent plus en nous que de l’indifférence. Nous ne pouvons pas empêcher les autres de nous humilier, mais nous pouvons changer la façon dont cette humiliation nous affecte.

Ce n’était qu’un âne qui m’avait fait tomber, mais j’ai appris qu’humilier quelqu’un, c’est le faire souffrir inutilement.”

-Nelson Mandela-

Maintenant que nous avons compris que l’humiliation suppose une atteinte à notre identité et qu’elle a pour but de nous faire du mal, prenons les mesures nécessaires. Commençons à nous valoriser, à ne pas dépendre autant de l’approbation des autres et à croire en nous.

 

 


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