Les mots font mal uniquement quand on estime la personne qui les dit
Les mots ont tellement de pouvoir qu’ils sont capables de provoquer une douleur émotionnelle très forte, comme si nous avions reçu un coup, comme si une attaque en règle avait atteint notre âme, brisant alors notre cœur en mille morceaux.
Cependant, cet effet aura du pouvoir uniquement si les mots proviennent d’une personne qui est significative pour nous : notre conjoint, un proche, un ami…
C’est comme une rupture avec nos schémas et notre équilibre. C’est comme sentir une agression provenant de quelqu’un de très intime.
L’impact du langage est durable. Aucun enfant n’oubliera un mot méchant, et personne ne peut effacer de son esprit l’agression verbale ou communicative de son conjoint.
Le langage n’est pas seulement un ensemble de mots associés à des significations dont nous héritons et que nous apprenons socialement et culturellement.
En réalité, le langage est avant tout une manière de communiquer et de transmettre des émotions. Le ton et l’expression faciale sont aussi des manières de communiquer.
Tout au long de notre vie, nous recevons des commentaires peu appropriés, méchants et même mauvais. Toutefois, nous en oublions la plupart et ils ne laissent pas d’empreinte dans notre cerveau.
Les mots qui laissent des marques et des cicatrices, ce sont ceux qui proviennent de la bouche des êtres aimés.
Nous les gardons tous dans le “grenier” sombre de notre mémoire, comme ces phrases péjoratives qu’un proche nous a dites. Et même, peut-être qu’aujourd’hui, vous vous souvenez avec douleur de certaines phrases et certains mots prononcés par cette personne que vous aimiez tant.
Les mots qui laissent des cicatrices
Il y a quelque chose dont nous devons tenir compte : aucun de nous n’est à l’abri de prononcer à un moment donné un mot peu approprié, qui fait mal ou qui gêne quelqu’un.
Cela peut être très ponctuel, mais le problème survient quand après les mots, vient la communication nocive.
Les mots vides d’affect ou d’empathie créent de graves carences chez l’être humain. Ce sont des vides de solitude et d’isolement pour les petits enfants, et des abîmes de déception et d’amertume pour la personne blessée par son conjoint.
Paul Watzlawick, un célèbre psychologue autrichien, expert en communication et en langage, a créé une théorie intéressante sur ce qu’il appelle la “déconfirmation”.
On y trouve le pouvoir destructeur des mots dans la communication humaine, et les manières les plus communes dont ils sont exprimés :
- La dévalorisation : dans ce type de communication, on utilise un type déterminé de mots qui cherche avant tout à diminuer la valeur de la personne.
On ôte de l’importance à tout ce qu’elle fait ou dit, et on utilise un langage qui discrédite ou qui enlève de la valeur à toute sa personne, à toute son essence. C’est très destructif.
- La disqualification : dans ce cas, ce que l’on cherche, ce n’est pas dévaloriser, mais “invalider”. Ce sont des phrases comme “tu ne sers à rien”, “tu es la personne la plus maladroite du monde”, “tu n’arrives à la cheville de personne”…
- La “déconfirmation” : ce degré de communication annule complètement une personne. Si dans les cas précédents, la valeur était nulle et l’humiliation à son paroxysme, ici, on ignore.
Peu importe que l’enfant fasse quelque chose de bien ou de mal, on l’ignore. Peu importe que le conjoint soit à côté, il n’est pas présent. C’est comme s’il n’existait pas…
Comment affronter les mots qui font du mal ?
Parfois, il y a des personnes qui tout simplement, ne savent pas communiquer, qui manquent d’outils adaptés pour offrir une proximité émotionnelle, du respect et de la reconnaissance. Ce sont ces personnes qui parlent sans réfléchir et qui font du mal sans s’en rendre compte (au moins dans la plupart des cas).
La première condition dans toute forme de communication et d’usage des mots, c’est le respect.
Tout au long de notre vie, nous avons affronté ces situations. Sentir de la douleur à cause de certains mots provenant des proches est quelque chose que nous devons savoir affronter. Et en voici les clés :
- Nous devons réfléchir à la personnalité de cette personne. Peut-être que nos parents ou notre frère ou sœur a cette caractéristique : la carence d’une communication émotionnelle et respectueuse. Si tel est le cas, c’est quelque chose que nous devons accepter mais toujours en montrant à chaque fois que cela fait du mal.
- Si cette communication est toujours agressive et affecte nos droits jusqu’à mener jusqu’à la disqualification, il est clair qu’il ne faut pas alimenter cette relation. C’est un type de maltraitance et donc, nous devons nous défendre et mettre la distance nécessaire.
- Dans le cas du conjoint, par exemple, si ce dernier utilise toujours des mots chargés d’ironie, vous devez comprendre que c’est une manière de montrer une vulnérabilité personnelle. Mais ne le permettez pas pour autant.
- Comprenez dès le début que l’usage déterminé que fait quelqu’un des mots en dit long sur sa personnalité. Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec son langage, ne voyez plus cette personne.
Nous pouvons tous prononcer ou recevoir de mauvaises paroles. Si c’est ponctuel, n’hésitez pas à en faire part à voix haute pour signifier votre mécontentement, votre gêne et votre douleur.
Utilisez la “personnalisation” et faites voir à l’autre personne ce qu’elle ressentirait si elle était à votre place.
L’un des principaux problèmes de la communication est que nous n’écoutons pas pour comprendre, nous écoutons pour répondre, et c’est ici qu’apparaissent les mots qui font du mal.
Images de “Art in the Dark” et Beth Joole
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