Les gens courageux sont ceux qui connaissent le mieux la peur
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Ces jours-ci encore, nous ne nous remettons toujours pas du coup que l’Espagne a subit dans l’une de ses plus importantes villes, Barcelone. Les gens – les gens qui y vivent, indépendamment de leur idéologie – ont ressenti les pertes et les blessures comme si c’étaient les leurs propres. Des manifestations de peur et de rejet se sont produites. Bien sûr, certaines avec plus de succès que d’autres.
De tous les messages qui ont gagné des adhérent-e-s dans les manifestations et les réseaux sociaux, l’un d’eux a particulièrement attiré notre attention. Peu original, très récurrent et pas moins intéressant. C’est celui qui déclare que nous n’avons pas peur. A présent, posons-nous la question, “vraiment pas, ce n’est pas une émotion que ces événements pourraient avoir dessiné sur le visage des habitants ou des touristes de la ville de Condal”?
“Parlons de la peur, parce que j’ai peur et ma grand-mère aussi quand elle me dit de ne pas m’aviser de me promener dans ces quartiers.”
Oui, j’ai peur
Cette devise peut innocemment capturer tout ce que nous devons encore comprendre dans le domaine des émotions. L’intelligence émotionnelle est à la mode, elle remplit les étagères des librairies et les titres des articles, mais nous sommes loin de l’inclure dans notre discours, qui, en fin de compte, n’est rien de plus qu’une manifestation quotidienne de la façon dont nous pensons et ressentons.
Parlons de la peur, parce que je l’éprouve ainsi que ma grand-mère quand elle me dit que je ne peux même pas me promener dans ces quartiers. Prudence, précaution, peur. La peur de ce qu’il peut se produire : par l’inattendu, l’inévitable, l’aléatoire. Aussi promptement que surviendra l’oubli pour celleux qui ont vu les images recadrées et n’ont pas écouté les sirènes ou cherché un moyen désespéré de sortir de ce piège, lieu de promenade paisible ornée de roses juste quelques instants auparavant.
Nous parlons du fait que nous ne voulons pas reconnaître la peur à cause de la panique qu’elle nous inspire en nous montrant sensible : parce qu’enfant on nous a enseigné que montrer de la sensibilité est un signe de faiblesse. C’est ainsi que cela nous fait paniquer de nous sentir vulnérables, de le reconnaître pour notre dialogue conscient intérieur. Ainsi, nous passons sur la peur sur la pointe des pieds et la nions catégoriquement. Mais il n’y a pas péril en la demeure, n’est-ce pas ?
Que se passe-t-il lorsque nous nions la peur ?
Quelles sont les conséquences de nier une émotion, dans notre cas, la peur ? En premier lieu, l’énergie de cette émotion est dispersée ou dérivée vers d’autres émotions que nous connaissons, telle la colère ou la colère. En augmentant l’énergie des émotions de ce pôle, le contrôle que nous avons sur eux devient beaucoup plus faible. Cela engendre des actes de vengeance insensés contre celleux, pensons-nous, qui partagent des caractéristiques avec les terroristes. Dans ce cas, la caractéristique qui a une plus grande importance est la religion.
Et que produit la culpabilisation d’adeptes de toute une religion ? Par exemple, il facilite le travail des recruteurs d’adeptes de la barbarie. C’est-à-dire que la conséquence presque immédiate est la multiplication des personnes désireuses de gagner le paradis au prix de leur vie et de celleux qui les «haïssent».
D’autre part, gardons à l’esprit que lorsque nous ignorons la peur, nous cachons notre courage. Un courage qui mérite au moins la récompense d’être reconnu-e par celleux qui en sont porteur-se-s ou l’ajoutent à leur blason. La peur nous permet de reconnaître l’effort et le mérite des citoyen-ne-s qui, le lendemain, sont sorti-e-s dire aux terroristes qu’iels ne se cacheront pas. Iels nous permettent également de comprendre celleux qui ne l’ont pas fait.
Reconnaître la peur facilite également le déchiffrage de notre monde intérieur ou explique la symptomatologie caractéristique de l’anxiété que nous pouvons présenter. En la niant cependant, nous perdons cette possibilité et risquons de finir par la dissocier.
La peur que peut provoquer un attentat, est au début très adaptative. Elle nous dit, “Attention ! Quelque chose arrive, soyons prudent-e-s”. De plus, reconnaître la peur nous permet de ressentir de l’empathie ou de nous sentir proches de personnes qui la ressentent également. Autrement dit, quand l’émotion est cohérente avec ce qui s’est passé, nous les empêchons de se sentir bizarres, faibles…et les inconséquent-e-s sont peut-être celleux qui tentent de nier ce qu’iels ressentent.
A ma grand-mère, je dis que je comprends sa peur et que moi aussi je l’éprouve. Qu’elle ne s’inquiète pas, je ferai attention…elle est plus sereine parce qu’elle sait que mon comportement ne sera pas insensible à la façon dont nous deux nous sentons. Une émotion qui nous donne à tous les deux l’opportunité d’être courageux-ses.
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