Les caractéristiques cognitives d'un agresseur

Des recherches ont permis d'établir les caractéristiques cognitives d'un agresseur. La plus importante d'entre elles est la présence de certaines distorsions cognitives telles que le déni, la minimisation et la projection.
Les caractéristiques cognitives d'un agresseur
Elena Sanz

Rédigé et vérifié par Psychologue Elena Sanz.

Dernière mise à jour : 29 avril, 2019

Les neurosciences ont réussi à établir les principales caractéristiques cognitives d’un partenaire violent. Elles ne correspondent pas à un genre particulier : elles s’appliquent aux hommes et aux femmes  de manière égalitaire. Ces traits ne semblent pas liés au féminin ou au masculin, mais au fonctionnement propre du cerveau humain.

Bien évidemment, le phénomène de la violence conjugale est influencé par des aspects sociaux, culturels et psychologiques. Cependant, l’utilisation fréquente de ce type de comportement configure des connexions neuronales spécifiques et un traitement singulier des pensées. C’est pourquoi nous pouvons distinguer les caractéristiques cognitives d’un agresseur.

Grâce à diverses études, la science a pu établir que les agresseurs dans le couple ont tendance à avoir certaines distorsions cognitives. Ce sont des schémas mentaux erronés qui sont utilisés pour interpréter les faits. Sur cette base, une liste des principales caractéristiques cognitives d’un agresseur a été dressée.

“Accepter un premier mauvais traitement est le début d’une longue humiliation. Aimez-vous vous-même, ils ne pourront pas vous maltraiter.”

-Auteur anonyme-

caractéristiques d'un agresseur


Les distorsions cognitives et la maltraitance

Dans une étude réalisée à l’Université du Pays Basque, 11 enquêtes précédentes ont été évaluées et une analyse a été appliquée à 180 personnes ayant agressé leur partenaire au cours de leur vie, et qui se trouvaient en prison au moment des travaux. A partir de ces données, il a été possible pour les chercheurs de conclure qu’il y avait des distorsions cognitives récurrentes chez les agresseurs.

Ces distorsions cognitives ont pour fonction de rationaliser ou de justifier des comportements socialement répréhensibles. Il s’agit, par exemple, d’expliquer de manière convaincante les raisons qui mènent à la violence, ce qui donne l’impression qu’il s’agit d’un comportement logique et acceptable. Les principales distorsions cognitives constatées étaient :

  • Le déni. L’auteur ni que l’agression ou les mauvais traitements qu’il a pu infliger soient un problème auquel il faut s’attaquer. Il considère que c’est normal et passager
  • La minimisation. L’agresseur minimise l’importance des agressions. Il peut dire, par exemple, que “c’était juste une gifle” ou que “les mots ne peuvent faire de mal à personne“.
  • L’attribution de la culpabilité aux autres. Ils parlent de l’autre comme étant celui qui les a amenés à adopter certains comportements.

Autres caractéristiques cognitives de l’agresseur

Plusieurs études ont réussi à établir d’autres caractéristiques cognitives d’un agresseur. Il s’agit de particularités que l’on retrouve fréquemment chez les personnes qui font des agressions une façon habituelle de traiter leur partenaire. Les plus pertinentes sont :

  • Intelligence verbale moyenne ou faible. En général, les agresseurs maîtrisent moins bien le langage que leur groupe d’âge normatif.
  • Mémoire faible. Dans les enquêtes menées, les agresseurs ont montré qu’ils étaient moins capables de stocker et de récupérer des informations non verbales. En général, ils se souviennent moins des visages et des détails de l’espace.
  • Déficience des fonctions exécutives. Ces fonctions ont trait à la planification, à l’exécution et à la régulation du comportement. Chez les agresseurs, ces fonctions sont plus faibles et inefficaces.
  • Décodage émotionnel inférieur. Les agresseurs ont plus de difficulté à identifier les expressions faciales et à différencier les émotions et les sentiments tels que la peur, l’anxiété, l’angoisse, etc.

Amy Holtzworth-Munroe et Jeffrey C. Meehan ont également conçu une typologie des agresseurs. Leur étude est fondée uniquement sur les caractéristiques cognitives d’un agresseur masculin. En effet, les chercheurs ont sélectionné d’un groupe composé uniquement d’hommes pour leurs travaux. Cependant, leurs conclusions s’appliquent aussi à de nombreuses femmes.

cerveau de l'agresseur


Le cerveau et le comportement

Il est important de noter que, même si les caractéristiques cognitives d’un agresseur ont été définies, il n’existe pas encore d’inventaire entièrement concluant à cet égard. Tout comme il y a des enquêtes qui appuient ce qui précède, il y en a d’autres qui montrent d’importantes variations.

Il convient de souligner que le cerveau est un organe doté d’une grande plasticité. Cela signifie que les événements, les expériences, l’apprentissage, etc. réussissent à introduire des changements importants dans le cerveau. Il est donc difficile de dire qu’une personne a des traits fixes ou immuables. L’être humain est dynamique.

D’autre part, dans ce type de phénomènes, l’environnement culturel et les expériences antérieures ont tendance à avoir plus de poids. Il n’est donc pas rare qu’une personne maltraitée devienne un agresseur lorsque les conditions le permettent. Il existe également des environnements tolérants ou permissifs face aux agressions.

Rappelons-nous que, bien que nous ayons tous des impulsions agressives dès la naissance, elles sont modelées et configurées par notre éducation. Plutôt que de dénoncer certains types de personnes en particulier, le véritable enjeu consiste à travailler à éradiquer certains styles d’éducation et de pédagogie qui enseignent l’agression et la maltraitance, en les considérant comme des moyens valables pour obtenir de l’autre ce que la personne veut.

 


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  • Fernández-Montalvo, J., & Echeburúa, E. (1997). Variables psicopatológicas y distorsiones cognitivas de los maltratadores en el hogar: un análisis descriptivo. Análisis y Modificación de Conducta, 23 (88), 151-180.

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