Le rôle de la régulation émotionnelle dans les troubles de la conduite alimentaire
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Peut-être n’avez-vous jamais pris le temps d’y penser, mais nous n’avons pas tous la même capacité à reconnaître, accepter et réguler nos émotions. Maintenant que nous avons posé le sujet sur la table : êtes-vous capable (cela ne fait aucun doute) de penser à quelqu’un qui reconnaît très rarement que quelque chose le dérange ?
Ou encore à une personne pour qui il est tellement difficile de réguler ses émotions négatives, que la majorité des personnes qui la connaissent savent qu’elle a un problème avec l’anxiété ou la tristesse. Il se peut que vous soyez en train de vous-même vous identifier à ce portrait. Les faits de reconnaître, d’accepter et de réguler nos émotions sont des compétences qui ont une influence notable sur différents troubles psychologiques qui incluent notamment ceux de la conduite alimentaire… Découvrez le pourquoi de ce lien étroit !
« La première richesse est la santé. »
-Emerson-
Qu’est-ce que la régulation émotionnelle dans les troubles de la conduite alimentaire ?
En premier lieu, il est important de mettre l’accent sur le fait que la régulation alimentaire dans les troubles de la conduite alimentaire est différente, selon des études scientifiques diverses, de celle des personnes qui ne souffrent pas de pathologies psychologiques. D’une part, on a découvert que les personnes souffrantes présentent une alexithymie plus importante. En fait, cela signifie qu’elles ont plus de difficulté à identifier et à décrire leurs sentiments. C’est tout à fait logique car lorsqu’une personne ne sait pas reconnaître les émotions qu’elle ressent, elle éprouve davantage de difficultés à choisir la meilleure stratégie afin de les réguler.
Expliquons-nous : si nous ne nous rendons pas compte que nous sommes fâchés : comment allons nous faire pour que cette colère diminue ? Cela paraît compliqué n’est-ce-pas ? En fait c’est l’un des problèmes de régulation émotionnelle qui sont liés aux troubles de la conduite alimentaire. Il faut ajouter à cela un autre handicap : l’usage de stratégies inadaptées afin de réduire le mal-être. Lorsque ces personnes se rendent compte qu’elles vont mal, elles ne « se comportent » pas de manière adaptée à cet état.
« L’homme intelligent devrait considérer que la santé est la plus grande des bénédictions humaines. Que la nourriture soit ton médicament. »
-Hippocrate-
Au contraire, ces personnes tentent de contrôler leurs émotions en ayant recours à la fuite, l’évasion ou le déni. Ces conduites provoquent en réalité un effet inverse, en donnant lieu à une présence chronique de leurs émotions négatives. Illustrons cela par un exemple : lorsqu’une personne avec cette problématique se sent mal car elle pense que si elle mange elle va grossir, elle tente de contrôler son anxiété en se limitant l’accès à la nourriture. A court terme, elle parviendra ainsi à faire diminuer son mal-être.
Mais sur le long terme, l’effet qui se produira sera la production chaque fois plus importante d’émotions négatives et donc l’ingestion de quantités plus petites de nourriture, ainsi l’inconfort minimum sera progressivement plus grand. Ce cercle vicieux s’observe également chez les boulimiques : la personne mange car elle se sent mal, mais elle se torture ensuite du fait de l’ingestion excessive et se fait vomir pour se purger, ce qui implique pour elle d’expérimenter à nouveau des émotions négatives car elle sait que ce qu’elle fait est mal.
Pourquoi est-il important d’améliorer la régulation émotionnelle des personnes atteintes de troubles alimentaires ?
Au vu des explications précédemment apportées, le rôle joué par la régulation émotionnelle dans les troubles alimentaires et la nécessité de l’améliorer sont une évidence. D’autre part, il est important d’effectuer un échange entre la restriction des aliments ou les comportements boulimiques (et des vomissements qui en découlent) et des stratégies d’affrontement et de contrôle émotionnel plus adaptées (meilleures pour les personnes qui les emploient).
Mais il ne faut pas uniquement travailler sur cela pour que les conduites pathologiques menées par des personnes souffrant de ces maladies ne s’améliorent. La réalité est que le fait d’être capable d’accepter, d’identifier et d’exprimer nos émotions nous est bénéfique d’un point de vue global, en produisant une sensation de bien-être physique et mental.
De plus, être capables de réguler nos émotions négatives de manière adaptée, grâce à des stratégies d’affrontement adaptatives, permettra une diminution des niveaux symptomatiques d’anxiété, de tristesse et de colère. En fait, on a découvert que le fait de travailler sur la régulation émotionnelle dans les troubles de la conduite alimentaire améliore notablement le pronostic des malades.
« Manger n’est pas uniquement un plaisir matériel. Bien manger donne à la vie une joie spectaculaire et contribue en grande partie à la bonne volonté, au moral et au bonheur. »
-Elsa Schiaparelli-
Images de Olenka Kotyk, Nordwood Themes y Jairo Alzate
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