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L'anatomie de la peur : les bases physiologiques et psychologiques

7 minutes
L'anatomie de la peur : les bases physiologiques et psychologiques
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Thomas Hobbes disait que le jour de sa naissance, sa mère a donné vie à deux jumeaux : lui, et sa peur. Peu d’émotions nous définissent autant que ce matériel obstiné et récurent qui non seulement ne garantit pas notre survie, mais qui agit aussi souvent comme un réducteur d’opportunités, comme un ennemi vorace de nos libertés et de notre développement personnel.

La peur peut être inconfortable et paralysante, nous le savons. Cependant, l’éliminer complètement serait comme laisser les portes et les fenêtres de notre maison ouvertes, comme marcher pieds nus sur un sol piquant et caillouteux. Autrement dit, un risque insensé qui affecterait directement notre équilibre et notre subsistance.

Plus encore, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les personnes courageuses ou audacieuses ne se limitent pas non plus à effacer cette émotion de leur esprit. La peur est toujours là ; il suffit de savoir la gérer et l’accepter.

“Je crois qu’est plus courageux celui qui vainc ses peurs que celui qui vainc ses ennemis, car la plus grande victoire est celle que l’on remporte sur nous-mêmes.”

– Aristote -F

Comme le disait Alfred Hitchcock, rien ne peut résulter plus plaisant que la “peur contrôlée”. Une bonne partie de la population va au cinéma dans le seul but de ressentir de la peur, de l’angoisse, de la terreur. Cependant, pour ces personnes, le simple fait de savoir qu’elles se trouvent dans un environnement sûr et qu’ensuite elles sortiront de cette salle de cinéma “indemnes”, relaxées et en compagnie de leur compagnon/compagne ainsi que de leurs ami-e-s génère une stimulante sensation de bien-être.

Dire que la peur est nécessaire et saine n’est en rien une énormité. Cette émotion primaire résulte très bénéfique à l’être humain si tant est qu’il garde un certain contrôle sur elle. Cependant, au moment où cette réponse adaptative prend le contrôle et déclenche toute une série de tourmentes chimiques et de changements physiologiques dans notre organisme, les choses changent complètement.

C’est alors que l’on donne lieu au stress le plus paralysant, aux crises de panique et à cette “séquestration” émotionnelle nous poussant à rester soumis-es à une série de processus aussi complexes qu’intéressants…

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Les bases physiologiques de la peur : la séquestration de l’amygdale

Elena a eu un accident de la route il y a 6 mois alors qu’elle emmenait sa fille à l’école. Toutes deux s’en sont sorties indemnes, mais malgré tout le souvenir de l’incident et l’impact psychologique en découlant continuent à hanter son esprit comme une blessure ouverte qui affecte gravement sa qualité de vie.

Parfois, même le craquement de la bouteille d’eau posée sur sa table de nuit qu’elle entend alors qu’elle dort la réveille en sursaut et la mène à paniquer, car ce bruit lui rappelle le coup que l’autre voiture a donné à son véhicule. A ce jour, Elena n’arrive plus à conduire. Le seul fait de s’asseoir dans la voiture et de poser ses mains sur le volant accélère son rythme cardiaque, lui donne envie de vomir, et le monde se met à tourner autour d’elle comme si elle était assise sur une toupie lancée à toute vitesse.

En lisant cette histoire fictive mais récurrente chez celleux qui ont eu un accident de la route, nous savons que notre protagoniste devra tôt ou tard se faire aider. Cependant, pour comprendre nos crises de panique, de nos phobies et de nos peurs les plus communes, il ne suffit pas juste de comprendre leurs origines. Il est nécessaire d’aller un peu plus loin, de nous submerger dans l’anatomie de notre cerveau.

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La zone la plus ancienne de votre cerveau

Toute l’information qui entre au travers des sens passe par l’amygdale, une très petite structure de notre système limbique qui conforme à son tour cette zone la plus ancienne du cerveau, celle régie exclusivement par nos émotions. Il est intéressant de savoir que l’amygdale “supervise” tout ce qui arrive non seulement en nous, mais aussi à l’extérieur, et qui au moment où elle détecte une possible menace active une série de connexions pour générer tout un caléidoscope de réactions complexes.

L’amygdale, à son tour, a la mauvaise habitude de ne pas se fier aux détails. Elle n’a pas le temps pour cela lorsqu’il s’agit de garantir notre survie, d’où le fait que souvent elle nous fasse réagir face à des stimulations peu logiques ou peu rationnelles.

Son système “d’alarme” active immédiatement le système nerveux pour qu’il mette en marche une réponse très concrète : la fuite, et pour cela, elle préparera tout notre organisme.

  • Nous expérimentons une augmentation de la pression artérielle, une intensification du métabolisme cellulaire, une augmentation des niveaux de glucose dans le sang, une augmentation de la coagulation sanguine, voire même une augmentation de l’activité mentale.
  • Ainsi, une bonne partie de notre sang se dirige dans les muscles principaux, comme ceux des jambes, pour disposer ainsi de l’énergie suffisante pour fuir si cela est nécessaire.
  • L’adrénaline parcourt tout notre organisme, provoquant même que notre système immunitaire cesse de s’adonner à ses tâches habituelles car le cerveau ne considère pas ce travail comme essentiel à ce moment-là. Ce qui est nécessaire alors, c’est de pouvoir fuir ou, dans le cas contraire, de pouvoir nous préparer à l’affrontement.

Comme on peut le voir, toutes ces séries d’altérations physiologiques et chimiques peuvent nous aider à fuir d’un danger objectif, d’une menace réelle. Cependant, quand la peur est psychologique et intangible, quand on est face à un cas tel que celui d’Elena, qui associe chaque son brusque au souvenir de son accident en déclenchant une réponse de panique, nous comprendrons sans doute l’usure que peut supposer de vivre de cette façon pendant des mois et des années.

La psychologie de la peur et l’importance de gérer cette émotion

S’il y a bien une dimension vraiment usante pour l’être humain, c’est la peur pathologique. Celle qui conforme l’anatomie complexe du trouble de l’anxiété généralisée, de l’angoisse insensée, des phobies, de l’hypocondrie ou des troubles obsessionnels compulsifs… La peur vient de notre manière de voir en de multiples tonalités de gris et de noirs profonds, pouvant nous mener à perdre complètement notre capacité de contrôle, notre qualité de vie, notre dignité…

De fait, nous pourrions dire qu’aujourd’hui, les peurs qui nous accompagnent dans la société sont sans doute celles qui habitent dans notre esprit, celles qui ne répondent pas à des prédateurs externes, mais à ces ombres internes si difficiles à fuir, à dissuader, à désinfecter. Cependant, y arriver, c’est une obligation vitale et existentielle.

Dans la suite de cet article, nous vous proposons de réfléchir à des stratégies simples pour essayer d’y arriver.

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5 clés pour dissiper vos peurs

Découvrez quelques clés qui peuvent vous aider à faire en sorte que cette émotion ne conditionne notre comportement que pour notre bien :

  • Vous n’êtes pas votre peur : identifiez vos craintes, ne les condamnez pas au silence et au secret. Donnez-leur un nom.
  • Déclarez la “guerre” à vos peurs : comprenez qu’elles ont envahi votre intimité, adoptez une attitude active face à elles pour retrouver le contrôle de votre vie.
  • Connaissez vos peurs, comprenez qu’elles sont là : n’oubliez pas que les peurs répondent à des facteurs internes et externes, c’est-à-dire qu’il y a un facteur subjectif mais aussi quelque chose d’externe qui vous gêne, qui vous fait perdre votre calme et qui vous ôte votre courage…
  • Cessez de l’alimenter : comprenez que si on donne chaque jour plus de pouvoir à nos peurs, elles finiront par complètement s’emparer de nous. N’hésitez pas à “les rationnaliser” en rassemblant davantage de ressources personnelles, de techniques de respiration, en faisant de l’exercice, en distrayant votre esprit… Tout cela vous aidera à réduire l’angoisse.
  • Parlez-vous comme si vous étiez votre entraîneur-e : commencez à parler avec vous-même, comme si vous étiez votre propre coach, votre propre entraîneur-e, concevez des stratégies pour éliminer les conduites limitantes, encouragez-vous avec fermeté pour atteindre de petits objectifs quotidiens, félicitez-vous lorsque vous y arrivez et n’oubliez pas qu’il s’agit d’un travail constant.

Pour conclure, de même que nous pouvons le déduire grâce à cet article, le thème des peurs est une discipline complexe et très large, une zone qu’il convient sans doute de comprendre pour faire un peu plus attention à nous. Car au bout du compte, comme on le dit généralement, pour aspirer à un bonheur réel, il faut d’abord traverser les frontières de la peur.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.