La sombre histoire de l'hôpital psychiatrique d'Aston Hall

Nous savons aujourd'hui qu'à l'hôpital psychiatrique d'Aston Hall en Angleterre, les "thérapies" étaient réalisées à l'aide d'un soi-disant "sérum de vérité". De telles pratiques, associées aux différentes témoignages de l'époque, nous laissent penser qu'il s'agissait plutôt d'une maison de la terreur que d'un véritable sanatorium.
La sombre histoire de l'hôpital psychiatrique d'Aston Hall
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 19 mai, 2020

L’hôpital psychiatrique d’Aston Hall est devenu tristement célèbre lorsque plusieurs personnes qui y avaient séjourné pendant leur enfance ou leur adolescence ont commencé à rendre publiques leurs dénonciations. Cela est survenu en 1993. Démoli peu de temps après, un complexe résidentiel remplace aujourd’hui l’hôpital.

On ne saura peut-être jamais ce qui s’est vraiment passé à l’hôpital psychiatrique d’Aston Hall. Et, on ne le saura pas parce que nous ne disposons que de quelques témoignages confus. Ces témoignages émanent de patients traités là-bas par le directeur de l’établissement, Kenneth Milner.

Apparemment, ils auraient été drogués arbitrairement et ceci aurait altéré leur mémoire. Aujourd’hui, Milner est mort et la dernière chance d’entendre son témoignage a disparu avec lui.

Certains considèrent l’hôpital psychiatrique d’Aston Hall comme un lieu d’expérimentations mentales. Cependant, on ne sait pas vraiment si c’était le cas ou non. Ce que l’on sait en revanche, c’est que des patients ont reçu des traitements avec un soi-disant “sérum de vérité“. Néanmoins, il ne semble pas qu’il s’agissait d’un programme de recherche mais plutôt d’une croyance en cette forme de thérapie.

Comment étaient traités les jeunes à Aston Hall ?

L’hôpital psychiatrique d’Aston Hall

Construit en 1930, dans le comté de Derbyshire, en Angleterre, le but de l’hôpital psychiatrique d’Aston Hall était de traiter les enfants et les jeunes “spéciaux” comme on les appelait à l’époque. C’est-à-dire des mineurs avec des problèmes de comportement.

On pourrait le décrire comme un centre à mi-chemin entre une maison de correction et un établissement de soins. En tout cas, son fonctionnement s’inscrivait dans de tels paramètres.

C’est en 1993, qu’un groupe de chercheurs a publié sur Internet une série de photographies de l’hôpital psychiatrique d’Aston Hall. Peu de temps après, des commentaires de personnes qui y avaient séjourné au cours de leur adolescence ont commencé à affluer. Ils parlaient d’une série d’abus qui incluaient également des allégations de viol et des méthodes de traitement inhumain.

Plus tard, l’hôpital a fermé et le bâtiment démoli. Aucune explication claire n’a jamais été donnée concernant cette décision. Seul demeure l’écho de ces allégations. Certains journalistes ont fait des enquêtes sur le thème et c’est ainsi que certains détails lugubres ont été mis en lumière à propos de ce qui se passait entre les mûrs de cet hôpital.

La narcoanalyse

Pendant la Seconde Guerre mondiale, on a commencé à utiliser une drogue surnommée le “sérum de vérité”. Il s’agissait en fait de l’amytal de sodium, un produit chimique très puissant qui a un effet désinhibiteur. Cela signifie que si on l’injecte à quelqu’un, cette personne perd alors le contrôle de ses mécanismes d’auto-répression. La volonté se dilue en quelques sortes. Cette méthode s’appelle la narcoanalyse.

Pendant la guerre, on a utilisé ce médicament pour administrer un traitement d’urgence aux soldats qui étaient en état de choc. Par exemple, en cas d’exposition à des scènes jugées trop traumatisantes. Cela permettait alors de réprimer ou d’oublier ces expériences choquantes. Cependant, des effets secondaires invalidants se sont alors manifestés sous forme de paralysie partielle ou totale et d’états de profond désespoir.

Lorsque cela se produisait, les psychiatres militaires utilisaient à nouveau le “sérum de vérité”. En l’administrant, ils brisaient la répression des soldats. Les soldats se souvenaient à nouveau de leurs expériences traumatisantes et une catharsis se produisait. Cela leur permettait de rétablir l’équilibre, au moins partiellement. C’était un peu comme ouvrir une plaie pour la nettoyer et lui permettre de cicatriser.

Un jeune d'Aston Hall tourmenté

Un traitement discutable

Le “sérum de vérité” permet non seulement à ce mur de contention de s’effondrer, mais il produit aussi une perte de volonté. Une personne sous son effet est alors très influençable.

Selon les experts en la matière, tout comme les souvenirs refont surface, il est également possible de construire de faux souvenirs. Pour cette raison, les personnes sous l’effet de l’amytal de sodium étaient donc très vulnérables.

On utilisait presque systématiquement ce traitement à l’hôpital psychiatrique d’Aston Hall. Certains ont avancé des allégations de possibles abus sexuels. Des témoignages mentionnent même que certains patients ont été forcés de se déshabiller avant de se voir administrer le traitement.

Malheureusement, les experts indiquent que les souvenirs qui apparaissent sous l’influence de cette substance ne sont pas clairs. Ils peuvent également être induits ou modifiés.

C’est ainsi, qu’une des patientes d’Aston Hall a “découvert”, sous traitement, que son père avait abusé d’elle sexuellement. Elle l’a rapporté et y a cru pendant des années. Cependant, pour le reste de la famille, de tels faits seraient quasiment impossibles.

Après plusieurs décennies, la victime présumée a commencé à douter de ses propres souvenirs. Aujourd’hui, elle pense que ce souvenir lui aurait peut-être été suggéré d’une manière ou d’une autre.

Cependant, d’autres patients de l’hôpital psychiatrique d’Aston Hall estiment que la thérapie par le “sérum de vérité” a bien fonctionné pour eux. En fait, on ne le saura jamais. Nous parlons de personnes avec des souvenirs altérés. Tout ce que nous savons, pour l’instant, c’est que la “narcoanalyse” comporte trop de risques pour être considérée comme une thérapie valable.


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  • Picnon-Rivière, E. (1948). Teoría y práctica del narcoanálisis. Revista de psicoanálisis, 5(4), 1036-1051.


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