La métaphore du placard désordonné pour les patients traumatisés

Un traumatisme psychologique laisse notre esprit en désordre, ainsi que cassé. Une façon d’aborder cette altération interne est de sortir chaque souvenir de ces espaces sombres, de le réviser et de le traiter correctement. Nous vous expliquons comment.
La métaphore du placard désordonné pour les patients traumatisés
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 14 mars, 2023

Désespéré, perdu, brisé et désemparé. Les traumatismes psychologiques laissent des fractures émotionnelles durables invisibles à l’œil nu mais qui limitent la qualité de vie. On dit souvent que très peu parviennent à éviter ce type d’expérience, car le destin est souvent imprévisible. Cruel également.

Cela ne signifie toutefois pas que ces blessures ne peuvent pas se guérir, ni fleurir de nouveau après une phase de stress intense, d’anxiété permanente, d’insomnie et de problèmes relationnels. Comme le souligne le neurologue et psychiatre Boris Cyrulnik, tout traumatisé est contraint à la métamorphose. Et même si la douleur laisse toujours des traces, on peut lui donner une autre vie, une vie plus supportable et parfois même belle et pleine de sens.

Nous pouvons atteindre cette réalité grâce à une thérapie psychologique. C’est dans cet environnement de protection et de connexion humaine que nous pouvons commencer cette transformation. Pour ce faire, pour comprendre ce cheminement vers la guérison, une belle métaphore sur le fonctionnement de l’approche du trauma sera utile. Nous l’analysons.

Un traumatisme est un événement inattendu qui menace notre vie et notre intégrité. Il nous désintègre et nous laisse dans une situation de vulnérabilité très fragile et stressante.

placard
La métaphore du placard en désordre définit la tâche qui s’effectue en thérapie psychologique avec des patients aux prises avec un traumatisme psychologique.

Quelle est la métaphore du placard en désordre ?

Il y a un fait qui ne laisse personne indifférent et qui génère plus d’un frisson. Des recherches menées en collaboration avec des universités du monde entier indiquent que plus de 70 % des personnes interrogées déclarèrent avoir subi un traumatisme. En effet, lorsqu’il s’agit de solliciter un soutien psychologique, nombreux sont ceux qui le font pour traire les conséquences d’un stress post-traumatique.

Cette situation est bouleversante et ne fait que décrire une réalité : nous sommes tous susceptibles de vivre une circonstance menaçante. Dès qu’une personne vient au monde, il existe une infinité de circonstances qui peuvent altérer son intégrité physique et émotionnelle. Celles-ci peuvent aller de la maltraitance pendant l’enfance, à la perte d’un être cher, à des abus sexuels, à des agressions, à des relations affectives douloureuses ou à des événements sociaux indésirables.

Les blessures traumatiques que nous laissent ces expériences ont un impact sur tous les domaines de notre être : émotionnel, cognitif, relationnel, physique, social… Dans ces situations il est décisif d’avoir deux piliers : le soutien de l’environnement et un suivi psychologique spécialisé. La récupération nécessite de procéder à une série d’étapes qui illustre très bien la métaphore du placard en désordre. Nous y plongeons.

Parfois, les souvenirs d’un traumatisme sont stockés d’une manière qui n’est pas accessible à notre mémoire consciente.

Pourquoi l’utilise-t-on?

La métaphore du placard désordonné s’utilise pour comprendre comment les souvenirs traumatisants s’organisent. En général, les survivants de traumatismes présentent des souvenirs très désordonnés de l’événement douloureux. Ils peuvent souvent être bloqués, cachés au plus profond de l’esprit ou même accompagnés d’idées complètement irrationnelles et nuisibles.

Cette ressource fournit au psychologue et au patient une image simple et illustrative de ce que sera le travail thérapeutique. Il convient de récupérer ces souvenirs de ces endroits cachés, les analyser puis les enregistrer correctement.

L’hippocampe “encombre” notre placard mental

L’hippocampe joue un rôle déterminant dans la formation des traumatismes psychiques. Des recherches de l’Université Ryerson à Toronto expliquent comment les expériences négatives affectent cette région du cerveau. Et non seulement cela. Il est également important de savoir que cette zone est ce qui transforme ces souvenirs en images douloureuses et stressantes.

L’hippocampe est responsable de “l’étiquetage” des souvenirs comme traumatiques ou non traumatiques. Il est, métaphoriquement, celui qui les place dans les profondeurs du cerveau d’une manière inquiétante, les accompagnant de ces émotions de valence négative. Celles-ci sont si intenses que ce qui passa autrefois peut parfois être remémoré avec la même angoisse.

L’amygdale qualifie les souvenirs de dangereux sur vos étagères psychologiques.

Si l’hippocampe est celui qui classe vos souvenirs comme dérangeants, l’amygdale est celle qui génère ce sentiment de menace constante. Cette dernière montre généralement une hyperactivité élevée dans des circonstances associées à des traumatismes. Cela nous fait ressentir n’importe quel souvenir et sensation avec l’idée que cette menace se reproduit.

La métaphore du placard désorganisé nous enseigne que ceux qui altérèrent nos vêtements (souvenirs) sont ces deux figures auxquelles nous devrons faire face. De quelle manière? Réorganiser les souvenirs et les étiqueter différemment.

Les souvenirs traumatiques doivent s’examiner soigneusement et s’étiqueter correctement avant de les plier soigneusement pliés et les remettre dans le placard.

placard
Les souvenirs traumatisants nous fragmentent. Il est nécessaire de travailler sur ces expériences d’hier pour trouver un équilibre dans le présent.

Ordonner le placard mental pour ordonner notre vie

La métaphore du placard en désordre vise à faire comprendre au patient que son esprit contient des souvenirs qu’il convient de réviser, étiqueter correctement et ranger soigneusement à nouveau. Parce que le but de la thérapie n’est pas d’effacer des expériences douloureuses. Il s’agit de proposer des outils pour que ces événements fassent moins mal. Aussi pour que vous puissiez vivre avec intégrité et de nouvelles forces.

Si nous n’ordonnons pas nos souvenirs, chaque fois que nous ouvrons la porte de la mémoire, la douleur reviendra sur nous. Le but ne sera autre que d’intégrer ces faits dans le récit de la vie afin qu’ils soient accessibles de manière moins angoissante psychologiquement.

Pour que ces souvenirs indésirables cohabitent dans notre placard mental avec les souvenirs anodins, il convient de les mettre à jour et de les analyser. Parfois, les victimes se sentent coupables de ce qui se passa. Il est donc important de reformuler et guérir cela. Les psychologues proposeront également des stratégies pour évacuer ces émotions ancrées à chaque souvenir, relâcher les tensions et favoriser l’acceptation.

C’est une approche très délicate, consciencieuse et aussi courageuse. Si nous y réfléchissons, beaucoup de personnes vivent des expériences très nocives enfouies dans les profondeurs de leurs étagères mentales. Nous devons ordonner nos placards mentaux afin de trouver un équilibre et de l’ordre dans notre vie. L’effort en vaut la peine.

Cela pourrait vous intéresser …


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Bremner JD. Traumatic stress: effects on the brain. Dialogues Clin Neurosci. 2006;8(4):445-61. doi: 10.31887/DCNS.2006.8.4/jbremner. PMID: 17290802; PMCID: PMC3181836.
  • Logue MW, van Rooij SJH, Dennis EL, Davis SL, Hayes JP, Stevens JS, Densmore M, Haswell CC, Ipser J, Koch SBJ, Korgaonkar M, Lebois LAM, Peverill M, Baker JT, Morey RA. Smaller Hippocampal Volume in Posttraumatic Stress Disorder: A Multisite ENIGMA-PGC Study: Subcortical Volumetry Results From Posttraumatic Stress Disorder Consortia. Biol Psychiatry. 2018 Feb 1;83(3):244-253. doi: 10.1016/j.biopsych.2017.09.006. Epub 2017 Sep 20. PMID: 29217296; PMCID: PMC5951719.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.