Dire "je ne me sens pas bien" est décisif si vous souffrez de dépression

Le monde vous pèse-t-il ? Le désespoir mine-t-il tous vos esprits et énergies ? Alors dites-le, il vous sera peut-être difficile de vous ouvrir aux autres et d'exprimer ce que vous ressentez. Cependant, dire que vous vous sentez mal et que vous ne pouvez rien gérer vous aidera plus que vous ne le pensez. Voici pourquoi.
Dire "je ne me sens pas bien" est décisif si vous souffrez de dépression
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 18 février, 2023

Comment te sens-tu aujourd’hui? Comment va ta journée? Tu est motivé, plein d’illusions et de force pour faire face à tes responsabilités ? Il y a beaucoup de gens qui peuvent à peine supporter le poids de leur corps et les tonnes invisibles de découragement. La dépression, comme tout autre trouble psychologique, détruit toute motivation et il est très difficile de verbaliser ce que l’on ressent.

Par ou commencer? Il y a tellement de choses que l’on éprouve lorsqu’on est pris au piège dans le trou noir d’un état mental qu’il est parfois plus facile de garder le silence. Parfois, nous choisissons de nous taire et de nous cacher parce que nous ne voulons déranger personne avec nos problèmes. Nous avons peur qu’ils nous disent “toujours la même chose avec toi” ou pire encore “ce que tu dois faire, c’est de sortir et retrouver le moral”.

Cependant, il y a des jours très difficiles où il faut briser la barrière du secret et parler à quelqu’un. Parce que l’esprit nous trompe aussi souvent en nous faisant croire que personne ne se soucie de nous, alors qu’en réalité ce n’est pas le cas. La voix de la dépression est perfide, manipulatrice et nourrit l’esprit de mensonges.

Car oui, il y a des gens qui nous aiment, qui veulent nous aider et surtout nous écouter. Dire que nous mous sentons mal, lorsque le monde semble s’effondrer en nous, est un acte de courage. Parler de nos émotions guérit, libère et nous permettra d’agir sur ce qui nous arrive. Une dépression ne disparaît pas en deux jours ou en un mois. Les rechutes et les moments d’obscurité, après quelques jours de clarté, sont fréquents.

je ne me sens pas bien
Exprimer la douleur est plus thérapeutique qu’on ne le pense.

Qu’y a-t-il derrière un “je ne me sens pas bien” ?

Quand les gens ont la grippe, une chute de tension ou une migraine, on n’hésite pas à dire à nos proches « je ne me sens pas bien ». Instantanément, ce collègue, ami ou parent n’hésitera pas à nous dire quelque chose comme “rentre chez toi, appelle le médecin, repose-toi, dis-moi si tu as besoin de quelque chose ou je serai avec toi pendant un moment jusqu’à ce que tu te sentes mieux”.

Cependant, lorsque l’anxiété nous empêche de respirer et que l’angoisse remplit notre esprit de pensées négatives poignantes, nous choisissons de ne rien dire. De garder le silence. Notre société normalisa le fait de parler de douleur physique, mais la douleur émotionnelle navigue dans l’univers du tabou. Il nous est difficile de parler de ce qui nous fait mal alors que cette souffrance est mentale et que cela aggrave ces situations.

Il faut garder à l’esprit, par exemple, que les personnes souffrant de dépression ont une capacité d’expression émotionnelle très limitée. Une enquête du Dr Jonathan Rottemberg, auteur de livres tels que Depths: Evolutionary Origin of the Depression Epidemic (2014), nous apprend un fait important.

Le patient atteint d’un trouble dépressif a beaucoup de mal à exprimer ce qu’il ressent. En général, leur souffrance est non verbale et se matérialise dans leurs réactions, leur fatigue, leurs expressions, leurs mouvements, etc. Le fait de parler et de communiquer pensées et émotions est complexe et épuisant pour eux, mais cet effort est nécessaire… C’est que derrière ceux qui franchissent le pas et disent tout haut “je ne me sens pas bien”, il y a de nombreux besoins, des peurs et des faits qui doivent être connus .

Faire taire la douleur et les pensées qui créent un trouble psychologique intensifie et aggrave encore plus cette réalité psychologique.

Ma dépression me fatigue tellement que j’ai besoin d’aide

La dépression nous laisse sans réserves d’énergie. Le découragement et le désespoir s’accompagnent d’un sentiment persistant de faiblesse physique. Le corps bouge plus lentement et il est courant d’éprouver une grande sensation de lourdeur. A cela s’ajoutent les troubles du sommeil. On peut alterner entre insomnie et sommeil excessif.

Ainsi, lorsqu’une personne aux prises avec ce trouble nous dit « je ne me sens pas du bien », elle demande aussi notre aide . Elle aimerait pouvoir continuer à assumer ses responsabilités, mais c’est impossible. Et qu’il en soit ainsi est logique et permis.

Je ne peux pas penser correctement et tout semble chaotique

La dépression, c’est comme vivre dans une toute petite maison avec une toute petite fenêtre. On suffoque, le monde semble être dans le noir et ce que nous voyons à travers ce petit verre semble étrange et sans signification. Il est difficile de concentrer son attention, la mémoire fait défaut et le monde extérieur est chaotique. Nous ne nous identifions pas à lui.

Le patient atteint de cette condition mentale ne peut, dans la plupart des cas, effectuer les tâches les plus simples. Il oubliera la liste des courses, sera en retard pour la plupart des rendez-vous, oubliera les choses importantes et les insignifiantes…

Je me sens seul et je pense que je ne vaux rien

Dire “je ne me sens pas bien” est un acte de courage car il va nous permettre d’être soutenu, d’être compris, accompagné… Exprimer son mal n’est pas faire preuve de faiblesse, mais valider ce que l’on ressent pour nous permettre de gérer ce qui nous arrive.. Rappelons-nous que la guérison et le traitement de la dépression est lente. Il est bon de se laisser aimer, comprendre et guider.

La dépression est un geôlier qui aime nous isoler de notre environnement. Cependant, si vous exprimez à haute voix que vous souffrez, que vous vous sentez seul et que vous n’allez pas bien, vous vous battez contre cela. Faisons-le, luttons contre cette voix qui nous immobilise et nous veut seuls.

je ne me sens pas bien
Dire que nous nous trompons est un excellent premier pas. En thérapie, nous pourrons accepter beaucoup plus ce sentiment et toutes les émotions qui l’accompagnent.

Je ne peux pas te décrire tout ce que je ressens, je peux seulement te dire que je me sens mal

Notre activité limbique est affectée en mettant des mots sur nos émotions (Lieberman et al., 2007). Autrement dit, l’amygdale, cette petite zone neuronale chargée de réguler les émotions comme la peur ou l’angoisse, réduit son hyperactivité. Cela se produit à cause d’un fait très intéressant.

Communiquer, donner la parole à ce qui fait mal, stimule progressivement le cortex préfrontal, ce qui va nous permettre d’améliorer un peu plus les fonctions exécutives. C’est-à-dire que la mémoire, le raisonnement et la réflexion augmenteront pour minimiser la souffrance émotionnelle. Pour cette raison, et bien que cela puisse nous paraître anodin, exprimer à voix haute « je ne me sens pas bien » est une porte d’entrée vers l’amélioration.

Car, il est très possible qu’au début il nous soit difficile de détailler tout ce qui se passe à l’intérieur de nous. Il y a la peur, il y a la colère, le désespoir, la confusion, la négativité et même la colère. Parfois, nous nous sentons même coupables sans savoir pourquoi, et parfois nous nous détestons même sans raison. Exprimer toute cette accumulation d’absurdités coûte et produit même de la honte. Nous pensons que personne ne nous comprendra…

Cependant, il y a toujours des gens qui sont là pour nous écouter et nous comprendre. Parler guérit, parler libère et répare ces morceaux que la dépression brise de son poids, de sa présence inquiétante. N’hésitons pas, demandons de l’aide et communiquons davantage avec qui nous sommes proches et qui nous aime.

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  • Lieberman, M. D., Eisenberger, N. I., Crockett, M.J., Tom, S. M., Pfeiffer, J. H., & Way, B. M. (2007). Putting feelings into words: Affect labeling disrupts amygdala activity in response to affective stimuli. Psychological Science, 18, 421-427.
  • Rottenberg, J., & Vaughan, C. (2008). Emotion expression in depression: Emerging evidence for emotion context-insensitivity. In A. Vingerhoets, I. Nyklíček, & J. Denollet (Eds.), Emotion regulation: Conceptual and clinical issues (pp. 125–139). Springer Science + Business Media. https://doi.org/10.1007/978-0-387-29986-0_8
  • Pennebaker, J. W. (1997). Writing about emotional experiences as a therapeutic process. Psychological Science, 8, 162-166.

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