Le fait d'être plus tolérant-e face à l'infidélité permettrait-il de sauver certains couples ?

Le fait d'être plus tolérant-e face à l'infidélité permettrait-il de sauver certains couples ?

Dernière mise à jour : 01 octobre, 2019

Même si ce qui est considéré comme normal dans les relations de couple a connu de grands changements au cours de ces dernières années, il y a quelque chose où presque toutes les sociétés restent très conservatrices : l’infidélité. En effet, rares sont celleux qui la regardent d’un oeil naturel. De fait, c’est la principale cause de rupture entre les couples.

Certaines des grandes questions que nous nous posons sont : sommes-nous programmé-e-s pour la monogamie ? Evolutivement, est-ce la forme de reproduction la plus adaptée ? Dans ses origines, notre espèce était radicalement polygame. Le concept d’infidélité a surgit avec l’institution du mariage dans la Rome Antique. La consécration de la monogamie a été, au départ, une affaire qui avait beaucoup plus à voir avec l’économie et avec la politique qu’avec la nature.


“Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; c’est les fidèles qui connaissent les tragédies de l’amour.”

– Oscar Wilde –


Malgré le fait que la monogamie ait été instituée, presque législativement, ce qui est certain, c’est que l’infidélité a continué à exister dans tous les temps et dans toutes les cultures. Pour cela, avant, l’apogée du romantisme était vue avec une certaine tolérance et, parfois, avec une franche approbation. Ensuite, progressivement, elle est devenue un sujet qui a déclenché de forts rejets.

L’infidélité et le romantisme

Avec l’avancée du rationalisme et, plus spécialement, avec l’apogée du romantisme, le concept de l’amour de couple a complètement changé. Le mythe de “l’âme soeur” ou de “l’amour de notre vie” s’est renforcé, et l’exclusivité a commencé à être vue comme une valeur fondamentale dans les relations de couple.

En même temps, avec l’avancée du féminisme, ont surgit certains phénomènes quant à l’infidélité. Le premier, que l’infidélité des femmes et des hommes est devenue toujours plus équitable. Le second, que le divorce est devenu une pratique plus étendue et que le facteur qui le motive le plus, c’est précisément l’infidélité.

Les “nouvelles femmes” sont plus indépendantes et, pour cela même, elles se montrent moins tolérantes face aux hommes aventuriers. Elles veulent être des “cathédrales”, pas des “chapelles”. L’infidélité leur a causé une indignation sans limite et elles ne sont pas disposées à tolérer les personnes qui ne les aiment pas dans l’exclusivité. Les hommes, bien sûr, sont encore plus intolérants face à cela.

Ce que disent les expert-e-s sur l’infidélité

Le Pew Research Center a réalisé une étude dans 40 pays et a pu vérifier que l’infidélité est le comportement de couple le plus rejeté et ce par les deux sexes, à tous les âges et dans toutes les cultures. Ce qui est paradoxal, c’est que l’infidélité est aussi universellement rejetée qu’universellement pratiquée.


Ce qui est paradoxal, c’est que l’infidélité est aussi universellement rejetée qu’universellement pratiquée.


La sexologue Esther Perel, autrice du livre Mating in Captivity, signale qu’il y a beaucoup d’hypocrisie face à ce sujet. Elle souligne le fait qu’il y a des différences quant aux pourcentages d’infidélité entre les sociétés qui la rejettent le plus et celles qui sont plus permissives.

Cette chercheuse indique que l’infidélité a cessé d’être une conduite qui cause de la douleur pour être une conduite qui génère un véritable traumatisme. Les personnes se sentent moquées, humiliées, dépréciées et annulées, et se montrent réticentes à faire une analyse impartiale de ce qui est arrivé pour déterminer leur niveau d’importance.

Il n’est pas toujours conseillé de mettre fin à la relation

Les découvertes qui ont été faites sur le cerveau indiquent qu’il y a des circuits différents pour l’amour profond et pour l’amour passionnel. En d’autres termes, on sait qu’une personne peut tout à fait aimer une personne et en désirer une autre. Plus encore : d’un point de vue cérébral, il est parfaitement raisonnable d’aimer plus d’une personne à la fois.

Le fait qu’une personne soit infidèle ne veut pas dire qu’elle n’aime pas son/sa partenaire. Nombreux sont les facteurs qui peuvent avoir une incidence pour qu’à un moment donné, on ait une aventure avec une autre personne. La plupart du temps, cela n’a rien à voir avec un problème que l’on pourrait avoir par rapport à son/sa partenaire, mais peut-être avec une soif d’aventure, avec une envie d’expérimenter certaines choses, ou encore de se tester soi-même en termes de capacité à séduire.

De ce point de vue, l’infidélité peut-être ne devrait-elle pas être vue d’une manière si dramatique. En plus de condamner par avance le fait, il est important de s’arrêter sur le pourquoi cela arrive. Nombreux sont les cas où les flirts amoureux avec un tiers finissent par renforcer la relation de couple initiale. Ils permettent d’identifier les fissures dans le couple, ou simplement donnent un second souffle à la relation. Si on dépouille l’infidélité de son costume moral, peut-être pourrait-on faire des couples plus forts.

Qu’en pensez-vous ?

 

Images d’Anne Miller et Art Schëllin

 

 

 


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