Quelles sont les émotions du bonheur ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Pendant des décennies, les psychologues se sont concentré-e-s sur l’étude des aspects négatifs de l’être humain, comme les pathologies ou les maladies. En revanche, au cours de ces dernières années, l’auto-dénommée « Psychologie positive » a davantage approfondi les caractéristiques et les qualités positives des personnes, telles que le bonheur.
Le sens de l’humour, l’affect, la résilience, l’amour, l’harmonie ou la gratitude sont des états psychologiques et émotionnels qui nous aident à atteindre nos objectifs et nous permettent d’être porteur-trice-s d’émotions positives. Mais, combien et avec quelle intensité devons-nous expérimenter ces émotions pour être heureux-se ?
Émotions positives : l’ingrédient du bonheur
Certain-e-s auteur-trice-s définissent les émotions positives comme celles pour lesquelles le plaisir est prédominant et comme celles qui permettent de cultiver des forces et des vertus personnelles. Ces deux aspects conduisent nécessairement au bonheur.
Cependant, catégoriser les émotions comme étant positives ou négatives implique certains risques. Par exemple, la tristesse ne doit pas toujours avoir une connotation si négative. Ressentir de la tristesse pour la perte d’un être cher, en plus d’être naturel, est un sentiment adaptatif nécessaire qui prouve explicitement la maturité sous-jacente de la personne. Ce qui est indéniable est que, même si ce type d’émotions ne doit pas être dangereux, elles sont en effet peu agréables et les ressentir fréquemment peut nous infliger un état émotionnel non désiré.
Comment définir une personne heureuse ?
Le bonheur est un état de motivation, un état émotionnel et un état mental. Mais, comment peut-on définir une personne joyeuse ? Pour cela on pourrait prendre ses émotions et le degré de plaisir ou de mécontentement qu’elle leur attribue comme référence.
En termes eudémonique (« de bonheur »), les personnes les plus heureuses ne sont pas celles qui expérimentent les émotions agréables le plus intensément, mais celles qui ressentent des émotions positives avec une intensité modérée de manière fréquente. Les moments gratifiants de haute intensité sont peu usuels, même chez les personnes les plus heureuses. Pour cela, le bonheur est associé à un sentiment de plénitude interne et à un bien-être psychologique.
Si nous interrogeons des hommes et des femmes de notre entourage et nous leur demandons s’iels sont réellement heureux-ses, iels nommeront sûrement des événements concrets qui les ont mené-e-s à manifester une extase momentanée. Par exemple, la naissance d’un-e fils/fille ou d’un-e neveu/nièce, l’achat d’une nouvelle maison ou le fait de gagner au loto sont des événements qui sont habituellement associés à des moments de joie, de satisfaction et de plénitude.
Mais, attention ! Ce type de faits ne se produit pas souvent. Pour cela, le fait de baser le bonheur de toute une vie sur l’attente de l’arrivée de l’un de ces événements extraordinaires peut être le résultat d’un état de malheur.
Nous parlons de ces personnes qui chérissent les émotions positives avec une intensité modérée de manière fréquente.
La déception constante nous rend malheureux-ses
Chercher constamment le sublime ou l’agréable, à n’importe quel moment de la vie, nous conduit à l’erreur, même lorsque les résultats désirés sont obtenus. Les personnes qui cherchent à tout moment « le bonheur maximal ou le plaisir maximal » ont tendance à changer de partenaire ou de travail de manière répétée et compulsive et ne s’impliquent pas dans des relations amicales durables.
Elles vivent dans un raisonnement toujours basé sur le « ce n’est pas suffisant » et dans le « il y aura toujours quelque chose de mieux ». Ainsi, ce sont précisément cette recherche incessante d’excellence et cette non-conformité addictive qui désespèrent et lassent.
En revanche, on ne devrait pas confondre la recherche de ces moments ponctuels de bien-être maximal avec le rejet d’expérimenter le bonheur. De nombreuses personnes refusent d’avoir des coups de chance car elles pensent que dans la vie, il y a un équilibre imposé (« karma »), basé sur une loi de cause à effet, pour laquelle une bonne phase de la vie est inévitablement suivie par une autre de malchance.
Quelque chose de similaire est perceptible avec les expériences qui causent beaucoup de plaisir. Avoir expérimenté un enthousiasme extrême peut être un désavantage s’il sert de point de référence avec lequel comparer d’autres expériences positives. En fait, quelque chose qui a priori est un événement agréable, peut se convertir en un succès modéré si nous identifions un contraste par rapport à un événement passé qui fut spectaculaire. En ce sens, nous ne devons pas oublier que nous sommes des héritier-ère-s d’une manière de penser qui associait au plaisir, surtout lorsqu’il était très élevé, le crime.
Les femmes sont plus émotives que les hommes
Entre les hommes et les femmes, il y a aussi des différences dans l’expression et l’expérimentation des émotions. De nombreuses recherches ont démontré que les femmes vivent plus d’émotions et avec une plus grande fréquence et intensité que ne le vivent les hommes. Face aux émotions négatives, les femmes ont tendance à ressentir plus de peur et de tristesse que les hommes.
Il est intéressant d’analyser comment de nombreuses conversations de couples sont liées à des plaintes concernant l’autre et son sexe. Les sujets insistent sur le fait que les hommes n’expriment pas suffisamment leurs émotions et que les femmes sont trop émotives : « il est impossible que je te comprenne si tu ne me dis pas ce que tu ressens » ou « ce n’est pas si grave, tu es trop sensible ».
Pour cela, savoir que les hommes n’expriment pas leurs émotions, car ils ne les expérimentent littéralement pas avec tant de fréquence et d’intensité que les femmes, peut rapprocher les points de vue entre les deux genres, aider à l’acquisition d’une entente mutuelle et solutionner différents aspects des conflits.
Comment maintenir le bonheur
Lorsque nous atteignons un objectif, nous ressentons de la satisfaction ; mais si nous ne savons pas la manier, en plus d’être immédiate et momentanée, elle peut se dissiper en un rien de temps. Par exemple, la joie d’avoir obtenu une augmentation de salaire peut se voir reléguée à un second plan si nous donnons plus d’importance au fait de tarder à trouver une place de parking qui nous a mis de mauvaise humeur.
Afin de pouvoir atteindre le bonheur et de maintenir un rythme adéquat d’émotions d’intensité modérée, il faut donner à chaque réussite son importance légitime. La mesure, l’équilibre, la prudence et la relativisation sont des aspects clés pour pouvoir gérer avec adéquation nos sentiments.
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