Combien de temps peut passer une personne sans dormir ?
Dormir est un plaisir mais aussi un besoin. Le fait de nous endormir et de rêver a toujours été énigmatique pour les êtres humains. Aucune de nos fonctions ne s’arrête pour dormir, à part celles de la conscience pleine. Tout le corps reste en activité et l’esprit en fait de même.
Il est vrai qu’il existe une façon habituelle de dormir : huit heures par nuit. Cependant, il est aussi vrai que beaucoup de personnes ne répondent pas à ce schéma. Certaines ne se reposent que quatre heures ou moins et se sentent en pleine forme. D’autres, en revanche, ont besoin de plus de neuf heures pour être parfaitement reposées.
“Celui qui ne peut pas dormir pense que c’est parce qu’il doit veiller.”
-Bert Hellinger-
Le nombre d’heures de sommeil change avec l’âge, les habitudes et les caractéristiques de la personne. Quand nous naissons, nous avons besoin d’énormément de sommeil. Quand nous vieillissons, nous nous habituons aux sommeils courts et intermittents. Il n’existe pas de schémas fixes.
Il y a des questions qui n’ont pas encore de réponse définitive. L’une d’elles est : combien de temps peut passer une personne sans dormir ? Les rares données qui existent à ce sujet ont été extraites d’expériences volontaires. Il ne serait pas éthique d’obliger quelqu’un à ne pas dormir sur une période prolongée pour voir où se trouvent ses limites.
Dormir, à quoi ça sert ?
La majorité des gens ne penseraient pas à se demander pourquoi ils doivent dormir. Il est évident que le corps se fatigue au cours de la journée et qu’il a donc besoin de repos. La manière la plus naturelle d’atteindre ce repos est le sommeil.
Cependant, si vous y réfléchissez bien, ceci n’est pas si évident. En réalité, ni le corps ni le cerveau ne se “désactivent”, pour le dire de cette façon, quand nous allons dormir. Il est vrai que nous réduisons notre mobilité externe au minimum et que nos muscles atteignent un état de relaxation qu’ils atteignent difficilement à d’autres moments. Nous restons allongé-e-s et, de temps en temps, nous bougeons pour être plus à l’aise ou chercher une meilleure position. Mais, en même temps, tous les organes continuent à fonctionner.
Le cerveau est aussi en pleine activité quand nous dormons. D’un côté, nous rêvons. Notre esprit construit des scènes et des situations qui impliquent des pensées et des émotions parfois très intenses. Il y a aussi celleux qui parlent ou qui marchent en dormant. Par ailleurs, une partie du cerveau reste éveillée. S’il y a un bruit fort ou si un quelconque danger se présente, une zone de notre cerveau nous alerte pour que nous nous réveillions.
Ainsi, finalement, quand nous allons au lit, nous ne faisons que cesser de bouger dans tous les sens et de maintenir un certain niveau d’attention. La science n’a pas encore réussi à déterminer de façon exacte pourquoi nous dormons. On sait que le sommeil influe sur la production de myéline, sur la formation de nouvelles connexions neuronales et sur l’élimination de résidus cérébraux. Cependant, jusqu’à maintenant, il n’y a pas de réponse intégrale et catégorique sur le rôle exact du sommeil.
Ce qui se passe quand nous ne dormons pas
Il nous arrive à tous de ne pas dormir assez d’heures par nuit. Nous savons donc que des sensations de fatigue, d’irréalité et parfois des maux de tête, des nausées et des vertiges peuvent surgir. L’activité mentale ralentit et notre concentration disparaît très facilement.
Quand la durée de veille se prolonge trop, d’autres symptômes apparaissent. Parmi eux, on retrouve : vison floue, douleurs musculaires, affaiblissement du système immunologique, tremblements dans les mains et les jambes, niveaux de cholestérol plus élevés, anxiété, dépression, migraines, augmentation de la pression artérielle, irritabilité et problèmes de mémoire. Dans des cas encore plus sévères, les hallucinations et les comportements psychotiques sont fréquents.
Il existe certains indices qui nous montrent que ne pas dormir pourrait créer des dommages cérébraux. Cette conclusion, non définitive, a été tirée d’une recherche menée en Suède. On a demandé à 15 hommes adultes volontaires, au poids moyen, de passer une nuit sans dormir. Un monitorage a ensuite été fait après la nuit sans sommeil et après une autre nuit où ils dormirent huit heures. On voulait détecter les changements qui s’étaient produits.
Les chercheurs ont trouvé une forte concentration de deux molécules associées au cerveau dans le sang des individus examinés. Cette découverte les a poussés à croire qu’une détérioration du tissu cérébral s’était produite. Après une nuit de sommeil, la composition du sang était normale. L’expérience n’a pas permis d’observer des changements à long terme.
La durée limite sans dormir
On ne peut pas donner de réponse exacte à la question : combien de temps peut passer une personne sans dormir ? Officiellement, le record du plus grand nombre d’heures sans dormir est détenu par un étudiant du nom de Randy Gardner. En 1965, il passa 264 heures sans dormir, c’est-à-dire 11 jours. Il réalisait un travail pour la fête de la science. Le cas fut étudié par le psychiatre J. Christian Gillin, professeur de psychiatrie à l’Université de Californie.
L’étudiant avait 17 ans et celleux qui ont pu le côtoyer pendant les longues heures sans dormir ont dit que différents symptômes sont apparus. Il présentait des déficiences cognitives, des problèmes d’expression et de vision et souffrait aussi d’hallucinations. Certain-e-s disent qu’il existe d’autres personnes qui ont passé plus de temps sans dormir. On parle, par exemple, d’une femme britannique qui est restée 18 jours sans dormir pour gagner une compétition. Cependant, ces données n’ont pas été vérifiées.
On sait aussi qu’environ 40 familles dans le monde souffrent d’une maladie étrange qu’on appelle l’Insomnie Familiale et Fatale. Il s’agit d’un problème génétique qui altère le système nerveux et crée des sortes de trous dans le tissu neuronal. Celleux qui souffrent de cette maladie en viennent à ne plus pouvoir dormir. Après quelques semaines, iels se comportent comme des somnambules, s’affaiblissent et finissent par mourir.
Le manque de sommeil peut-il aboutir à la mort ?
Les personnes qui souffrent d’Insomnie Familiale et Fatale meurent après un certain temps sans dormir, mais pas à cause du manque de sommeil. Leur mort est provoquée par les dommages cérébraux généralisés. Le fait de ne pas pouvoir dormir est l’une des manifestations de ce trouble mais pas l’axe central.
Dans les années 80, une expérience a été réalisée dans le laboratoire d’Allan Rachtschaffen, à l’Université de Chicago. Au cours de cette étude, on a pu observer les conséquences de l’impossibilité de dormir, sur un groupe de souris. On les a empêchées de dormir en leur appliquant des décharges électriques chaque fois qu’elles essayaient. Le résultat fut qu’au bout d’un certain temps, entre 11 et 32 jours, la majorité des souris étaient mortes ou en train d’agoniser.
Les scientifiques sont d’accord sur le fait que le manque de sommeil rend les gens un peu “fous”. Il est vrai que les fonctions habituelles du cerveau sont altérées. Les personnes stressent, se montrent très irritables, commencent à avoir des comportements erratiques et hallucinent parfois. Elles peuvent aussi finir par dire des incohérences. Tout cela est possible. Cependant, il est également vrai que quand la personne reprend son rythme de sommeil normal, tous ces symptômes disparaissent et il n’y a pas de séquelles visibles.
Malgré cela, il ne serait pas exagéré de penser que le manque de sommeil peut mener à la mort. Des dommages sévères dans le système nerveux seraient potentiellement nocifs pour différents organes du corps. Une chaîne se mettrait en place, qui pourrait éventuellement finir par un dénouement fatal. On peut aussi penser qu’il y a un point où aucune personne ne pourrait supporter d’être éveillée. Même contre sa volonté, elle finirait par s’écrouler de sommeil.
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