Tous les chemins mènent-ils au névrotisme ?
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Le névrotisme est un trait ou une dimension de la personnalité présentant une importante base biologique solidement liée à différents types de psychopathologies. C’est un trait de personnalité qui fonctionne comme un indicateur de vulnérabilité pour le développement de la psychopathologie, puisque qu’il donne de la valeur ou “quantifie” une tendance en deux directions : au moment d’affronter le stress et les problèmes et au moment de nous exposer à des stimulations qui peuvent nous blesser au niveau psychologique.
De plus, le névrotisme est lié à la gravité de différents troubles tels que l’anxiété, la dépression, le trouble bipolaire et la schizophrénie. Il joue aussi un rôle important dans les problèmes relationnels tels que ceux pouvant se poser au sein de la famille ou du couple, mais aussi dans les situations comme le mobbing et le burnout. Dans la suite de cet article, nous vous expliquons brièvement ce qu’est le névrotisme ainsi que son mode de fonctionnement dans différentes psychopathologies. Car en effet, même s’il se trouve associé à différents troubles, les effets qu’il a sont différents en fonction de chaque cas.
Le névrotisme comme trait de personnalité
Le névrotisme est un trait de personnalité qui présente une importante base biologique. Cela veut dire que c’est une tendance de comportement, d’émotions et de pensées (trait de personnalité) que l’on tient en grande partie de nos parents (base biologique/tempérament). Cela ne veut pas pour autant dire que l’on ne peut pas la modifier, mais que la personne porte en elle une partie de cette tendance dès le jour de sa naissance. Ensuite, l’environnement dans lequel elle évoluera au fil de la vie se chargera de favoriser ou au contraire de diminuer ladite tendance.
Pratiquement tous les modèles de personnalité incluent le névrotisme dans leurs caractéristiques basiques. De fait, on le trouve dans les modèles de personnalité suivants : le Modèle des 5 Facteurs (Big Flve; Costa y McRae, 1992), le Modèle des 5 Facteurs Alternatifs de Zuckerman (Alternative Five Factor Model; 1999), le Modèle Trididmensionnel Hiérarchique (PEN; 1947) de Eysenk et le Modèle de Tempérament et de Caractère (TCI; 1994) de Cloninger, avec la particularité qu’au lieu de l’appeler névrotisme, il appelle ce trait Evitement du Risque.
Par conséquent, il reste clair qu’il s’agit d’un trait que différent-e-s auteur-e-s identifient comme basique et qui fait partie de la structure de la personnalité, et ce qu’il fasse partie d’une analyse lexicale, empirique ou factoriel de la personnalité. Tous les modèles incluent le névrotisme car il s’agit d’un trait qui marque la tendance émotionnelle de base en chacun-e de nous. Autrement dit, il indique si on tend vers la stabilité et le bien-être (faible névrotisme) ou plutôt si on tend vers l’inquiétude, l’anxiété et une humeur très instable (fort névrotisme).
Etant donnée la relation entre le névrotisme et les émotions, nous analyseront comment le névrotisme influe sur les trois troubles mentaux les plus fréquents : dépression, anxiété et addictions.
Le rôle du névrotisme dans différentes psychopathologies
Névrotisme et dépression
Le névrotisme est lié avec une plus grande quantité et une plus grande intensité des symptômes dépressifs. Il en est ainsi car les personnes avec un “fort névrotisme” ont besoin d’une moindre quantité de stimulation négative pour ressentir du mal-être ou un inconfort que les personnes avec une faible névrotisme.
En ce sens, le névrotisme est lié à une plus grande sensibilité au mal-être, raison pour laquelle il affecte les personnes dépressives. Comme il s’agit d’un trait qui sensibilise jusqu’aux états négatifs, le névrotisme agit comme amplificateur des émotions négatives, les rendant plus intenses et moins tolérables. Ainsi, il est plus facile que le puits de dépression gagne en profondeur, rendant difficiles les tentatives d’en sortir.
Névrotisme et anxiété
L’anxiété et le névrotisme sont étroitement liés. Le névrotisme alimente l’anxiété puisqu’il fixe l’attention de la personne sur l’incertitude qu’elle tolère ou non avec difficulté. Par conséquent, le névrotisme mènent les personnes anxieuses à éviter les situations incertaines et risquées, mais aussi tout degré d’insécurité (physique, psychologique, sociale ou émotionnelle).
Etant donné que, à ce jour, il faut faire face à l’anxiété pour la surmonter, nous comprenons que le névrotisme est l’ennemi de la récupération dans les cas d’anxiété. Nous parlons ici d’un trait de personnalité qui motivera la personne à se maintenir dans sa zone de confort.
Le névrotisme fera que primeront les actes visant à contrôler différents aspects de chaque situation qui peuvent entraîner un risque, aussi minime soit-il. Ainsi, nous verrons que ces personnes emploieront une grande quantité de recours, comme sortir très en avance de chez elles quand elles ont un rendez-vous quelque part, justement pour avoir une marge de manoeuvre si jamais un des nombreux dangers qu’elles s’imaginent venait à se produire.
Si on se place dans un contexte plus sérieux, comme celui d’une crise de panique, et que l’on comprend que le traitement plus efficace passe par l’exposition graduelle du/de la patient-e à la situation qu’iel craint, on comprendra un peu mieux le problème supplémentaire que peut supposer un haut niveau de névrotisme.
Comme nous l’avons dit précédemment, les personnes qui se situent en haut de l’échelle du névrotisme présentent une grande résistance au fait de s’exposer à de tels symptômes. Pa conséquent, plus le névrotisme est présent, plus sera forte la résistance de la part du/de la patient-e à l’exposition et plus sera grande l’anxiété causée par l’anticipation de ladite exposition.
Névrotisme et addictions
Les personnes avec un fort névrotisme sont plus vulnérables face à l’éventualité de développer une addiction. Cela est dû au fait que le névrotisme favorise la motivation que nous devons tou-te-s éviter le mal-être et élève le niveau perçu de stress.
Un haut niveau de stress couplé à une grande sensibilité au mal-être donne comme résultat que la personne se sent psychologiquement “épuisée” et débordée par les adversités de son quotidien. En ce sens, la consommation de substances devient une issue à considérer pour elle, puisque l’effet qu’elles génèrent dans son corps la libère précisément de ces inquiétudes qui génère tant d’anxiété chez elle. Ainsi, celleux qui présentent un névrotisme marqué dans leur structure de personnalité sont plus à même de développer une addiction.
En d’autres termes, l’épuisement émotionnel produit par la haute sensibilité au mal-être fait que les défis quotidiens de l’environnement sont perçus comme une menace, et étant donné que la personne veut éviter le mal-être et contrôler ce qui arrive, elle se sent débordée. Cet épuisement psychologique empêche de gérer facilement le stress avec des stratégies plus adaptatives, et les effets des substances psychoactives dépressogènes telles que l’alcool ou le cannabis octroient une “pause” momentanée au mal-être et au stress.
Que peuvent faire les personnes présentant un fort névrotisme ?
En premier lieu, il est indispensable qu’un-e psychologue réalise une exploration de la personnalité du/de la patient-e névrotique afin de pouvoir déterminer avec exactitude quel degré de névrotisme iel présente. En effet, aussi bien les perceptions que l’on a de nous-mêmes que celles que peuvent avoir de nous celleux qui nous entourent peuvent être peu précises. Ainsi, on peut avoir une image de nous-mêmes qui ne correspond pas au niveau de névrotisme que l’on a vraiment.
Une fois la personnalité explorée, le/la psychologue est le/la professionnel-le le/la plus qualifié-e pour indiquer quelles options sont envisageables au niveau thérapeutique. Généralement, le névrotisme peut être abordé et modulé avec une thérapie psychologique focalisée sur la gestion des émotions, augmentant ainsi le niveau de tolérance au mal-être ou à l’incertitude et facilitant le surpassement de l’anxiété et de la peur.
De plus, la thérapie psychologique a pour but d’aider la personne avec un fort névrotisme à diriger sa vie vers des buts qui soient importants et précieux, démolissant ainsi la barrière que peut supposer pour elle la tendance névrotique qui réside en sa personnalité. Il est très important de tenir compte du fait qu’à ce jour, il existe une preuve scientifique qui démontre que la personnalité n’est pas immuable. Nous sommes constamment en échange avec l’environnement aux niveaux social, émotionnel et comportemental.
C’est pourquoi les excuses consistant à dire “je suis comme ça” ou “c’est ma manière d’être” ne tiennent plus, et constituent une habitude que l’on doit perdre. Il est erroné de croire que l’on ne peut pas changer. Travailler sur soi pour être une personne meilleure, cela peut nous conduire à atteindre des buts pourtant difficiles à atteindre.
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