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Apprendre de l'inattendu

5 minutes
Apprendre de l'inattendu est fondamental pour renforcer notre connaissance du monde. Cette capacité, comme le démontrent les recherches, est déjà présente chez des bébés de seulement 11 mois.
Apprendre de l'inattendu
Andrés Navarro Romance

Rédigé et vérifié par Psychologue Andrés Navarro Romance

Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

Quand le monde est prévisible et que tout ce qui existe se comporte comme nous l’avions prévu, notre attention diminue car tout se produit comme nous l’avions imaginé. Il n’y a plus de surprises. Or, quand, tout à coup, un événement a lieu et brise nos attentes, nous lui prêtons une plus grande attention et, parfois, nous en venons à apprendre de l’inattendu.

On peut donc affirmer qu’il n’y a pas d’apprentissage sans attention et que l’attention se porte plus facilement sur ce qui nous surprend. Les surprises sont donc, par conséquent, plus simples à mémoriser ou, du moins, captent davantage notre attention ou intérêt.

Tout au long de cet article, nous étudierons ce que nous pouvons apprendre de l’inattendu, et comment. Nous découvrirons aussi que cette capacité est quasiment présente depuis notre naissance et qu’elle s’érige, sans aucun doute, comme une alternative aux conceptions classiques de l’apprentissage. Certains psychologues et pédagogues prennent d’ailleurs ces processus en compte.

Apprendre de l’inattendu : concepts généraux

La science ne progresse pas toujours en suivant le cours de la logique. Curieusement, la même chose se produit chez les êtres humains : apprendre de l’inattendu est généralement beaucoup plus efficace qu’apprendre à partir d’un monde prévisible.

À ce sujet, les chercheuses Stahl, A. et Feigenson, L. (2015) ont publié un article dans la revue Science, dans lequel elles décrivent ce phénomène. Elles expliquent par ailleurs que les bébés de seulement 11 mois s’ennuient quand le monde et les objets se comportent de façon prévisible.

Les auteures ont observé que les bébés cessaient rapidement de prêter attention à une balle qui se déplaçait de manière prévisible. Or, dans une condition expérimentale différente, ils ont beaucoup plus focalisé leur attention sur une balle qui bougeait de façon peu habituelle ou passait de l’autre côté des murs. Approfondissons cette idée.

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Nous naissons scientifiques : qu’apprendre de l’inattendu ?

D’une certaine façon, à notre naissance, il semblerait que nous nous comportions comme des scientifiques. En ce sens, les bébés qui ont participé à l’étude mentionnée antérieurement ne se limitaient pas à apprendre de l’inattendu (comme cela se produisait avec la balle qui allait de l’autre côté des murs) : très rapidement, ils voulaient faire des expériences avec ces objets au comportement inattendu.

Ainsi, de la même façon que les scientifiques, lorsqu’ils observent un fait, veulent tester leurs hypothèses pour voir ce qu’il se passe, les bébés se comportent d’une manière similaire avec ce qu’ils observent.

Par exemple, quand les bébés voyaient une balle passer de l’autre côté d’un mur, ils essayaient de la saisir. En outre, une fois qu’ils l’avaient dans les mains, ils la serraient et lui tapaient dessus. Voulaient-ils être certains qu’il s’agisse d’un objet solide ? Voulaient-ils faire des expériences avec la balle ?

Dans d’autres conditions expérimentales, les bébés voyaient une balle se déplacer et traverser un trou mais sans tomber dedans. N’importe qui se serait attendu à ce que la balle tombe dans le trou ; or, ce n’est pas ce qui se produisait. Ceci était totalement inattendu pour les bébés.

Dans ce cas, dès qu’ils en ont eu l’opportunité, les bébés se sont dirigés vers la balle et ont commencé à faire des tests avec elle, en la lançant plusieurs fois par terre, comme s’ils voulaient être certains de la voir obéir aux lois de la gravité. N’est-ce pas surprenant ?

Les mystères de l’apprentissage de l’inattendu

Pour la science, les mystères de l’apprentissage de l’inattendu sont encore plus difficiles à expliquer chez les bébés. Pourquoi ces choses se produisent-elles ? Est-ce parce que nous possédons une sorte de programmation innée pour comprendre les lois de la physique ? Ce sujet mènerait à un débat enflammé entre les innéistes et les environnementalistes. Qui aurait raison ?

Il est assez surprenant que des bébés de quelques mois semblent détecter des choses défiant les lois de la physique. Mais pas que : ils ont aussi tendance à explorer et à essayer de comprendre les faits « physiquement » inattendus.

Ainsi, dans la recherche des auteures citées, l’existence d’un certain type de lois innées de la physique semble être démontrée car il est extrêmement improbable que des bébés de cet âge puissent réaliser des inférences logico-causales comme s’ils disposaient d’un raisonnement avancé.

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Conclusions sur le phénomène consistant à apprendre de l’inattendu

Comme nous le signale l’étude mentionnée, les principales conclusions sur le phénomène consistant à apprendre de l’inattendu peuvent se résumer de la façon suivante :

  • Les bébés essayent d’en apprendre davantage sur ce qui est nouveau, inattendu et brise leurs schémas
  • Ils semblent également faire la différence entre ce qui est prévisible et ce qui est inattendu. Évidemment, ils sont plus attentifs à ce dernier
  • En fait, il semblerait que les bébés puissent faire des prédictions sur ce qu’il se passera avec un objet. Ainsi, si ce qu’ils pensent voir se passer ne se produit pas, ils seront surpris et chercheront à explorer ce phénomène
  • Quand les prédictions sur les événements sont différentes de ce qu’ils attendaient, les bébés explorent cette dissonance afin d’en savoir plus sur le monde qui les entoure
  • Jusqu’à aujourd’hui, on avait sous-estimé la capacité d’apprentissage de l’être humain car, déjà chez les bébés, on retrouve les circonstances pour ce type d’apprentissage nouveau et différent ; c’est-à-dire pour apprendre de l’inattendu

Maintenant que nous connaissons ces données, resterons-nous ancrés dans les anciens paradigmes de l’apprentissage humain ?

 


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  • Pearce, John M., and Geoffrey Hall. “Un modelo de aprendizaje pavloviano: Variaciones en la efectividad de los estímulos condicionados pero no de los incondicionados.” Revista de psicología General y Aplicada (1983).
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