Le volume de vos bagages équivaut à celui des liens que vous tissez avec les autres

Le volume de vos bagages équivaut à celui des liens que vous tissez avec les autres

Dernière mise à jour : 19 février, 2017

Nous possédons quelque chose qui nous accompagne tout au long de notre vie aux endroits où nous allons et où, à un certain moment, nous avons voulu retourner. C’est un bagage qui nous rend spéciaux-ales parce qu’il est fait à la mesure des rêves, des illusions et, surtout, des attaches avec lesquelles nous voyageons quand nous décidons de partir.

Dans cette valise se trouvent les émotions qui nous font vibrer intérieurement et les personnes qui les produisent. Ce n’est donc pas facile à observer mais tout est bien là, tout va et vient à un rythme suivant celui de nos pas et en dit beaucoup sur la personne que nous sommes.


« L’affection des gens fait à chaque fois vibrer mon cœur comme si c’était la première fois. »

-Ella Fitzgerald-


Les liens que nous tissons avec les autres nous rendent uniques, émotionnellement et spirituellement, parce qu’ils indiquent des relations qui sont personnelles et le degré de contact affectif que nous avons dans ces dernières. C’est pour cela que nous aimons partager des expériences avec les êtres chers qui sont loin quand nous partons : parce que nous les portons avec nous, dans notre cœur, sous forme d’amour et de nostalgie.

Les liens et les au revoir qui ne durent pas

Nous arrivons dans une gare, nous nous dirigeons vers un aéroport ou nous montons dans une voiture, disposé-e-s à affronter une nouvelle expérience. Peu importe qu’elle dure des mois, des années ou même des heures, parce que nous faisons notre valise de la même manière.

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Nous penserons alors à la remplir d’objets matériels qui couvriront nos nécessités, ou du moins c’est ce que nous pensons : des vêtements, des objets électroniques, des documents et, en fonction de la durée du voyage, des souvenirs comme des photos ou des cartes postales. Après cela, nous passerons tou-te-s par le moment des adieux.

On les appelles les adieux qui n’ont pas de sens, comme si nous laissions derrière nous des gens qui restent et qui ne viennent pas physiquement avec nous. En règle générale, nous ne nous détachons pas des autres. Nous savons tou-te-s pourquoi ce genre d’adieux passagers fait aussi mal.


« Nous faisons des adieux des moitiés de tour du monde pour que, même si nous tardons, nous ayons envie de revenir » […]

-Elvira Sastre-


Précisément parce que dans cette gare ou cet aéroport, nous tournons le dos à quelqu’un en espérant de toutes nos forces pouvoir à nouveau le serrer dans nos bras le plus tôt possible. Ces adieux sont durs parce qu’en vérité, ce n’en sont pas : ce sont des parenthèses spatiales d’une tendresse qui continuera dans le temps. Les liens tissés avec les autres nous protègent du froid là où nous arrivons et nous permettent d’éviter le vide et la solitude.

C’est dans l’adieu que se trouve l’affection

S’en aller à un autre endroit et laisser votre maison derrière vous est un acte très courageux car il implique de vivre des choses dans lesquelles nous n’avons aucune expérience. Et, comme si ce n’était pas assez, les personnes qui nous aident habituellement quand nous avons des problèmes ne pourront pas nous aider de la même façon.

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Quand le voyage est long, vous découvrez par exemple que, dans cette valise pleine d’attaches avec laquelle vous avez commencé votre aventure, vous commencez à trier ce qui s’y trouve. C’est-à-dire que nous nous rendons compte que certains de ces adieux passagers n’étaient peut-être pas si passagers ou que nous avons mis dans cette valise des personnes dont nous n’étions même pas conscient-e-s.

À force de filtrer et de tamiser, nous enlevons peu à peu du volume à cette valise. Et, à la longue, nous comprendrons qu’il n’y avait pas assez de place pour tout y mettre, que les choses matérielles étaient ce qui occupait le moins de place et que plus on porte de poids, plus on devient fort-e-s.

Le bagage émotionnel est le plus lourd

Je suppose qu’après des réflexions telles que celles que nous venons de faire, nous nous fixons à un endroit et, après y avoir vécu, nous pouvons affirmer que le foyer se trouve à l’intérieur de nous et non pas à l’extérieur, dans une quelconque maison réelle. À notre retour, nous regardons celleux à qui nous avions dit “à bientôt” et nous voyons en elleux notre maison, notre foyer, notre essence.

Nous nous unissons de nouveau aux liens que nous avions déjà tissé et nous y ajoutons ceux qui sont nés du voyage que nous venons de réaliser. Finalement, il y a toujours un verre qui nous attend avec un-e ami-e que nous avions connu-e il y a quelque temps en Italie, une étreinte avec ce-tte compagnon/compagne de classe de l’université, une conversation avec un-e inconnu-e que vous avez rencontré-e à Genève et dont le souvenir vous accompagne les jours de pluie…


« La qualité du voyage se mesure à la quantité de souvenirs que vous accumulez. »

-Benito Taibo-


Ceci sera notre bagage : nous ne parlerons pas des vêtements que nous avons emportés, mais nous serons un peu “lourd-e-s” en parlant des personnes que nous avons rencontrées. Ce n’est qu’une preuve de plus que la tendresse et l’affection restent dans des coins de notre cœur et s’emportent partout avec nous : elles sont invisibles mais nous unissent et nous donnent un sens.

Illustrations de Claudia Temblay


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