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Svetlana Alexievich, biographie d'une chroniqueuse fabuleuse

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Presque tous les livres de Svetlana Alexeivich lui ont valu des problèmes avec les autorités. C'est une journaliste qui a essayé de décrire le drame humain qui se cache sous de grands faits historiques.
Svetlana Alexievich, biographie d'une chroniqueuse fabuleuse
Dernière mise à jour : 04 juillet, 2019

Beaucoup de personnes n’avaient jamais entendu parler de Svetlana Alexievich avant 2015, année lors de laquelle elle a reçu le prix Nobel de littérature. Pour beaucoup, cela supposait une surprise de taille. En effet, c’était la première fois dans l’histoire qu’une journaliste recevait ce prix grâce à un travail orienté sur la chronique.

La récompense avait jusque là uniquement été remise à des poètes et des auteurs de fiction. L’oeuvre de Svetlana Alexievich, en revanche, était inspirée de personnages et de faits parfaitement réels. Elle, mieux que personne, a su dresser le portrait de la réalité de l’orbite soviétique et de sa propre patrie, la Biélorssie.

Son livre le plus emblématique, Voix de Tchernobyl, a été traduit en 20 langues, dont le français. Néanmoins, elle n’a pas pu le publier dans son pays parce qu’il a été interdit. Ce fait nous donne une idée de l’importance et de la valeur de cette fabuleuse écrivaine contemporaine.

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Échos de l’enfance

Svetlana Alexievich est née accidentellement dans une ville d’Ukraine, dénommée Stanislav. Nous disons “accidentellement” parce que son père, qui était un militaire biélorusse, était assigné de manière temporaire à ce lieu. Néanmoins, il est reparti pour sa terre natale peu de temps après. C’est là où l’écrivaine a passé son enfance ainsi qu’une bonne partie de sa vie.

La ville de Stanislav soit le théâtre d’une histoire si instable. Elle a fait partie de l’empire austro-hongrois, de l’Ukraine occidentale, de la Pologne, de l’Union soviétique, de l’Allemagne et enfin, de la Biélorussie. La ville n’existe même plus en tant que tel. Elle se nomme désormais Ivano-Frankivsk. Ce qui est paradoxal, c’est que Svetlana travaille dans un genre que certains appellent “roman de voix”.

Svetlana est née le 31 mai 1948. Son père, outre son lien avec la milice, était enseignant en milieu rural, tout comme sa mère. Son enfance et sa jeunesse ont été marquées par l’inestabilité politique de son pays. Plus tard, elle a entrepris des études de journalisme à l’université de Minsk.

Svetlana Alexievich, une journaliste audacieuse

Svetlana Alexievich a été fortement inspirée par l’écrivain soviétique Ales Adamovitch. Il fut l’un des précurseurs d’un nouveau genre connu sous le nom de “choeur épique” ou “roman oratoire”. Ce genre, en définitive, est un hybride entre le journalisme et la littérature.

Après avoir travaillé pour certains journaux, Svetlana Alexievich a commencé à se pencher sur des travaux de longue haleine. Elle est également devenue une voyageuse infatigable, qui franchissait les frontières pour obtenir des témoignages des survivants de grands faits historiques. C’est ainsi qu’elle a commencé à donner une forme à de fabuleux reportages.

En 1985, elle a publié son premier livre : La guerre n’a pas un visage de femme. Ce livre contenait de nombreuses interviews de femmes qui avaient participé à la Seconde Guerre mondiale. Pour ce travail, elle fut congédiée du journal où elle était alors embauchée et accusée de salir l’honneur national des Soviétiques.

Une femme courageuse

Après avoir réalisé un dur labeur et de nombreuses interviews, Svetlana Alexievich a publié en 1989 son oeuvre Les cercueils de zincLes 500 personnes interviewées avaient participé à l’invasion de l’Union soviétique en Afghanistan. Dans cet ouvrage, Svetlana dénonce  les nombreux cas de violations des droits de l’Homme. Ses dénonciations l’ont envoyée à comparaître devant le tribunal.

Sa posture critique face au régime soviétique l’a conduit à chercher l’asile politique en 1991. Dès lors, elle a été obligée de résider dans plusieurs pays européens.

En 1997, elle a publié Voix de Tchernobyl, que l’on pourrait considérer comme son oeuvre maîtresse. Elle y présente les témoignages des victimes de l’accident nucléaire qui a eu lieu dans cette ville. Elle a passé 10 ans à réunir le matériel et son travail a démontré les graves erreurs des autorités dans ladite tragédie.

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La déception et la gloire

Svetlana Alexievich est l’une de ces écrivaines qui explore les drames humains jusqu’à ses dernières conséquences. Ses oeuvres sont très touchantes parce qu’elles parviennent à transmettre les profonds paradoxes des grands faits historiques, notamment ceux qui concernent l’Union soviétique et son aura d’influence.

Elle-même a directement souffert de ces faits graves. Alors qu’elle était enfant, lorsque ses parents devaient systématiquement fuir la guerre, et à l’âge adulte, quand sa soeur est décédée et que sa mère est devenue aveugle à cause de l’accident nucléaire de TchernobylDe plus, elle a dû souffrir les difficultés de l’exil et l’impossibilité de retourner dans son pays.

Son oeuvre lui a valu plusieurs prix mais, évidemment, le plus grand d’entre eux a été le prix Nobel. Elle a été la première (et jusqu’à maintenant, la seule) écrivaine de non-fiction à parvenir à décrocher ce mérite. Aujourd’hui, elle continue toujours à écrire et à essayer de comprendre la méchanceté et la bonté humaine.

 


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  • Ánjel, M. (2015). Sobre Svetlana Alexievich. Antes de todo, la memoria (O de cómo una periodista rusa (¿ucraniana?) atrapa lo que no se quiere decir y es imposible de olvidar). Comunicación, (33), 83-91.

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