Schizophrénie et troubles vasculaires du cerveau

Des anomalies vasculaires dans certaines régions du cerveau pourraient être à l'origine du développement de la schizophrénie. C'est une nouvelle explication autour de cette maladie mentale grave qui mérite d'être connue et prise en compte.
Schizophrénie et troubles vasculaires du cerveau
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater.

Dernière mise à jour : 19 avril, 2023

Vivre avec la schizophrénie, c’est comme vivre dans un monde parallèle souvent très menaçant et chaotique. Les symptômes associés à cette maladie mentale grave et chronique font que la personne est souvent incapable de terminer ses études ou d’occuper un emploi. Sans parler de la complexité de leurs relations interpersonnelles.

Délires, hallucinations, psychose, troubles de la pensée, détérioration des émotions, idées suicidaires… On sait qu’environ 1% souffrent de ce tableau clinique et que si les antipsychotiques ont leurs bienfaits, il faut aussi associer le traitement aux thérapies psychosociales. Cependant, à l’heure actuelle, nous ne connaissons toujours pas exactement les mécanismes à l’origine de la schizophrénie.

Traditionnellement, les altérations de la fonction et de la structure cérébrale ont toujours été prises en compte. Par exemple, certaines altérations de la production de dopamine sont envisagées. Cependant, il y a quelques semaines à peine, une enquête de l’Université fédérale de Rio de Janeiro nous parla d’une autre théorie intéressante. Elle à trait à la vascularisation.

La recherche montra que les patients atteints de schizophrénie présentent des vaisseaux sanguins rétrécis dans diverses zones du cerveau.

schizophrénie
L’hypothèse selon laquelle certaines altérations des vaisseaux sanguins du cerveau pourraient être à l’origine de divers troubles mentaux est une hypothèse bien connue.

Schizophrénie et troubles vasculaires cérébraux : un possible lien de causalité

L’idée que certaines anomalies des structures cellulaires du cerveau seraient à l’origine de la schizophrénie n’est pas nouvelle. Nous connaissons depuis des années l’importance de la formation correcte des neurones, de leurs synapses et de leurs processus dendritiques pour le fonctionnement optimal de processus psychologiques infinis.

Le cerveau est comme une pierre précieuse qui, dès notre naissance, doit être correctement polie et sculptée pour assurer une fonctionnalité appropriée. De plus, si la bonne formation de nos neurones est déterminante, leur vascularisation l’est encore plus. C’est-à-dire le développement correct des vaisseaux sanguins dans le tissu cérébral.

Par exemple, un fonctionnement efficace du cortex cérébral nécessite une construction précise des réseaux neuronaux et vasculaires. À tel point que toute altération peut médiatiser l’apparition de multiples problèmes de santé mentale. Ceci explique le lien entre la schizophrénie et les troubles vasculaires, un facteur que nous comprenons maintenant beaucoup mieux.

Le développement de la schizophrénie pourrait résulter des altérations des astrocytes, un type de cellules neurales déterminantes pour le bon fonctionnement et la formation de notre cerveau.

Les astrocytes, déclencheurs possibles de la schizophrénie

L’ étude menée à l’Université de Rio de Janeiro et récemment publiée dans la revue scientifique Molecular Psychiatry est un maillon de plus dans la compréhension des bases neurobiologiques de cette grave maladie mentale. L’origine de la schizophrénie pourrait être dans les astrocytes, un type de cellule gliale.

Ces petites structures maintiennent les cellules nerveuses en place et favorisent leur bon développement. Leur rôle dans le cerveau est immense, et jusqu’à récemment, ils étaient complètement négligés par les neurosciences. Aujourd’hui, cependant, ils sont connus comme les “constructeurs d’autoroutes nerveuses”.

  • Ils sont essentiels en tant que support métabolique des neurones.
  • Ils sont essentiels dans les processus de régénération du cerveau.
  • De plus, ils favorisent la formation de la barrière hémato-encéphalique.
  • Ils construisent les voies de transmission de l’information dans le cerveau.

Les astrocytes sont ces unités neurovasculaires décisives qui relient les neurones au flux sanguin local, leur fournissant ainsi des bases métaboliques correctes. Dans le cas des personnes atteintes de schizophrénie, une particularité frappante a été observée.

Les patients atteints de ce trouble mental ont des astrocytes dysfonctionnels qui réduisent le flux métabolique vers différentes régions du cerveau. Cette vascularisation défectueuse modifierait une foule de processus mentaux de base.

Inflammation cellulaire et pathogenèse de la schizophrénie

La schizophrénie et les troubles vasculaires du cerveau ont un lien direct qui part des astrocytes. Cependant, la question suivante que nous pouvons nous poser est : pourquoi ces « constructeurs d’autoroutes nerveuses » sont-ils dérangés ? Les responsables de cette étude décelèrent quelques explications possibles à cet égard.

Des cytokines inflammatoires et divers dysfonctionnements de leurs protéines ont été observés dans la composition des astrocytes de personnes atteintes de schizophrénie. Ces éléments inflammatoires affecteraient la vascularisation cérébrale, la réduisant et la rendant pathologique.

Les astrocytes jouent également un rôle essentiel dans la réponse immunitaire. L’altération de ce type de cellules est à l’origine d’une vascularisation immature qui affecterait fortement le cortex cérébral.

schizophrénie
Des altérations des cellules gliales apparaissent dans de nombreuses maladies neurologiques. De plus, bien que beaucoup se manifestent à l’âge adulte, leur développement apparaît à un âge très précoce.

De nouveaux traitements seront-ils conçus pour l’avenir ?

La schizophrénie se manifeste au début de l’âge adulte, entre 21 et 30 ans. Cependant, des altérations des astrocytes ou des cellules gliales apparaissent déjà dans le développement neurologique fœtal. Ces dysfonctionnements de la vascularisation cérébrale se traduisent peu à peu par la maturation d’un cerveau présentant des anomalies qui, à terme, seront à la base de maladies neurologiques telles que la schizophrénie.

Nous sommes face à un déclencheur génétique qui orchestrerait ce lien entre schizophrénie et troubles vasculaires du cerveau. Cette malformation précoce du circuit cérébral a de graves répercussions dans le futur. Quelles sont donc les perspectives d’avoir demain un traitement efficace pour cette condition ?

À l’heure actuelle, il n’en existe aucun qui nous permette de prévenir ou de traiter efficacement la schizophrénie. Elle continuera d’être une maladie chronique dans laquelle les médicaments pour son traitement seront sans aucun doute améliorés. Cependant, il est nécessaire de concentrer une grande partie de la recherche sur le champ neuronal, dans cette origine qui déclenche l’une des maladies les plus graves et les plus tristes qui nous étreignent.

Cela pourrait vous intéresser …


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Hanson DR, Gottesman II. Theories of schizophrenia: a genetic-inflammatory-vascular synthesis. BMC Med Genet. 2005 Feb 11;6:7. doi: 10.1186/1471-2350-6-7. PMID: 15707482; PMCID: PMC554096.
  • Katsel P, Roussos P, Pletnikov M, Haroutunian V. Microvascular anomaly conditions in psychiatric disease. Schizophrenia – angiogenesis connection. Neurosci Biobehav Rev. 2017 Jun;77:327-339. doi: 10.1016/j.neubiorev.2017.04.003. Epub 2017 Apr 8. PMID: 28396239; PMCID: PMC5497758.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.