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Comment réagit le cerveau face à l'absence d'un être aimé ?

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Comment réagit le cerveau face à l'absence d'un être aimé ?
Dernière mise à jour : 01 avril, 2020

L’absence d’un être aimé, d’une personne aimée est source de souffrance pour n’importe qui. Même si aimer et perdre ce qu’on aime est une constante dans la vie, on ne se fait jamais vraiment à cela. C’est comme si même si on savait que rien ne dure pour toujours, on refusait d’accepter que les choses se passent ainsi. C’est une sorte de rébellion psychologique.

Souvent, on dit qu’il y a une contradiction entre la raison et le coeur. L’esprit nous dit que l’on doit accepter cette absence, mais quelque chose de plus profond résiste et refuse de baisser la garde complètement, de finir par se faire à cette perte.

“Une personne vous manque, et tout est dépeuplé.”

-Lamartine-

Cela arrive car aussi bien la présence que l’absence d’un être cher provoquent des réactions que l’on peut difficilement contrôler. En amour, et dans le deuil, il y a des processus physiologiques engagés. Il y a des altérations qui sont physiques et qui dépassent ce que l’on peut comprendre et gérer. C’est ce qui explique ce qu’on appelle “la théorie de l’antagonisme motivationnel”.

La théorie de l’antagonisme motivationnel

La théorie de l’antagonisme motivationnel a été développée par Solomon et Corbit en 1974. Selon eux, notre cerveau a tendance à chercher l’équilibre émotionnel. Et le chemin que l’on choisit pour le faire consiste à essayer de neutraliser les émotions. Pour y arriver, on mène à bien une opération récurrente : quand apparaît une émotion intense, qui nous ôte notre stabilité habituelle, la réponse consiste à donner lieu à l’émotion opposée ou à une “stimulation émotionnelle correctrice”.

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Selon cette théorie, la stimulation de réponse est faible au départ, mais peu à peu, elle va se renforcer. A partir de ces principes on peut expliquer, en partie, aussi bien ce qui arrive dans le cadre d’une addiction que ce qui arrive dans le cerveau après une perte affective.

Quand apparaît l’émotion initiale, elle est très intense. Elle n’a aucune opposition, et c’est pourquoi elle atteint un niveau maximum. C’est ce qui arrive, par exemple, lorsque l’on tombe amoureux-se. Cependant, peu à peu apparaît la stimulation opposée, même si au départ on ne s’en rend pas compte. Petit à petit, elle va se renforcer pour neutraliser cette émotion initiale.

L’antagonisme motivationnel et l’absence d’un être cher

En termes cérébraux, l’absence d’un être cher a des effets similaires à ceux du syndrome d’abstinence, que vivent celleux qui sont addicts d’une quelconque substance. Dans les deux cas, il y a une stimulation initiale et une “stimulation correctrice”.

Prenons l’exemple de la consommation d’alcool. Celui/celle qui en boit connaît une série de réactions euphoriques. Iel se désinhibe et “s’anesthésie” face à tout malaise qu’iel puisse vivre. Le lendemain, c’est tout le contraire qui se produit ; il est probable que la personne soit déprimée, peu sûre d’elle et qu’elle veuille retrouver la stimulation initiale en buvant encore davantage.

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Dans le cas de l’affection, la stimulation est celle de l’affection elle-même. Il y a de l’attachement, un besoin de la personne à laquelle on est attaché-e. Une joie de la voir. Dans les couples, surtout, cette stimulation émotionnelle initiale est très intense. En même temps, apparaît la stimulation opposée. C’est pourquoi avec le temps, l’intensité du début va céder du terrain face à une certaine “neutralité” dans les sentiments.

Cependant, si une absence se produit, que ce soit parce que cette personne s’éloigne ou bien parce qu’elle meure, une décompensation se présente. La stimulation initiale disparaît et seule reste alors “la stimulation correctrice” qui, à son tour, s’intensifie. Elle s’expérimente d’une manière très désagréable : avec tristesse, irritabilité et toutes les émotions impliquées dans le deuil.

Un sujet chimique

Toutes les émotions se ressentent également physiquement : autrement dit, à chaque émotion correspond un processus physiologique dans le corps et des changements chimiques dans le cerveau. Quand on aime quelqu’un, non seulement on le fait avec l’âme, mais aussi avec les éléments de la table périodique et avec la manière dont ils se manifestent dans l’organisme.

C’est pourquoi l’absence d’une personne qu’on aime n’est pas seulement un vide émotionnel. Lorsque l’on se trouve en présence des personnes que l’on aime, notre cerveau sécrète de grandes quantités d’ocytocine, de dopamine et de sérotonine. Quand elles ne sont pas là, le corps souffre d’un trouble qui, au départ, ne peut être équilibré. Il a besoin de temps pour que se produise un nouvel antagonisme motivationnel : que face à une émotion intense négative surgisse une “stimulation correctrice” afin d’atteindre de nouveau l’équilibre.

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A quoi le fait de savoir tout cela peut-il bien nous servir ? Simplement à comprendre que l’absence d’une personne que l’on aime a de profondes implications dans l’esprit et dans le corps. Qu’il est inévitable qu’une perte soit suivie d’une processus de ré-accommodation qui dure un certain temps. Souvent, il s’agit seulement de permettre à ces processus d’avoir lieu et de croire en nous afin de retrouver un certain équilibre.

 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.