Qu'est-ce que le "rapport" ? Découvrez les meilleures techniques pour établir une bonne alliance thérapeutique
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Le mot “rapport” fait référence au lien entre deux ou plusieurs êtres humains, à la syntonie psychologique et émotionnelle dont on a besoin pour qu’il puisse se produire des changements d’un côté ou d’une autre.
Le rapport est une des questions les plus importantes en thérapie, et qui assez souvent est passé sous silence. On estime qu’un fort pourcentage de succès dans les traitements psychologiques est dû à la bonne alliance thérapeutique ou au bon rapport entre le/la thérapeute et le/la patient-e.
L’école, l’évaluation psychologique préalable ou les techniques mises en marche au cours du traitement sont hautement importantes vis-à-vis du traitement du/de la patient-e. Cependant, il n’est pas moins important d’établir une bonne relation avec lui/elle, de manière à ce qu’iel ait pleinement confiance en nous et se sente motivé-e pour faire face au traitement.
Rien ne sert tout le reste si on n’a pas le feeling avec notre patient-e, puisque cela se répercutera négativement sur le reste des variables : la personne mettre fin au suivi de la thérapie, n’effectuera pas les exercices nécessaires entre les différentes consultations, ne sera pas motivé-e pour atteindre le changement et ne fera pas non plus confiance en ce qu’on lui proposera ou indiquera comme stratégies.
Par conséquent, lorsque l’on parle de rapport thérapeutique, on fait référence à la compréhension mutuelle, à l’attitude de collaboration et à l’empathie nécessaire pour que deux personnes puissent aborder un problème commun et atteindre les objectifs désirés. C’est un élément thérapeutique tellement important qu’aujourd’hui on l’enseigne déjà aux futur-e-s thérapeutes dans les universités, et il existe même des cours spécialisés destinés à former les différent-e-s professionnel-le-s, surtout dans le domaine de la santé, qui auront à faire face à des cas de patient-e-s présentant des problèmes qui, pour être résolus, nécessiteront une collaboration.
Origines du rapport
L’alliance thérapeutique, ou rapport, fut développée tout au long du XXe siècle. En 1912, Freud, le célèbre psychanalyste, envisageait déjà dans son travail intitulé The Dynamics of Transferencia le besoin qu’un-e analyste ait un intérêt et une attitude compréhensive envers son/sa patient-e : l’objectif avec cette “stratégie” était que la part la plus saine de ce-tte dernier-ère établisse une relation positive avec le/la thérapeute.
Freud, dans ses premiers écrits, a défini l’affection du/de la patient-e envers le/la thérapeute comme une forme bénéfique et positive de transférence. N’oublions pas que pour le psychanalyste, la transférence est la fonction psychique via laquelle le/la client-e transfère ses pensées et autres émotions envers une autre personne, en l’occurrence le/la thérapeute.
Cet aspect transférentiel a pu promouvoir la confiance, l’acceptation et la crédibilité dans les interprétations du/de la thérapeute, de même que nous vous l’avons expliqué précédemment. Cependant, postérieurement, nous avons pu voir que ce n’était pas la transférence comprise comme telle qui générait cette confiance et ce climat de collaboration mutuel entre le/la professionel-le et le/la client-e, puisque parfois pouvaient surgir des malentendus dans la relation et que cela n’était en aucun cas positif.
Ce fut Zetzel qui fit alors la différence entre transférence et alliance thérapeutique, suggérant que l’alliance était la part non-obsessionnelle de la relation, ce qui rendait possible l’insight, ou l’assimilation des changements thérapeutiques.
Plus encore, le concept de rapport ou d’alliance a été adopté par la majorité des écoles thérapeutiques, s’éloignant alors de la lecture de transférence qu’apportait le contexte psychanalytique. Selon Rogers, père de l’école humaniste avec Abraham Maslow, il faut prêter une attention tout particulière à la qualité de la relation thérapeute/patient-e. Rogers a alors proposé trois caractéristiques fondamentales que devait présenter le/la thérapeute : authenticité, acceptation inconditionnelle du/de la patient-e et compréhension empathique.
Selon cet auteur, la probabilité du progrès thérapeutique dépendrait moins de la personnalité du/de la thérapeute et de ses attitudes que de la manière dont ces dernières sont expérimentées par le/la patient-e dans la relation thérapeutique. Pour que l’interprétation soit positive, il est indispensable qu’iel se sente compris-e (qu’il existe de l’empathie) et accepté-e sans conditions.
Par la suite, Bordin, dans les années 1970, a découvert les caractéristiques communes qui doivent exister dans la relation thérapeutique de toutes les écoles ; cet auteur a identifié trois composantes qui configurent le rapport : l’accord sur les tâches, le lien positif et l’accord sur les objectifs.
Quelques techniques pour établir un bon rapport
Les deux piliers fondamentaux sur lesquels se base actuellement le rapport sont la confiance et la communication fluide. Lorsque nous parlons de communication fluide, nous ne voulons pas dire que cette dernière doive être symétrique, mais l’important est que thérapeute et client-e se comprennent à tous les niveaux : verbal, et non-verbal.
La communication, en réalité, doit être asymétrique : le/la patient-e doit bien plus intervenir que le/la thérapeute. Certaines des techniques qui se sont révélées efficaces pour établir un bon rapport sont :
L’écoute active
C’est une technique simple a priori, mais que nous avons bien souvent du mal à mener à bien. Il s’agit d’écouter ce que le/la patient-e a à nous raconter sans l’interrompre, avec la prédisposition de ne porter aucun jugement de valeur, mais en montrant via des gestes et des expression que nous sommes là, que nous l’écoutons attentivement et que nous comprenons ce qu’iel veut nous transmettre.
L’ambiance chaleureuse
Pour qu’il existe un bon rapport, il est extrêmement important que le/la thérapeute se montre chaleureux-se avec son/sa client-e. Un-e professionnel-le peut connaître bien des techniques, abriter une grande quantité de connaissances et avoir beaucoup d’expérience. Cependant, s’iel n’est pas chaleureux-se avec son/sa patient-e, tout cela ne servira pas à grand chose.
Comme nous vous l’avons expliqué précédemment, la personne ne pourra pas faire confiance à son/sa thérapeute, elle ne s’ouvrira pas à lui/elle et, par conséquent, une bonne partie de l’information ne sera pas évoquée. De plus, le manque de confiance se répercutera directement sur le degré d’engagement du/de la patient-e dans la thérapie : une faible confiance augmentera les possibilités que le/la patient-e ne fasse pas les exercices que le/la thérapeute lui demandera de pratiquer en dehors des consultations.
Nous pensons que nous sommes face à une personne qui souffre d’un problème vital ou émotionnel, c’est pourquoi la froideur ne se révélera pas du tout utile. Pour promouvoir l’empathie et l’acceptation dont parlais Rogers, il faut être chaleureux-se.
L’empathie
Il est évident que se mettre à la place de la personne que l’on a en face de nous est indispensable si on veut l’aider. Peu importe que notre patient-e soit une personne qui souffre d’un trouble affectif ou un-e délinquant-e. Si on doit traiter avec cette personne, on doit voir le monde depuis son point de vue, même si on ne partage pas ses sentiments et même si on ne croit pas non plus que ses actes soient corrects. Il n’y a qu’en étant empathiques que l’on générera de la confiance et que l’on pourra aider la personne.
L’établissement d’un lien de confiance
Comme nous l’avons dit, pour le bon déroulement de la thérapie, il est très positif que le/la patient-e se sente en confiance et à l’aise quand iel consulte son/sa thérapeute. Pour générer la confiance, en plus de tout ce que l’on vient de commenter, on doit être crédibles, en plus de le sembler.
La personne doit percevoir que nous sommes professionnel-le-s, que nous sommes correctement formé-e-s et que, si en un certain aspect il n’en était pas ainsi, nous ferons tout ce qui est en notre possible pour donner une réponse à sa demande au plus tôt en la redirigeant vers un-e autre professionnel-le ou bien en nous formant à cet aspect concret. Ainsi, le/la patient-e aura confiance en le fait que l’on peut l’aider.
La recherche de points communs
Ce point fait référence au besoin de centrer l’attention sur les intérêts communs. En l’occurrence, de s’avancer vers l’objectif thérapeutique qui a été fixé au départ par le/la client-e. Il est important pour autant de ne pas dévier du sujet et de finir par parler de points communs, certes, mais qui n’ont rien à voir avec l’objectif fixé. Dans ce cas, on perdrait du temps pendant la séance et finalement la relation expert-e/client-e cesserait d’être asymétrique, ce qui n’est pas judicieux.
Cependant, il est bon d’être flexible et d’instaurer une ambiance décontractée pendant la séance qui nous permette de parler de choses s’éloignant un peu des objectifs à atteindre, mais en faisant toujours attention à ne pas tomber dans le piège que nous venons de décrire.
La cohérence entre le langage verbal et le langage non verbal
Nous devons essayer d’être attentif-ve-s au moment de communiquer avec notre patient-e, puisque souvent, on peut dire quelque chose qui peut résulter incohérent avec notre expression ou nos gestes. La cohérence entre le langage verbal et le langage non verbal résulte fondamentale dans la relation thérapeutique puisque sans elle, il n’y aurait pas la possibilité de générer le climat de confiance et la collaboration dont nous venons de parler.
Quand il existe une contradiction entre ce que l’on dit et notre posture ou notre expression, c’est la posture ou l’expression qui prévalent, ou autrement dit ce qui est authentique, puisque le langage non verbal travaille à un niveau plus inconscient que le langage verbal.
Par conséquent, il est nécessaire, comme le disait Rogers, que l’on se montre authentiques avec notre patient-e. En prêtant toujours attention aux formes et en maintenant la qualité, l’acceptation et l’empathie, mais sans générer d’incongruences entre nos langages verbal et non verbal au moment de nous exprimer face à notre patient-e.
Que faire quand ce bon feeling ne se produit pas ?
Même si toutes ces techniques peuvent sembler de sens commun, ce qui est certain c’est qu’elles ne sont pas faciles à mettre en pratique au moment de faire face à un-e patient-e en consultation : le/la thérapeute est aussi un être humain, avec ses propres valeurs, ses propres attitudes, ses propres émotions, etc, et bien souvent il faut les laisser hors de la thérapie afin que cette dernière puisse se dérouler dans les meilleures conditions.
Malgré tout, il peut nous arriver de ne pas réussir à instaurer une bonne relation avec le/la client-e et on ne doit pas se sentir déçu-e-s par cela. De même que dans les relations informelles il peut nous arriver de ne pas avoir un bon feeling avec quelqu’un, dans la relation thérapeutique aussi cela peut arriver, même si on met tout en œuvre pour que les choses se passent bien.
Dans ce cas, le plus honnête et le plus sensé consiste à rediriger le/la patient-e vers un-e autre professionnel-le avec lequel/laquelle iel puisse développer une meilleure alliance thérapeutique et continuer à se développer personnellement. Ainsi, aucune des deux parties ne perd du temps, et toutes deux peuvent aller vers ce qui les intéresse vraiment : le rétablissement du/de la patient-e.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.