Quand l'angoisse nous envahit: l'incertitude émotionnelle
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
L’angoisse est un état émotionnel paralysant. Elle renferme plusieurs choses: l’anxiété, la peur, la sensation de danger, le vide existentiel et un poids indéfinissable qui nous empêche de respirer. Cet état psychologique est très habituel dans l’actualité. Même si on l’associe souvent aux troubles de panique, il a d’autres éléments déclencheurs qu’il vaut la peine de connaître.
Il nous est peut-être déjà arrivé de dire “je me sens angoissé”. Ce mot nous est extrêmement familier et les autres peuvent s’identifier à nous quand nous le prononçons à voix haute. Cependant, d’un point de vue clinique, cette expérience psychologique est assez complexe, voire même diffuse.
“L’angoisse, comme d’autres états psychiques qui produisent de la souffrance – la tristesse, le sentiment de culpabilité -, constitue une lutte normative chez l’être humain.”
-Mario Benedetti-
Quelle est l’origine exacte de l’angoisse? Parlons-nous seulement d’anxiété ou est-ce quelque chose de plus grand? On retrouve toujours une grande confusion et une absence de consensus au moment de la définir dans le champ de la psychologie. Les philosophes, en revanche, ont toujours été d’accord sur le sens de ce terme. Le mot angoisse vient de l’allemand “angst” qui définit quelque chose d’étroit, qui produit du mal-être.
Pour Søren Kierkegaard, par exemple, cette émotion est l’acceptation du fait que les personnes sont limitées. Nous serions par conséquent face à quelque chose qui nous produit du vertige, en plus d’une peur, lorsque nous pensons aux possibilités futures (limitées) que nous avons devant nous. Jean-Paul Sartre, à son tour, a expliqué que le sentiment d’angoisse naît quand on est conscient que tout ce qui nous arrive est dû à nos décisions. Nous sommes les authentiques responsables de notre bonheur ou de notre malheur.
Qu’est-ce que l’angoisse et comment se caractérise-t-elle ?
L’angoisse et l’anxiété partagent un même “invité”: la peur. Dans le cas de l’angoisse, on retrouve une série de traits qui donnent forme à cette souffrance si commune chez l’être humain à certains moments de sa vie.
- L’angoisse est la peur d’une chose indéfinissable.
- L’esprit angoissé anticipe des choses irrationnelles. Il ne pense qu’à des dangers futurs.
- Le présent est un vide dans lequel la personne se sent plongée et paralysée. Son regard ne se fixe que sur le futur, sur ce demain qui la gêne et l’effraye.
- Cette expérience psychologique est aussi accompagnée de symptômes physiques. On note une sensation d’asphyxie, une douleur thoracique, des palpitations…
Comme nous pouvons le voir, à première vue, il est assez difficile de différencier l’angoisse et l’anxiété. En fait, la majorité du temps, les troubles de panique ont pour principal symptôme la sensation d’angoisse. Il est donc habituel qu’ils aillent de pair et que l’esprit angoissé soit l’élément déclencheur d’une crise de panique. Ce sont des réalités cliniques très complexes qui ne se délimitent que lorsque l’on évalue chaque patient individuellement.
Pourquoi ressentons-nous de l’angoisse ?
Les philosophes nous ont expliqué que l’angoisse se produisait lorsque nous prenions conscience de notre existence en tant que telle. Du fait que nous ne sommes pas éternels, que nos décisions nous marquent, que le temps passe… Cette incertitude est très présente dans l’actualité. Et elle l’est pour une raison très simple. S’il y a bien une chose qui caractérise la société moderne, c’est de ne pas savoir de quoi sera fait demain. Le travail, l’économie, les relations… Tout peut changer d’un jour à l’autre. Et cela provoque de l’angoisse.
“Le véritable homme sourit face aux problèmes, tire sa force de l’angoisse et grandit avec la réflexion.”
-Thomas Paine-
Nous devons donc bien comprendre une chose: ressentir de l’angoisse est absolument normal. Il n’y a rien de pathologique dans ce fait si cette angoisse est adaptative. Si elle nous permet de réfléchir à notre situation et de prendre une décision par rapport à notre futur. C’est ce que Sigmund Freud a défini comme une “angoisse réaliste”.
L’angoisse non-adaptative
De l’autre côté, nous retrouverions donc l’angoisse non-adaptative. Il s’agit de celle que nous avons décrite précédemment et qui aurait les origines suivantes :
- Des crises personnelles qui n’ont pas été gérées de façon adéquate. Ce sont des états qui deviennent chroniques et qui peuvent se combiner à d’autres troubles comme la dépression.
- Une sensation de blocage et d’incapacité à gérer certaines situations. Des facteurs comme le chômage, une séparation, un changement sur le point de se produire peuvent déterminer son apparition.
- Des problèmes dans nos relations sociales, des conflits, des désillusions…
- Il est important de parler du facteur génétique. Très souvent, l’angoisse s’installe en nous sans raison apparente. On sait, par exemple, que certaines personnes sont prédisposées à ressentir des hausses d’adrénaline ou à souffrir de baisses d’acide gamma-aminobutyrique (GABA). Toutes ces altérations neurochimiques favoriseront l’apparition de l’angoisse.
Pour conclure, nous signalerons que généralement, les crises d’angoisse sont correctement traitées à travers une thérapie. La thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie d’acceptation et d’engagement et différentes approches comme le mindfulness sont des stratégies qui nous fourniront d’excellents résultats. Dans les cas les plus graves, on optera aussi pour un traitement pharmacologique.
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