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Je préfère les distances honnêtes aux proximités hypocrites

6 minutes
Je préfère les distances honnêtes aux proximités hypocrites
Dernière mise à jour : 18 mai, 2017
Dans les environnements faits d’hypocrites, les personnes sincères sont mal vues et la vérité est la pire des ennemies. Voilà pourquoi il est toujours préférable de mettre des distances honnêtes lorsque nos valeurs se fracassent sur des proximités sibyllines qui dissimulent, derrière une amabilité exagérée et une armure dorée, des personnes fausses.
Les scientifiques, qu’iels soient sociologues, météorologues, géologues ou biologistes, nomment la période terrestre dans laquelle nous vivons “Anthropocène“, c’est-à-dire “Homme nouveau”. Leur intention est simple et révélatrice : insister sur le fait que l’humanité aspire a s’élever au-dessus de sa propre essence, en renforçant son intelligence, sa cohésion sociale, son harmonie, son respect des autres et a conscience.

Cependant, certain-e-s auteur-trice-s nous parlent d’une dimension plus concrète de l’Homme, d’une problématique que nous connaissons tou-te-s au quotidien : l’hypocrisie. C’est le cas de Michael Charles Tobias et Jane Gray Morrison, les auteur-trice-s du livre Anthropozoologie : embrasser la coexistence dans l’Anthropocène.

Pour ces auteur-trice-s, nous demeurons des mammifères vertébrés qui ont l’habitude de prêcher une chose et d’en faire une autre. Nous souffrons d’un déficit naturel qui nous empêche d’être cohérent-e-s, qui rend difficile notre cohabitation avec nos semblables, même si nous laissons de côté les différences culturelles, sociales ou de genre.

Nous savons tou-te-s qu’il n’est pas simple de mettre une distance entre ce qui nous plaît et ce qui nous incommode. Nous sommes parfois obligé-e-s de partager notre espace avec un membre de notre famille aux idées extrêmes, ou avec un patron qui ne semble pas suivre les mêmes préceptes moraux que nous.

Cependant, ce que nous pouvons faire, c’est créer des espaces d’auto-protection qui peuvent nous empêcher de sombrer dans l’exercice malsain de l’hypocrisie.

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Dans le règne de l’hypocrisie, la “loi du plus fort” triomphe

Achille disait dans l’Iliade qui s’il avait détesté quelque chose encore plus que les portes d’Hadès, c’étaient ces personnes qui disaient une chose et en faisaient une autre.

Nous avons tou-te-s autour de nous une personne qui répond à ces caractéristiques qui, malheureusement, sont très abondantes dans l’ère de l’Anthropocène. Ce que nous ne savons pas, c’est que nous ne devons pas rejeter la faute uniquement sur l’hypocrisie apparente du comportement de cette personne.

L’hypocrisie est bien plus qu’une simple dissonance entre nos idées directrices et nos comportements, nos agissements. A certaines occasions, notre environnement nous oblige à agir différemment de ce que nous pensons. Chaque jour, nous devons affronter un véritable casse-tête existentiel, dans lequel toutes les pièces sont dispersées et qui nous oblige à survivre dans des superficies sociales très complexes. Sans nous en rendre compte, nous adoptons alors parfois des comportements qui sont en total désaccord avec nos idées et nos convictions.

Entre ce que nous pensons, ce que nous disons et ce que nous faisons, la différence peut être très grande. Et même si nous ne désirons pas trahir notre vérité intérieure, nous sommes parfois poussé-e-s par notre environnement à agir ainsi.

C’est ce que Léon Festinger définit comme la dissonance cognitive. C’est-à-dire que nous expérimentons une dissension, une sorte de conflit, entre notre système d’idées, de croyances et d’émotions (nos cognitions) et nos agissements.

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Même si la société actuelle dans laquelle nous vivons peut nous paraître le terreau idéal au développement de nos comportements hypocrites, nous devons tout de même distinguer deux situations.

Dans un premier temps, il existe des personnes qui souffrent de dissonance cognitive et qui décide d’essayer de la limiter pour pouvoir atteindre une certaine harmonie entre ce qu’elles pensent et ce qu’elles font.

D’un autre côté, nombreuses sont celles qui comprennent la vie de cette manière et qui ne voient pas le mal dans leurs comportements. La dissonance cesse alors d’exister pour laisser la place à une cognition ferme et clair qui les renforce dans la conviction que cette dichotomie entre leurs actes et leurs pensées est légitime, qu’elle a un but.

Voir également : Les mensonges sont les poids qui pèsent le plus lourd sur nos épaules

Nous protéger des comportements hypocrites

Faire ce que l’on dit n’est pas seulement un acte de respect envers les autres, c’est aussi un acte de respect envers nous-mêmes et notre bien-être personnel. Nous savons tou-te-s que l’hypocrisie est un passage obligé dans la vie de chaque être humain. Nous en avons tou-te-s fait preuve au travail, lors d’une soirée ou d’une réunion de famille.

Les dissonances cognitives ont bien une finalité claire et objective : elles jouent le rôle d’alertes psychologiques qui nous informent que le lien étroit qui relie nos agissements à nos valeurs est sur le point de se rompre. Initier, dès cet instant, une réflexion à ce sujet, est fondamental pour éviter de sombrer dans une hypocrisie systématique.

Mais, que pouvons-nous faire contre les personnes hypocrites et toxiques qui sont présentes dans notre entourage ? Certaines personnes sont honnêtes et, quand elle ressente une incompatibilité de caractères ou de valeurs, choisissent de prendre de la distance de façon élégante et respectueuse. C’est quelque chose dont nous sommes tou-te-s reconnaissant-e-s mais que, malheureusement, peu de personnes mettent en pratique.

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Nous devons donc établir une sorte de cordon de sécurité et nous éloigner des personnes hypocrites. Cependant, si cette personne fait partie de notre famille, de notre travail ou de notre premier cercle, cela peut être extrêmement difficile à mettre en place.

Si vous vous trouvez dans cette situation, nous vous conseillons d’appliquer la règle des trois “R” :

  • Ne la “renforcez” pas dans son comportement : une personne hypocrite a le droit d’exister dans votre entourage et de se comporter comme elle l’entend, mais ne validez jamais ses comportements. Soyez le plus sceptique possible face à elle, n’ayez pas de conversations profondes avec elle, ne lui révélez pas votre intimité et ne donnez pas d’importance à ce qu’elle peut vous dire.
  • “Respectez-la et respectez-vous” : laissez la personne hypocrite agir comme elle en a l’habitude, mais dans sa propre sphère. Ne la laissez jamais entrer dans la vôtre. Respectez-vous et accordez-lui la place qu’elle mérite, une place qui ne doit pas lui permettre de vous atteindre.
  • Ne “renoncez” pas à vos valeurs : lorsque nous passons un long moment avec une personne hypocrite, nous pouvons tomber dans le piège d’imiter ses comportements. Gardez à l’esprit les valeurs et les principes qui vous définissent, et n’y renoncez jamais, peu importe ce que cette personne peut vous dire.

Enfin, n’oubliez jamais que l’hypocrisie se cache bien souvent derrière une attitude aimable et avenante. Apprenez à être intuitif-ve et à ne jamais tomber dans le piège des personnes fausses. N’hésitez pas à mettre de la distance entre vous et ces individus pour conserver votre bien-être émotionnel et psychologique.
Images de Rebecca Dautremer

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.