Personnalité sombre et décisions morales : comment sont-elles liées ?

Certaines personnes ont des traits de personnalité sinistres, sombres et froids. Lorsqu'elles sont confrontées à des décisions dans lesquelles la moralité joue un rôle important, comment agissent-elles ?
Personnalité sombre et décisions morales : comment sont-elles liées ?
Gorka Jiménez Pajares

Rédigé et vérifié par le psychologue Gorka Jiménez Pajares.

Dernière mise à jour : 18 mars, 2023

Les personnalités sombres sont le narcissisme, la psychopathie et le machiavélisme. Ce sont des personnes très conflictuelles dans leurs relations interpersonnelles et qui ont du mal à nommer leurs sentiments, car elles n’ont pas ou ont un minimum d’empathie. De plus, ces types de personnalité sombre ont tendance à être incapable de faire quelque chose par altruisme et dans le but de mettre les autres à l’aise : ils présentent des déficits de comportement prosocial.

À cet égard, une nouvelle étude publiée par le Centre de recherche sur les technologies et services de santé (Portugal) a voulu analyser la relation entre la triade noire et la prise de décisions morales. Néanmoins, avant cela, nous allons définir et établir les bases de ce qu’est la personnalité sombre et en quoi consistent les décisions morales.

« Il faut être un renard pour connaître les pièges et un lion pour faire fuir les loups. »

-Machiavel-

homme avec le mal
Ceux qui ont des personnalités sombres manquent d’empathie.

Personnalité sombre

On sait depuis des années qu’il existe trois facteurs qui, lorsqu’ils sont combinés, donnent naissance à un type de personnalité de plus en plus obscure : la personnalité sombre. Le concept est né en 2002 de Delroy Paulhaus et Keving Williams, qui ont défini les caractéristiques de chaque composant :

1. Narcissisme

Ce trait de personnalité fait allusion à une dimension subclinique. Cela signifie que bien que le trait puisse être évident, il est loin d’être suffisamment grave pour justifier un diagnostic de trouble de la personnalité narcissique.

Nous pouvons expliquer en quoi consiste le narcissisme avec une métaphore. Imaginez un funambule qui marche, à grande hauteur, sur un fil. C’est ainsi que les personnes narcissiques avancent dans la vie : d’un côté de ce fil fin, elles se montrent grandioses, dignes de la plus haute estime et de la plus grande admiration. Cependant, de l’autre côté, ce sont des personnes dont l’estime de soi est extrêmement vulnérable.

Le narcissisme est un processus dont le but est la construction de soi. Le moteur du narcissique est le besoin d’affirmation de soi.

2. Le machiavélisme

La principale caractéristique du machiavélisme est le cynisme. Selon le dictionnaire de l’Académie royale de la langue espagnole, le cynisme fait allusion au fait de ne pas avoir honte de mentir.

Ainsi, les personnes qui obtiennent des scores élevés en cynisme se caractérisent par l’absence de principes ou de valeurs. Pour eux, l’important est la fin, ce qu’ils veulent. En ce sens, les personnes cyniques manipulent les autres comme un moyen d’arriver à leurs fins.

« Les gens cyniques croient que la manipulation interpersonnelle est la clé du succès dans la vie et ils se comportent en conséquence. »

-Fernando Renee González-

3. Psychopathie

Les personnes atteintes de psychopathie ont des traits de personnalité antisociaux. Elles se caractérisent par leur insensibilité et leur froideur aux besoins des autres. De plus, elles ne parviennent pas ou ont du mal à se connecter émotionnellement avec leur entourage : leur capacité d’empathie est mise à mal.

Ces gens sont froids lorsqu’ils prennent des décisions et agissent de manière impulsive. Par conséquent, le fait de violer les normes sociales est loin de les déranger. C’est pour cette raison que lorsqu’ils entrent en contact avec la société, il semble que des étincelles jaillissent car le conflit est la norme au lieu de l’exception.

« La psychopathie se caractérise par un faible niveau de gentillesse et de responsabilité. »

-Fernando Renee González-

Que sont les décisions morales ?

Nous pouvons définir les décisions morales comme le chemin que nous suivons lorsque nous raisonnons sur un fait, dans le but de discerner si la solution est correcte ou incorrecte d’un point de vue moral. L’étude des décisions morales se fait normalement à travers des dilemmes.

Les dilemmes sociaux peuvent se classer en trois grands domaines :

  • Personnels, lorsqu’ils font allusion à des comportements susceptibles de causer directement un préjudice grave à une personne ou à un groupe.
  • Impersonnels, lorsqu’ils font référence à des comportements qui affectent indirectement quelqu’un.
  • Avec absence d’évaluation morale, lorsqu’elles impliquent des comportements alternatifs dans un contexte d’absence de préjudice.

À leur tour, les décisions que nous prenons dans les dilemmes moraux peuvent être utilitaires ou non utilitaires. Les décisions utilitaires se caractérisent par la recherche du bien pour le plus grand nombre de sujets impliqués dans le dilemme, même si cela implique de nuire à certains d’entre eux. Par exemple, si malgré la mort d’une personne, on en sauve deux. Dans l’autre sens, les décisions non utilitaires impliquent que personne ne sera blessé après le processus d’évaluation.

«Les gens prennent souvent des décisions utilitaires dans des dilemmes non moraux ; face à des dilemmes personnels ou impersonnels, les décisions ont tendance à être non utilitaires. »

-Fernando Renee González-

Le stress : un facteur qui relie la personnalité sombre et les décisions morales

La sursaturation émotionnelle est un facteur qui influe au moment de décider sur les dilemmes moraux. En ce sens, lorsqu’un stimulus apparaît qui est supérieur à notre capacité d’adaptation, le stress surgit.

C’est alors que, dans des conditions de stress, nos capacités à raisonner et à prendre des décisions sur des dilemmes moraux souffrent. Cela se produit intensément dans des situations morales conflictuelles et chez les personnes ayant des traits de personnalité sombres.

« Le stress inhibe le contrôle cognitif nécessaire pour arrêter les réponses émotionnelles et automatiques. »

-Fernando Renee González-

homme dominant
Les personnalités sombres ont tendance à prendre des décisions utilitaires, dans lesquelles l’objectif principal est d’obtenir un maximum d’avantages, même si cela signifie nuire aux autres.

Altérations de la cognition sociale

Dans des conditions stressantes, les personnes ayant des traits de personnalité sombres présentent des déficits de leur cognition sociale. La cognition sociale fait référence à la façon dont nous opérons, transformons et traitons les informations relatives aux autres. En fait, l’une des conclusions de l’étude est que ceux qui ont ces traits de personnalité ont tendance à prendre un plus grand nombre de décisions utilitaires, c’est-à-dire que pour eux le fait de nuire aux autres n’a pas d’importance, s’ils en tirent le bénéfice maximal.

En ce sens, les dilemmes moraux peuvent générer des niveaux élevés de sursaturation émotionnelle, qui à leur tour génèrent du stress. Chez les personnes qui ne présentent pas ces traits, le stress émotionnel inhibe la prise de décision morale utilitaire. Cependant, les personnes ayant des traits de personnalité sombres ont un certain degré d’insensibilité à ce stress émotionnel. Par conséquent, elles ont tendance à prendre des décisions morales utilitaires.

Comme nous l’avons mentionné, pour les personnalités sombres, le moyen par lequel on atteint l’objectif est sans importance, tant que ledit objectif est atteint. L’inefficacité de l’empathie peut jouer un rôle important dans l’insensibilité émotionnelle de ces personnes, les amenant à se comporter de manière narcissique et machiavélique lorsqu’elles se disent que pour « gagner », quelqu’un doit être blessé.

« La préférence pour la prise de décision utilitaire peut également résulter d’une moindre préoccupation pour la moralité qui a parfois été attribuée aux personnes ayant des traits élevés de la triade noire. »

-Fernando Renee González-


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