Le monde est constitué de détails précieux qui méritent d'être appréciés
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Il y a celui/celle qui regarde mais ne voit pas, il y a celui/celle qui entend, mais n’écoute pas et celui/celle qui touche mais ne se sent pas. C’est pourquoi je préfère celleux qui savent apprécier les détails précieux et les subtilités de la vie, celleux qui utilisent leur volonté à cet effet et savent me regarder au plus profond de mon être sans avoir besoin de passeport. Car quiconque combine l’intentionnalité avec une émotion sincère profite beaucoup plus.
Les anthropologues et les psychologues affirment que l’observation a toujours été la clé de la survie chez les humains. Cependant, nous avons atteint un point de notre évolution où s’il y a quelque chose qui nous définit, c’est précisément la distraction. Nous sommes, chacun-e à notre façon, cette société superficielle qui vit dans attente d’un millier de stimuli en même temps, qui en ignore le sens mais qui, en même temps, ne tolère pas qu’ils soient endormis. Nous voulons tout embrasser sans percevoir quoi ou qui nous avons devant nous.
“Penser est plus intéressant que savoir, mais moins intéressant que regarder.”
-Goethe-
Les expert-e-s nous disent que si nous n’avions pas été bon-ne-s observateur-trice-s dans le passé, nous aurions probablement disparu comme espèce. Nos ancêtres ont utilisé tout le potentiel de leurs sens pour détecter tout risque, menace ou stimulus dont iels pourraient tirer profit. Nous avons utilisé nos oreilles, nos yeux et notre nez pour capturer tous les détails de notre environnement… Rien ne nous a échappé.
Cependant, à l’heure actuelle, la plupart d’entre nous sont devenu-e-s des observateur-trice-s paresseux-ses, pour lesquel-le-s ni les signaux acoustiques ni les signaux visuels ne nous permettent d’aiguiser notre vue tandis que nous assistons à un zigzaguement de zèbres. Non seulement nous ne percevons pas les dangers, mais certain-e-s d’entre nous manquent de détails précieux et même de ces subtilités fascinantes qui composent notre réalité.
Le/la bon-ne observateur-trice sait dépasser et apprécier les détails simples
Les détails précieux sont comme de petites boîtes dissimulées dans notre réalité où une information certaine et admirable est stockée. Un geste, un regard, un ton de voix, un changement de lumière, une image penchée, un insecte qui boit de l’eau dans une goutte de rosée… Tout cela est une subtilité qui habite notre champ de vision que n’apprécions pas toujours. Peut-être en raison du manque de volonté, peut-être en raison du manque de temps.
Il faut aussi se rappeler que “voir, ce n’est pas la même chose que regarder”. Pour mieux le comprendre, regardons un moment dans la peinture d’Edward Hopper que nous avons au-dessus. Il y aura celleux qui se concentreront simplement sur le travail pendant quelques secondes sans rien apprécier, sans rien remarquer. D’autres, cependant, chercheront à décider ce qu’il faut voir, à capturer l’âme d’un tableau, à lire ses précieux détails, et plus encore, à «le contempler» au point de se transposer dans l’un de ses personnages.
Le/la bon-ne observateur-trice, qui transcende au-delà de la réalité, perçoit sans doute l’énigme subtile que Hopper voulait transmettre à ce travail. Nous voyons deux femmes dans un restaurant, mais nous sommes préoccupé-e-s par leurs similitudes et le geste auquel nous sommes confronté-e-s. La raison ? La jeune femme devant elle est son Doppelgänger, son double, son «autre moi».
L’acte de «voir» est la première étape de la conscience, c’est un petit “MOI” qui nous aide à discriminer les choses, les objets, les gens … Cependant, c’est l’acte de “regarder” qui nous permet de nous réveiller, qui nous offre la possibilité de passer à l’autre pour prendre contact avec son âme pour saisir son essence.
D’autre part, il est intéressant de savoir que, dans le test de l’enneagrame, nous avons aussi la personnalité «observatrice», qui est définie comme une personne curieuse et innovante capable de se distancer des choses pour émettre ses propres jugements. Ils s’agit également de profils indépendants, simples et très perceptifs.
Le monde est constitué de détails précieux qui méritent d’être admirés
Dans notre société actuelle, nous regardons, mais nous ne voyons pas. Nous glissons notre doigt sur l’écran de nos mobiles de façon routinière, mécanique, parfois obsessive. Nous nous asseyons devant la télévision et souvent, nous nous réduisons à ne voir que ce qu’ils nous refilent. Il en va de même pour notre existence, nous voyons et respirons, mais nous ne vivons pas, du moins comme on pouvait le faire : avec les yeux des plus attentifs et un cœur le plus réceptif.
“Le plus haut degré de connaissance est de contempler le pourquoi.”
-Socrate-
L’un des livres les plus intéressants sur ce même sujet et qui nous invite sans aucun doute à la réflexion est Écoutez avec les yeux de Ferrán Ramón Cortés. L’argument ne peut pas être plus simple : un homme voit soudainement une de ses collègues les plus précieuses quitter le travail. Le protagoniste n’en comprend pas la raison et se rend compte qu’en dépit d’avoir partagé professionnellement 5 années de avec elle, il ne la connaît pas.
Après cela, il décide d’améliorer ses compétences sociales. Il décide de faire de la photo et d’apprendre à se concentrer sur l’objectif pour mieux comprendre sa réalité, pour saisir le détail, pour transcender, pour savoir comment contempler et atteindre les gens avec authenticité en prenant une par une toutes ces “couches d’oignon” qui enveloppent nos comportements et nos environnements quotidiens.
En conclusion, ce que nous avons pu comprendre, c’est que chacun-e de nous peut choisir dans sa vie quotidienne deux options : voir la vie ou regarder en détails cette réalité, en être un-e participant-e complet-ète. En outre, il y a une troisième option qui est plus enrichissante, mais nécessite sans doute plus de temps et de volonté ; nous vous parlons bien entendu ici de la capacité de «contempler» notre réalité, de toucher l’âme des choses et de nous plonger dans ses multiples mystères et énigmes, tels les deux tableaux d’Edward Hopper qui illustrent cet article.
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