Jérôme Bosch : biographie d'une énigme
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Les biographies officielles de Jérôme Bosch nous dressent un récit assez simple de la vie de cet artiste exceptionnel. L’histoire de l’art la plus orthodoxe présente ses œuvres en tant qu’art à caractère religieux. Nous savons que le roi Philippe II, collectionneur d’œuvres cachées, a longtemps cherché à les posséder. Ceci est d’ailleurs assez ironique.
Il est vrai qu’il y a quelque chose dans la vie et l’oeuvre de ce maître des arts qui est très difficile à expliquer. Cela explique pourquoi nous ne semblons pas parvenir à comprendre totalement cet artiste.
Tout ce halo de mystère autour de Jérôme Bosch lui a valu un bon nombre de rumeurs sur des tableaux peints sous des états de conscience altérés, un symbolisme occulte, des confréries secrètes, des troubles psychologiques ou même une hérésie. Ces accusations, pour l’époque, supposaient un défi dangereux des normes établies.
On a souvent essayé d’expliquer son oeuvre – des centaines de fois – mais sans succès. Nous pouvons bien sûr lire tout ce que nous trouvons sur Bosch. Nous pouvons également apprendre la description détaillée de n’importe laquelle de ses œuvres. Cela ne nous empêchera pas, au moment de les contempler, de penser : “il y a quelque chose de plus grand ici”.
Le mystère a toujours fasciné l’être humain et les peintures et figures du passé ont énormément nourri notre imagination. Nous nous sommes donc proposés de découvrir comment était sa vie, ce qu’il a peint et comment il l’a peint, en nous penchant sur certaines théories. Ces dernières essayent de nous expliquer l’énigmatique et déconcertante vie et oeuvre de ce grand maître.
Jérôme Bosch : sa vie
Son nom était Jheronimus van Aken mais on le connaissait sous le nom de Jérôme Bosch. Peintre hollandais né en 1450 au sein d’une famille aisée d’artistes, il était le fils et le petit-fils de peintres. C’est vers le milieu de sa vie que Jérôme Bosch a peint ses œuvres les plus célèbres, pleines de symbologie évocatrice et d’éléments fantastiques qui semblent donner vie à des mondes de rêves pleins de monstres infernaux.
Il semblerait que Jérôme Bosch ait fait partie d’une espèce de confrérie qui portait le nom des « frères du libre esprit ». Cette confrérie était, en réalité, une communauté sectaire. Elle s’appuyait sur l’hérésie de l’adamisme, qui ne croyait ni au péché ni à la rédemption.
Il s’opposait à tout ordre établi et l’on qualifiait donc ses idées d’anarchistes. Cependant, ce n’est qu’une des nombreuses versions de sa biographie. D’autres signalent que la confrérie à laquelle il appartenait était celle de « Notre-Dame ». Celle-ci possédait des valeurs totalement opposées à la précédente.
Jérôme Bosch a mené une vie assez aisée grâce à son mariage avec la fille d’un riche commerçant. Comme cela se produit généralement lorsque nous abordons des figures emblématiques du passé, ses données biographiques, tout comme son oeuvre, sont une mer de conjectures. Beaucoup d’experts de différents domaines ont donc essayé de les éclaircir au cours de ces derniers 500 ans.
Son oeuvre
On a souvent interprété ses œuvres en suivant la tradition médiévale de figures exemplaires sur la vie. Mais aussi la mort et le péché. Lors de ces dernières décennies, malgré tout, les interprétations de son oeuvre ont contredit la conception classique.
En fait, plusieurs auteurs suggèrent que ses œuvres, et surtout Le jardin des Délices, le tableau le plus réticent à l’analyse, ont pu être peintes sous les effets d’un quelconque hallucinogène. En d’autres termes, des états altérés de conscience. Ceux-ci le plongeaient dans le même monde fantastique de personnages semi-humains que celui de ses tableaux et qui, à de nombreuses reprises, ressemblaient à de véritables cauchemars dans un monde extrêmement onirique.
Lors du dernier centenaire de sa mort, en 2016, une équipe de chercheurs a réalisé une nouvelle classification de son oeuvre, répartie dans plusieurs pays. Certaines oeuvres qui lui avaient été attribuées ont été éliminées et d’autres ont été rajoutées. Dans tous les cas, il semblerait que 21 tableaux n’aient pas été l’objet d’une polémique quand à leur origine. Bosch, en effet, ne les signait généralement pas.
Nous retrouvons plusieurs tableaux dont l’origine ne semble pas remise en doute. Parmi ces derniers : Le Jardin des délices, Le Jugement dernier, Le Chariot de foin, La Lithotomie, Les Sept péchés capitaux, La Nef des fous et Triptyque de l’Adoration des rois mages.Certaines de ces œuvres sont conservées au Musée du Prado grâce à l’obsession de Philippe II pour la collection des travaux de Jérôme Bosch.
Jérôme Bosch a-t-il peint sous des états altérés de conscience ?
Même si tout semble l’indiquer, il n’existe pas d’avis unanime à ce sujet. C’est d’ailleurs une chose que nous pouvons appliquer à pratiquement tout son personnage, sa vie et son oeuvre. Erich Peuckert, professeur de folklore allemand, est l’une des plus grandes figures ayant soutenu cette théorie. Après différentes études à l’Université de Göttingen, Peuckert et d’autres chercheurs ont affirmé que cette idée était une réelle possibilité.
Au cours de ces recherches, une expérience a été réalisée. On s’est servi d’une recette élaborée à partir de produits naturels et trouvée dans d’anciens traités du XVe siècle. La recette en question est connue comme étant l’un des “onguents des sorcières” du Moyen-Âge.
Les volontaires de cette étude, soumis aux effets de cet onguent, ont été plongés dans une sorte de longue somnolence au cours de laquelle ils avaient d’étranges hallucinations. Lors de ces sessions, les volontaires semblent avoir visualisé des images au contenu sexuel, avec des créatures infernales, des attaques de personnages monstrueux et de nombreux autres éléments que nous pouvons retrouver dans les tableaux de Hyeronimus Bosch.
D’autres études nous suggèrent de possibles troubles mentaux que l’artiste semble avoir retranscrits dans toute son oeuvre. Sous les effets de troubles psychotiques ou d’effluves sabbatiques, il est vrai que l’oeuvre de Jérôme Bosch a quelque chose qui va bien au-delà des sens. Personne ne peut expliquer si les messages contenus dans ses tableaux proviennent du subconscient ou s’adressent à lui, de façon intentionnelle.
Quoi qu’il en soit, nous pouvons encore aujourd’hui apprécier l’oeuvre de Bosch. Nous pouvons nous plonger dans son art et faire l’expérience de ces différentes sensations provoquées par le plaisir d’admirer son travail.
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