Helene Deutsch, le féminin dans la psychanalyse

Helene Deutsch a été la première femme dans l'histoire de la psychanalyse à faire référence à l'étude de la psychologie féminine de façon spécifique. Son travail et sa vie ont servi d'inspiration à une infinité d'auteures qui, comme Simone de Beauvoir, voulaient ouvrir la voie au féminisme.
Helene Deutsch, le féminin dans la psychanalyse
Gema Sánchez Cuevas

Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas.

Écrit par Edith Sánchez

Dernière mise à jour : 13 février, 2023

Helene Deutsch a été la première femme dans l’histoire de la psychanalyse à s’intéresser à l’étude de la psychologie féminine et la première à diriger l’Association Psychanalytique de Vienne. Ses apports sont venus nuancer le point de vue excessivement masculin que la psychanalyse avait eu jusqu’alors et ont servi d’intrant pour l’oeuvre postérieure de Simone de Beauvoir.

Helene Deutsch est considérée comme l’une des plus grandes spécialistes dans l’histoire de la psychanalyse. Elle a formé de nombreux psychanalystes, avec beaucoup de succès. En tant que femme, elle s’est rebellée contre les ordres de son époque et a toujours démontré qu’elle avait la volonté et le caractère pour vivre selon ses propres principes et normes.

Ses contemporains la définissaient comme une femme extrêmement belle et intelligente. Il faudrait aussi ajouter à ces vertus sa discipline proverbiale et sa persévérance. Elle n’a pas seulement été célèbre parmi ses collègues européens, elle a aussi écrit quelques-unes des pages de psychiatrie les plus importantes aux États-Unis.

Un portrait d'Helene Deutsch

 

Helene Deutsch, une femme indépendante

Helene Deutsch était la plus jeune de sa famille. Elle est née en 1884 dans un petit village du nom de Przemyśl, qui faisait alors partie de l’empire austro-hongrois et, actuellement, appartient à la Pologne.

Elle provenait d’une famille juive à la mentalité assez ouverte ; sa famille n’a pas hésité à lui fournir un accès à l’éducation privée à la maison, à une époque où il n’était pas habituel de voir les femmes étudier.

Son père était avocat et Helene était sa préférée. Sa mère, en revanche, était une femme autoritaire et distante, qui ne faisait preuve d’aucune affection envers sa fille. Même si Helene Deutsch était une enfant brillante, son caractère était dépressifCela se devait à la froideur de sa mère et au fait que son grand frère avait essayé de la violer.

À 16 ans, elle est devenue l’amante d’Herman Liebermann, un homme beaucoup plus âgé qu’elle et qui était, par ailleurs, marié. Ceci a fait éclater un grand scandale familial et social, auquel Helene a à peine prêté attention.

Son amant était un leader de premier plan de la social-démocratie et a vécu une relation tumultueuse avec elle. Elle, en revanche, l’a suivi quand il a été élu en tant que parlementaire à Vienne. C’est dans cette ville qu’Helene a connu Rosa Luxemburg, une femme qui lui a servi de modèle pour avancer dans sa pensée et ses études.

Études et défi

En 1907, Helene Deutsch a commencé à étudier à l’Université de Vienne. Il n’y avait alors que sept femmes dans la faculté et Helene était l’une d’entre elles.

Peu de temps après, elle a mis fin à sa relation avec Libermann et est partie à Munich pour se spécialiser en psychiatrie sous la direction d’Emil Kraepelin. Elle a obtenu son diplôme en 1912 et c’est là que, de façon presque simultanée, son intérêt pour la psychanalyse a commencé à s’éveiller.

Cette même année, elle a épousé Felix Deutsch, un médecin interniste qui a aussi été le médecin personnel de Sigmund Freud. Helene a commencé à travailler en tant que médecin assistante à la clinique psychiatrique de l’Université de Vienne, où on l’a assignée à la section des femmes. Cette expérience dans la clinique a été le début de toute son étude postérieure. À partir de ce moment, Helene a décidé de se plonger dans l’étude de la psychologie féminine.

Helene Deutsch a entamé une psychanalyse avec Sigmund Freud mais, au bout d’un an, celui-ci lui a dit qu’il devait l’interrompre car il ne voyait pas de signes de névrose chez elle. Un peu plus tard, elle a suivi une autre psychanalyse, cette fois-ci avec Karl Abraham, à Berlin. En 1917, elle a accouché de son seul enfant, Martin, qui est devenu un célèbre physicien.

Une femme aux yeux fermés

L’apport d’Helene Deutsch

Helene Deutsch n’a jamais été une dissidente de la psychanalyse classique. Elle a suivi les concepts essentiels de la théorie mais en apportant un point de vue différent.

Elle a spécifiquement essayé d’appliquer tous ces concepts à la psychologie féminine, devenant la première psychanalyste à écrire un livre sur ce sujet. Helene s’est particulièrement intéressée à l’étude du narcissisme, en essayant de voir comment il s’exprimait ou se manifestait chez les hommes et les femmes.

Par ailleurs, elle a osé aborder des points liés à l’érotisme féminin et a ouvert la psychanalyse à un nouveau champ qui, jusqu’alors, n’avait pas été traité : la maternité.

Elle a exhorté Freud à explorer davantage la psychologie féminine et lui a offert une interprétation constructive de la supposée passivité féminine, qu’elle a défini comme une introspection facilitant l’intuition.

Deutsch a émigré aux Etats-Unis avec sa famille en 1935. Elle s’est installée à Boston, où elle a commencé à travailler en tant que psychiatre adjointe à l’Hospital General du Massachusetts.

Son oeuvre Psychologie des femmes est devenu l’un des classiques indispensables de la pensée féminine. Son époux est décédé en 1964 et elle en 1982, à 97 ans. Le nom d’Helene Deutsch ainsi que son oeuvre ont beaucoup marqué les Etats-Unis et l’Europe.

Helene Deutsch a démontré au monde que les femmes pouvaient réussir dans n’importe quel domaine, qu’elles n’étaient pas si différentes des hommes. Elle a également essayé d’ouvrir une porte vers la psychologie féminine. Un champ d’étude qui, comme c’est habituellement le cas dans un monde d’hommes, avait à peine été exploré jusque là.

 


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  • Vallejo Orellana, R. (2002). “Helene Deutsch, pionera en el acercamiento a la psico (pato) logía de la mujer desde la perspectiva psicoanalítica”en Revista de la Asociación Española de Neuropsiquiatría, (83), 93-107.

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