Épidémiologie différentielle: pourquoi l'intelligence prédit la longévité?
L’objectif principal de l’épidémiologie différentielle est d’établir une relation entre l’intelligence d’une personne, désignée facteur g, ses traits de personnalité et sa longévité.
Une étude menée par des chercheurs de l’Université d’Edinburgh sur des enfants datant de 2017 montre qu’il existe bel et bien une relation entre le niveau intellectuel d’une personne et sa mort. La conclusion de cette étude est la suivante : plus le niveau intellectuel est élevé à 11 ans, plus grande est la probabilité de passer le cap des 80 ans.
Le facteur g semble donc être lié à la mise en pratique de comportements sains, à savoir une bonne prise médicamenteuse, au suivi d’un traitement, à la pratique d’un sport et à une alimentation saine et équilibrée.
Épidémiologie différentielle et facteur g
Notre intelligence, en plus de nous permettre de raisonner, de planifier, de résoudre des problèmes, de réfléchir en termes abstraits et de comprendre des idées complexes, pourrait également prédire notre longévité. Le score moyen du quotient intellectuel est fixé à 85. Si le facteur g est inférieur à 85, l’intelligence du patient représente alors un facteur de risque.
Le facteur g n’est pas seulement lié à l’adhérence au traitement une fois la maladie présente. Il est aussi lié à la prévention et à l’anticipation des succès vitaux inespérés. Des études montrent que des personnes avec un QI inférieur à 85 ont trois fois plus de probilités d’avoir ou de mourir dans un accident de la route. Le risque est moindre pour les personnes dont le QI est de 115.
La problématique principale concerne les inégalités sanitaires. À aucun moment du processus, le système sanitaire ne s’intéresse au facteur g de ses utilisateurs. Nous pourrions, par exemple, prêter davantage attention à l’adhésion au traitement chez les personnes dont le QI est inférieur à 85. Nous parlerions alors d’inégalité des accès cognitifs aux services sanitaires.
Bien que cela semble peu intuitif, pour que les traitements médicaux ou psychologiques soient plus efficaces, il n’est pas nécessaire d’augmenter la quantité de services offerts. Il faut adapter ces services aux différents facteurs et aux traits de personnalité existants.
Épidémiologie différentielle, longévité et traits de personnalité
Le facteur g d’intelligence n’est pas le seul facteur influant sur la longévité d’une personne. Et l’épidémiologie différentielle n’est pas la seule discipline qui étudie ce lien.
Les traits de personnalité classés par Goldberg (l’ouverture à l’expérience, la cordialité, l’extraversion, le neuroticisme et la responsabilité) jouent également un rôle important. Ces traits ont un lien avec l’accès cognitif aux services sanitaires, ainsi qu’avec la mise en pratique de comportements qui favorisent un style de vie sain.
La possibilité selon laquelle des facteurs de personnalité généraux soient à l’origine de différents troubles a été étudiée. Par exemple, la Responsabilité serait liée à la prise de boissons alcoolisées et d’autres drogues. Le neuroticisme serait lié à la dépression, à l’anxiété et aux phobies. Quant à la cordialité, elle serait liée au trouble obsessionnel compulsif (TOC), aux manies et à la schizophrénie.
De la même façon, il semblerait que les traits de personnalité et la santé soient également liées. On observe que l’influence de certains facteurs est plus importante que celle d’autres facteurs. C’est le cas de la responsabilité qui régule les systèmes de tempérament définis par les autres traits. Par exemple, la cordialité est liée à l’utilisation de la connaissance irrationnelle, à l’agressivité et à l’impulsivité. Il faut donc tenir compte du niveau de responsabilité pour définir un traitement médical.
Des phénocopies avec des profils psychologiques
L’importance de l’épidémologie différentielle réside dans la possibilité d’adapter toutes les ressources sanitaires à la personnalité et au facteur g de l’utilisateur. Si l’axe d’étude continue dans cette direction, il sera alors possible de développer des profils en fonction de l’expression des gènes d’une personne et de son interaction avec l’environnement.
Grâce à ces profils, il sera possible de savoir comment un individu établit un lien avec son environnement en fonction de son intelligence et de ses traits de personnalité. Cela peut conduire à la constitution de profils psychologiques. Ces profils psychologiques permettraient d’adapter les interventions médicales en fonction des particularités du patient.
Au-delà de l’épidémiologie différentielle, les mesures pouvant être mises en marche
Nous ne pouvons pas encore compter sur les études génétiques individuelles et sur la mise en pratique de l’épidémiologie différentielle. Néanmoins, il est possible de procéder à certains changements de façon progressive au niveau de l’attention primaire, des interventions et des traitements médicaux. Le but serait de mettre sur un pied d’égalité les personnes dont le QI est différent.
Certaines mesures liées au facteur g peuvent constituer des variations faciles à mettre en œuvre :
- ne pas exiger un niveau de lecture basique
- préciser au patient ce qu’il doit faire ainsi que ce qu’il ne doit pas faire
- adapter les prescriptions à la compréhension de tous
- utiliser un vocabulaire simple ou omettre des informations redondantes
Des interventions personnalisées
En ce qui concerne les traits de personnalité, il faudrait personnaliser les interventions en fonction du niveau de chaque personne. Par exemple : ne pas donner des pastilles qui affecteraient la vie sociale d’une personne avec un haut niveau d’extraversion. Il s’agit là d’adapter la prise de médicaments à la personnalité de la personne. De la même façon, il ne faudrait pas prescrire des médicaments qui affectent la concentration à une personne avec un haut niveau de responsabilité.
Toutes ces mesures aideraient non seulement les utilisateurs des services sanitaires de façon appropriée, mais permettraient aussi d’améliorer ces services. Grâce à ces mesures, les services sanitaires peuvent devenir efficaces, rapides et bénéficier d’un pourcentage élevé d’adhérence au traitement. Si l’on connait les profils de personnalité et l’intelligence des utilisateurs d’un système, il est alors possible de lancer des campagnes de prévention mettant en avant certains comportements peu sains. Si l’on sait comment les personnes gèrent leurs informations, il est possible de savoir quelle est la meilleure façon de leur apporter une information.
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