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Les enfants dans l'ombre des super-mamans

6 minutes
Les enfants dans l'ombre des super-mamans
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

Mère, un mot très fort. Belle pour beaucoup, ayant de multiples significations, autour de laquelle grandissent des souvenirs, des valeurs, et bien évidemment, les enfants. Cependant, il s’agit d’un rôle connaissant certaines limites, car la personne qui l’exerce et franchit lesdites limites peut mettre en danger à la fois la mère et les enfants, rendant ces derniers dépendants et peu sûrs d’eux.

Nous ne prétendons pas ici écrire un nouvel article énumérant les choses que nous faisons mal, nous souhaitons simplement traiter des conduites et attitudes que nous pouvons mettre en oeuvre pour équilibrer notre rôle de mère, sans chercher à tout monopoliser et à tout contrôler, en laissant un espace pour que les aptitudes de nos enfants leurs permettent de relever des défis et les aident dans leur développement. Pour leur bien et pour le votre.

Je souhaite simplement le meilleur pour mes enfants

Ce message reflète l’un des axiomes régissant le comportement de nombreuses mères. Il s’agit d’un message ambigu car il résulte du désir des parents et ne tient pas compte des enfants en tant que personnes possédant des désirs et des nécessités propres. En ce sens, il ressemble au message qui dit “je veux seulement que mes enfants aient ce que je n’ai pas eu (qu’il ne leur manque rien)“.

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Chaque enfant est unique et possède des besoins spécifiques, des goûts et une personnalité propre, mais lorsque les parents, notamment les mères, possèdent des désirs et des fantasmes pour leurs enfants, il devient difficile de laisser ces derniers s’exprimer et d’écouter ce qu’ils ont à dire. Quel sport ou quelle activité extra-scolaire ils souhaitent faire, ce qu’ils veulent manger, comment ils veulent s’habiller ou ce qu’ils veulent étudier ou faire dans la vie.

Le rôle des mères est de soutenir et d’accompagner le développement de leurs enfants, non de désirer à leur place : ce qu’une mère considère comme étant le mieux ne l’ai pas forcément pour son enfant. Dans la mesure où ils sont jeunes, les enfants dépendent de leurs parents tant économiquement que d’un point de vue sentimental et affectif, ayant parfois pour conséquence qu’ils fassent passer la volonté de leurs parents avant leurs propres désirs.

 

Ecouter avant de décider

Les enfants, pour autant qu’ils paraissent petits et fragiles, disposent de goûts et de désirs très tôt. Leur donner des options et la possibilité de décider participe de cette caractéristique, fait qu’ils se sentent spéciaux et qu’ils sont sûrs d’eux tout au long du processus d’acquisition de leur autonomie. Les parents pensent savoir ce qui est le mieux pour leurs enfants, mais en décidant à leur place nous diminuons leur confiance en eux.

Nous pouvons impliquer les enfants dans la prise de décision dès leur plus jeune âge en leur offrant des options dites fermées telles que manger ou aller se coucher. Par exemple, choisir la variété de poissons qu’ils préfèrent ou les consulter lorsque nous procédons à certains changements, comme modifier la décoration de leur chambre. Dans l’hypothèse où ils ne peuvent décider, les informer et les faire prendre part aux décisions familiales, comme déménager ou changer de collège.

Autonomie = Confiance

Les mères voient systématiquement leurs enfants comme des êtres sans défense et il leur coûte énormément de favoriser leur autonomie. Toutefois, ne pas le faire peut générer des enfants dépendants, ne sachant pas faire les choses eux-mêmes ou bien qui savent faire les choses mais les font sans la moindre confiance en eux.

Nous pouvons favoriser l’autonomie des enfants dès leur plus jeune âge. La mise en oeuvre de cette démarche commence par ne rien faire de ce que l’enfant peut faire lui-même. Cela peut débuter à partir du huitième ou neuvième mois, par exemple, en recourant à la méthode du Baby-Led Weaning ou alimentation complémentaire à la demande.

 

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Une autre manière de favoriser l’indépendance de nos enfants est de les impliquer dans les taches ménagères : qu’ils nous aident à sortir les poubelles, à faire les lits ou à mettre la machine à laver, qu’ils prennent soin des animaux ou des plantes, voir même qu’ils participent à la préparation des repas ou au ménage, en fonction de leur capacités. Oui, ils peuvent généralement beaucoup plus que ce que nous imaginons.

Les enfants adorent participer et cela a pour incidence qu’ils se sentent utiles. Comme nous avons pu le voir précédemment, nous pouvons favoriser l’autonomie dès leur plus jeune âge. Cependant, si nous ne l’avons pas fait, il n’est jamais trop tard pour commencer. Nous vous assurons que cela fera que nous cesserons d’être leurs “gouvernant-e-s” et que nous élèverons des enfants capables de résoudre leurs problèmes, disposant d’une estime d’eux-mêmes plus importante et ayant davantage confiance en eux.

Sois quelqu’un dans la vie

Le monde actuel souffre de “diplômatite” et, en tant que parents, nous nous laissons largement influencer par ce phénomène, accordant plus d’importance aux études et aux notes de nos enfants qu’à d’autres expériences plus enrichissantes mais n’ayant pas d’incidence positive directe sur les notes obtenues. L’éducation et les études se convertissent en critère fondamental, en ce qui nous importe le plus de nos enfants.

Nous focalisons toute notre attention sur cette conception de l’éducation (très restreinte), nous les punissons ou nous disputons avec eux lorsqu’ils n’obtiennent pas les notes escomptées, faisons qu’ils passent leurs après-midi, leurs week-ends et leurs vacances à étudier. Par ailleurs, lorsque nos enfants échouent, nous recherchons un trouble cognitif ou un problème pour expliquer leur échec scolaire.

Afin d’éviter cela, les mères n’hésitent pas à sacrifier leur temps libre pour étudier ou faire les devoirs avec leurs enfants. Elles contrôlent qu’ils fassent leurs devoirs, les font même à leur place afin qu’ils obtiennent de bons résultats. Néanmoins, notre rôle consiste à leur offrir le temps et l’espace nécessaire ainsi que de  les aider à s’organiser convenablement, à leur donner du courage pour effectuer leur devoirs. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, les enfants doivent assimiler que les devoirs sont une responsabilité qui leur est incombe, qu’ils ont trois objectifs et qu’ils n’ont de sens que dans la mesure où ils l’acceptent :

  • Renforcer les connaissances acquises en classe.
  • Approfondir ce qui a été vu en classe.
  • Créer une routine de travail.
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Il est difficile de grandir avec nos enfants, de leur offrir peu à peu un espace leur permettant de grandir et de relever des défis sollicitant et stimulant leurs capacités. Cela est néanmoins nécessaire. Autant nécessaire que de leur procurer un foyer, de la nourriture ou des vêtements. En ce sens, une mère protectrice et gouvernante doit progressivement céder la place à une mère qui accompagne et encourage, qui donne son point de vue mais ne décide pas.

Ceci implique que nous devrons leur apporter notre soutien pour l’accomplissement de leurs rêves et de leurs objectifs, alors même que nous n’y sommes pas favorable. Peut-être ne seront-ils pas ceux que nous aurions choisi pour eux, mais ne perdons pas de vue qu’il s’agit de leur vie, non de la nôtre, et qu’en tant qu’adulte nous disposons d’un pouvoir énorme pour rendre cela merveilleux, mais également pour frustrer nos enfants. Ceci est en réalité le véritable sacrifice que l’éducation exige de nous en tant que parent.

 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.