Bonheur et plaisir : comment sont-ils liés ?
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Il y a autant de définitions du bonheur qu’il y a de gens. C’est comme si chacun d’entre nous avait un profil très spécifique. Dans lequel il y a de la place pour un ensemble très varié d’éléments. Façonnant précisément cette conjugaison particulière. C’est dans cet univers que bat le coeur du plaisir.
Nous pourrions comprendre le plaisir comme cette sensation -donc, un élément subjectif- associée au positif, à l’euphorie et qui, dans bien des cas, naît de la satisfaction d’un besoin ou d’un désir. C’est-à-dire que le plaisir serait étroitement lié au soulagement mais aussi à l’ambition.
De plus, le plaisir présente une autre particularité : certains la définissent comme l’absence de douleur. Et pourtant, il y a beaucoup de gens qui semblent aussi trouver du plaisir dans la douleur : il s’agit du sadomasochisme.
Une association beaucoup plus présente qu’on ne le pense. Par exemple, il n’est pas rare de voir la douleur dessinée sur le visage de nombreux athlètes. Et pourtant c’est une sensation qu’ils apprécient. On pourrait donc préciser un peu plus et dire que le contraire du plaisir serait la douleur. Mais la douleur incontrôlée. Celle que la personne ne peut réguler/arrêter.
Quelque chose de semblable se produit avec la peur. Beaucoup de gens sont capables de profiter de cette émotion lorsqu’ils savent à l’avance que ce qui arrivera n’aura pas de conséquences dans la vie réelle. Comme cela peut arriver dans un livre ou un film. Le plaisir naît ainsi de la “tromperie” du cerveau.
Le bonheur
Une chanson du groupe La Oreja de Van Gogh nous dit que le bonheur est un bon maquillage du sourire. Cela reflète le fait que dans notre société, dans une large mesure, le bonheur est peut-être devenu un objet de consommation de plus. Il semble avoir un prix assez élevé. Pour l’atteindre, nous serions obligés de devenir des personnes que nous ne sommes pas réellement.
Il s’agirait donc de faire partie d’un mouvement qui nous adapte peut-être à la société. Mais qui nous dénature aussi un peu. Ainsi, nous ressentons de plus en plus de mal-être en travaillant de plus longues heures. Et en acceptant de mauvaises conditions de travail, afin de payer les activités que nous avions l’habitude de faire gratuitement auparavant. Ou pour lesquelles la communauté nous aidait. Nous parlons ici, par exemple, de faire la cuisine. De réaliser des travaux dans la maison. Ou de s’occuper des plus petits ou des plus vieux.
Les études nous disent que cet état que l’on pourrait qualifier de bonheur se réalise par l’équilibre, la bonne gestion des désirs, la bonne organisation de la pyramide des besoins et un contact social significatif. Ce contact social semble aussi suivre une règle : moins il est coûteux, moins il semble avoir du sens pour nous.
Ne vous inquiétez pas, nous allons traduire. Un contact social qui exige un faible investissement de ressources serait, par exemple, une conversation téléphonique sur le canapé. Un contact social qui exige un investissement considérable serait celui dans lequel nous devons nous déplacer et pour lequel nous allons en quelque sorte nous isoler.
De plus, un véritable état de bonheur change notre regard sur le monde. Cela nous oblige à nous interroger sur un dilemme : “Que pouvons-nous donner ?” face à “Qu’est-ce que les autres peuvent nous donner ?“. Cette situation laisse derrière elle notre dimension d’êtres dans le besoin pour devenir des êtres qui peuvent aider à répondre aux besoins.
Le plaisir
Ce qui peut peut-être nous aider à définir plus facilement la différence entre bonheur et plaisir est que ce dernier a un circuit neuronal beaucoup plus simple, voire primitif. Cela favorise, entre autres conséquences, que le plaisir peut être très destructeur. Nous parlons ici, par exemple, des dépendances. Nous devons réfléchir au fait que, d’une certaine manière, le plaisir ne cesse de renforcer une manière de couvrir un besoin. Quel que soit ce besoin. C’est notamment le cas d’une personne qui a besoin de fumer quand elle sent que son anxiété augmente.
D’autre part, le bonheur semble être l’horizon qui répond à cette agitation de l’être humain qui va au-delà de sa propre adaptation à l’environnement. Cela a aussi beaucoup à voir avec sa propre adaptation/acceptation de ses caractéristiques.
Il ne s’agit pas tant de vivre plus longtemps ou d’obtenir un plus grand succès que les autres. Non. Il s’agit aussi de concentrer notre attention sur notre façon de vivre ou de nous reproduire. Pour parler de cette réflexion, nous incluons habituellement le préfixe “méta”. Par exemple, penser à la façon dont nous pensons (évaluer la qualité de notre pensée) façonne notre méta-pensée.
Maintenant que nous connaissons dans une large mesure le danger du plaisir, il est plus aisé de comprendre que le bonheur repose dans une large mesure sur la gestion que nous faisons de ce plaisir – biologiquement, on pourrait dire, de la libération et de la recaptation des neurotransmetteurs associés. Ainsi, par exemple, la meilleure façon de satisfaire un besoin n’est pas toujours la plus confortable, la plus rapide et la plus économique.
Comprendre ce paradoxe et l’appliquer dans notre quotidien est d’autant plus difficile que, dans l’état nature, lorsque nous étions dans notre forme la plus primitive, nous n’avions quasiment pas besoin de nous imposer des limites. Cela exige une évolution personnelle, qui nous permet de nous adapter aux évolutions de notre propre société. Avec l’apparition des supermarchés et de la consommation de masse, nous pouvons désormais consommer en grandes quantités des produits que nous ne pouvions pas nous procurer il n’y a de cela que quelques décennies auparavant.
Ainsi, le bonheur est passé d’une rencontre intime avec le plaisir à l’inclusion d’un troisième élément. Une maîtrise de soi qui nous empêche de finir prisonniers d’un plaisir obtenu d’une certaine manière. Alors que nous enterrons notre propre eudémonisme.
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