Aristote et le bonheur comme but ultime de la vie humaine

Cela fait plus de 2 000 ans que les philosophes réfléchissent à des questions que nous nous posons encore aujourd'hui. L'une d'elles concerne le bonheur de la communauté et de l'individu.
Aristote et le bonheur comme but ultime de la vie humaine
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 12 mars, 2023

Tout le monde veut être heureux, mais qu’est-ce que le bonheur ? Aristote a déjà soulevé cette question il y a des siècles et, dans cet article, nous allons passer en revue certaines des conclusions auxquelles il est parvenu.

Dans l’Éthique à Nicomaque, il construit sa théorie sur le bonheur et la bonne vie. Cette œuvre appartient à l’éthique, une branche de la philosophie qui pose des questions telles que : qu’est-ce que le mal ? Qu’est-ce que le bien ? Comment agir correctement ? Comment vivre heureux malgré les vicissitudes de l’existence ?

À cette occasion, nous allons nous plonger dans l’éthique d’Aristote : une ligne de pensée qui est toujours valable aujourd’hui.

Qu’est-ce que le bonheur selon Aristote ?

Le bonheur est un concept central dans l’éthique d’Aristote. Dans son Éthique à Nicomaque, le philosophe soutient que le bonheur est le but ultime de la vie humaine. Que veut-il dire par là ?

Toute action humaine est composée de moyens et de fins. Par exemple, si notre fin est de manger (nous avons faim), alors les moyens seront toutes ces actions que nous menons pour satisfaire notre besoin. Il peut s’agir de : penser à ce que nous voulons manger, réfléchir aux ingrédients dont nous avons besoin, les acheter, cuisiner, etc.

Or, selon Aristote, il y a une fin ultime dans la vie humaine. Cela signifie qu’il y a un point vers lequel pointe l’ensemble des moyens et des fins que nous avons menés tout au long de notre vie. Si nous demandons à un vieil homme si sa vie est heureuse, sa réponse inclura toutes les actions qu’il a réalisées tout au long de son existence.

Il est important de souligner que, pour Aristote, les jeunes ne peuvent pas aspirer au bonheur comme le propose le philosophe puisqu’il n’est possible d’y accéder que par la pratique et l’expérience. Les enfants et les jeunes sont dans une phase antérieure, où l’apprentissage domine ; plus ils accumuleront d’expérience, plus ils seront proches de la réalisation du bonheur, entendu comme le but ultime de la vie.

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Pour Aristote, le bonheur est possible à travers la pratique et l’expérience.

Vertu et bonheur chez Aristote

La vertu chez Aristote est un autre concept important puisqu’en y aspirant, nous pourrons atteindre le bonheur. Il entend par vertu la réalisation optimale ou excellente d’une fonction ou d’une action. Et ces actions sont les habitudes de notre caractère, c’est-à-dire que ce sont ces actions qui font de nous des personnes vertueuses. Seules ces habitudes de caractère peuvent être considérées comme bonnes ou mauvaises.

Par conséquent, selon Aristote, le bonheur est un état de bien-être complet qui s’obtient par la pratique de la vertu. Il est complet parce qu’il a seulement besoin d’elle pour que la vie ait une valeur en soi.

La vertu s’obtient par la pratique et l’habitude, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un exercice. Aristote dit que nous ne naissons pas vertueux mais que nous le devenons. Ainsi, pour le philosophe, le bonheur n’est pas quelque chose qui s’obtient par hasard, mais le résultat d’un effort constant et soutenu.

Vertus éthiques

Les vertus éthiques, c’est-à-dire l’excellence de notre caractère, sont dans une tension continue entre la volonté et la raison. Il ne faut pas oublier que, pour Aristote, la fonction de l’homme qui le différencie des autres espèces est la raison ou la pensée. Mais nous savons que nous ne sommes pas seulement des êtres doués d’intelligence : nous avons aussi des désirs ou des passions.

Pour cette raison, il est important de souligner le rôle de l’habitude dans le chemin des vertus éthiques et du bonheur, puisque nous ne forgerons pas des actions ou un caractère vertueux d’un seul coup. Ainsi, la raison doit réguler les désirs pour atteindre la vertu. Comment y parvenir ? À travers un autre concept d’Aristote : le point médian ou juste milieu.

Point médian et atteinte du bonheur

Aristote soutient que la vertu est l’équilibre entre deux extrêmes. L’excellence du caractère s’atteint lorsque l’on trouve la bonne harmonie entre ces extrêmes, dont l’un est l’excès et l’autre le manque. Par exemple, la modération est le point médian ou l’équilibre entre son excès, qui est le libertinage, et son défaut, qui est la privation.

Plus nous nous efforcerons d’avoir un caractère équilibré, plus nous nous dirigerons vers le juste milieu et éviterons les extrêmes. Ce n’est qu’à travers la mise en œuvre d’actions que nous pourrons apprendre et acquérir des vertus éthiques ; en d’autres termes, si nous voulons être justes, nous devons faire des actes justes.

Volonté et choix

Aristote considère que les actions qui comptent sont celles que les personnes accomplissent en faisant pleinement usage de leur liberté et en pleine connaissance des circonstances dans lesquelles elle se développe. Si quelqu’un fait quelque chose sous la contrainte, cette action n’est pas moralement pertinente.

D’autre part, en plus de l’habitude, sur quoi se base le point médian ou juste milieu ? Sur le choix, qui est le fruit d’une délibération ou d’une réflexion. Ici encore, les moyens et les fins ont un rôle important puisque pour une fin donnée, on évalue les meilleurs moyens de la réaliser. Ainsi pensé, on peut le considérer comme un plan d’action qui, dans son ensemble, nous conduit sur le chemin du bonheur.

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Sur le chemin du bonheur, la volonté et la liberté sont importantes.

Communauté et bonheur selon Aristote

Aristote soutient que le bonheur n’est pas quelque chose qui peut s’atteindre de manière isolée, mais qui fait plutôt partie intégrante d’une vie bien vécue en communauté. Par conséquent, le bonheur de l’ensemble importe, et pas seulement le bonheur de l’individu isolé. La vertu est essentielle pour vivre en harmonie avec les autres, et le bonheur s’obtient lorsque l’on vit dans une communauté vertueuse.

À tel point qu’actuellement, les investigations sur l’Éthique à Nicomaque ont été reprises pour réfléchir à la façon dont la philosophie d’Aristote peut nous aider à penser non seulement à la communauté, mais aussi à l’éducation. Parce que, comme nous l’avons mentionné précédemment, le bonheur de l’individu isolé n’a pas autant d’importance que le bonheur de la communauté.

Par conséquent, on mise sur une éducation aux vertus dans laquelle la prudence prédomine en tant que vertu prédominante.

Ainsi, pour Aristote, le bonheur est le but ultime de la vie humaine et s’obtient par la pratique de la vertu. La vertu, elle, s’obtient par la pratique et l’habitude. De plus, des choix rationnels et intelligents pour l’exécution des fins façonnent un caractère vertueux. Dans le même ordre d’idées, le bonheur se définit comme un état d’équilibre et de moyenne, ajouté au fait qu’il est essentiel de vivre en harmonie dans une communauté vertueuse.

Cette explication est probablement assez éloignée du concept actuel, quelque peu impatient, du bonheur. Pour certains, il peut s’agir d’obtenir des biens matériels ; pour d’autres, d’éviter certaines sensations comme la douleur.

Comme nous l’avons vu, Aristote a sa propre idée du bonheur. Même s’il l’a formulée il y a très longtemps, nous pouvons la conserver à l’esprit et en garder ce que nous voulons, ce qui nous rendra plus heureux, dans notre propre définition de bonheur.


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