En amour, il y a celleux qui utilisent une loupe alors qu'iels auraient besoin d'un miroir

En amour, il y a celleux qui utilisent une loupe alors qu'iels auraient besoin d'un miroir

Dernière mise à jour : 10 juin, 2020

En amour, il y a des personnes qui agissent comme de véritables snipers. L’une de leurs stratégies les plus communes est d’utiliser une loupe pour examiner l’autre, pour signaler ses défauts, ses erreurs et ses supposés points fragiles, au point de l’invalider. C’est le paradigme du lâche, de la personne qui ne comprend pas qu’en amour, plutôt que d’une loupe on a besoin d’un miroir.

Dans les relations affectives, personne ne peut brandir le drapeau de la sagesse absolue. La plupart des gens entourent leur précipice d’erreurs avec toute une armada de rêves et d’espoirs. Ils font alors naufrage dans l’océan des amours impossibles et également dans celui des passions lâches, celles qui n’ont pas osé tout donné par peur ou par simple indécision.

“Le comportement est un miroir dans lequel chacun montre son image.”

-Goethe-

À présent, il y a un type de relation qui fait plus de ravages que n’importe quelle autre, et c’est celle où l’un-e des membres du couple -parfois même les deux- agissent comme de véritables destructeurs d’identité. Ce sont ces profils qui focalisent leur attention sur tout ce qui ne leur plaît pas ou les gêne de leur conjoint dans le but de le chosifier, de le ridiculiser et de le contrôler. Ils font cela car c’est ainsi qu’ils prennent les rênes, ainsi qu’ils parviennent à maquiller leur estime d’eux-mêmes blessée.

Presque sans nous en rendre compte, nous sommes attrapé-e-s dans une roue de hamster où l’inertie nous entraîne, nous dilue et nous attrape advitam eternam dans une dangereuse dynamique de malheur. Une dynamique dans laquelle celui/celle qui tient la loupe dans sa main est incapable de se regarder face au miroir pour découvrir ses puits sans fonds, ses abîmes d’immaturité.

La complexe survie de l’amour : tout est de la faute de l’autre

Howard Markman est professeur de Psychologie à l’université de Denver et l’un-des chercheurs les plus connus dans les relations de couple. Dans le monde éditorial, il y a un grand nombre de ses travaux qui illustrent avec précision et originalité beaucoup des problèmes affectifs qui ont lieu dans le cadre du banal et du quotidien.

L’une des idées les plus intéressantes que le docteur Markman nous explique est que la plupart des gens qui se rendent à une thérapie de couple y vont convaincues que toute la responsabilité de leurs problèmes et le malheur vient du conjoint. De même, ils entretiennent la croyance que le/la thérapeute va réussir à les “assainir” ou plus concrètement, à “guérir” ce comportement erroné que le conjoint a. Ce qu’ils attendent souvent du/de la thérapeute, c’est qu’iel leur donne raison et qu’iel tire les oreilles de leur conjoint pour son mauvais comportement.

À présent, derrière un problème de couple, il n’y a souvent pas de problème de santé mentale, mais plutôt de dynamique relationnelle. Une dynamique que les deux personnes ont construite et installée.

Pour le docteur Howard Markman, les plaintes qui arrivent en consultation en lien avec le couple sont souvent aussi liées à des carences déterminées en éducation émotionnelle et en compétence psychologique. Ainsi, ce qu’il propose, c’est d’introduire très tôt une matière spécifique appelée “psycho-éducation” dans les écoles.

La finalité de la psycho-éducation aurait pour objectif de nous apporter des stratégies, des outils et des habilités pour être capables de nous aider nous-mêmes. Il s’agirait donc d’apprendre à se mettre devant un miroir pour identifier ses propres peurs, ses insécurités, et pas moins important, à démolir tous ces rôles rigides et schémas de genre que la société nous impose.

Nous ne pouvons pas oublier, par exemple, qu’en termes d’amour, il y a celleux qui se laissent embarquer par des schémas pré-fabriqués, voire même hérités de leur propre famille, dans lequel “Il vaut mieux se taire et supporter un peu plus” ou encore “S’iel fait ceci ou cela, c’est qu’iel ne m’aime pas, donc je m’énerve et je m’impose de tout contrôler.”

Il s’agit, en essence, d’asseoir les bases d’une bonne qualité humaine et de connaissance de soi pour prendre soin de soi-même et apporter ainsi notre meilleure version et forces aux relations de couple.

L’amour ne guérit pas si on ne s’aime pas

Dans ce tissu riche, complexe et toujours en croissance, qui forme les relations affectives, il y a toujours un petit réservoir pour les conflits. Au lieu de les voir comme quelque chose de négatif -comme le virus qui peut donner lieu à une maladie-, nous devons les accepter comme un moteur qui nous permettra de mieux nous connaître pour créer un lien beaucoup plus fort, un tissu plus résistant.

“L’amour nous pousse à avoir la foi en les autres et le même respect que l’on a pour soi.”

-Mahatma Gandhi-

Les conflits mettent en mouvement les fibres les plus sensibles de notre être, nous le savons, mais souvent nous le faisons en utilisant la loupe des supposés défaut de l’autre de manière quasiment obsessive, délirante. Nous le faisons sans être conscient-e de notre “quota” de responsabilité émotionnelle, sans nous rendre compte que parfois, nous avons tellement froids dans ce monde que nous cherchons une personne qui soit notre combinaison, un refuge sans fissures, une seconde peau capable de guérir toute blessure.

Cependant, il faut savoir que cette formule ne fonctionne jamais. Car quiconque agit aussi comme un “donneur”, qui se sent utile uniquement quand il est nécessiteux, est ancré dans une relation dépendante, attaché à cette roue de hamster dont nous parlions au début, là où manquent le souffle, la vie et la dignité. Car quiconque n’est là que pour offrir vivra toujours sous cette loupe exigeante qui cherche la perfection absolue pour nourrir des vides et les besoins des autres… Et pire encore, il ne se sentira jamais satisfait.

Ne le permettons pas, mettons-nous tou-te-s devant le miroir pour nous retrouver avec nous-mêmes et avec notre estime de nous-même. Ne nous laissons pas entraîner vers ce territoire où la condition d’être aimé-e est son propre malheur.

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